La fouille de l’escalier des matines s’achève avec son lot de surprises et de questionnements renouvelés.

L’escalier d’origine est daté du XIIIème siècle. Il est ainsi plus tardif que la construction de l’église qui elle se situe au milieu de XIIème siècle. Il est probable que les premiers moines de Sénanque aient utilisé un escalier provisoire en bois, dans l’attente de bâtir l’escalier définitif.

Mais alors que le déblaiement se poursuit, les outils raisonnent contre une maçonnerie. Dégagé avec beaucoup de précautions, apparaît un dallage soigné, finement taillé. Le massif de l’escalier repose sur celui-ci mais plus intriguant encore les fondations même de l’église prennent appui sur ce pavement !

Cette vision modifie notre idée de la fondation de Sénanque et nos archéologues se prennent à rêver à des vestiges antiques ou du Haut-Moyen Age sur lesquels l’abbatiale serait bâtie. Edifice gallo-romain, chapelle, oratoire ?

Autre hypothèse avancée : un repentir architectural des premiers fondateurs de Sénanque. La datation en cours du mortier du dallage nous apportera certainement des réponses parcellaires à ces questions.

Au XIIIème siècle, la voûte de l’escalier est fermée par une étroite cloison. Les vestiges de la porte ménagée contre le mur du dortoir et permettant d’accéder sous l’escalier sont encore visibles : les parements témoignent de l’emplacement du linteau et des gonds. En hauteur apparaît l’engravement de la rampe pourvue d’une main courante de forme arrondie.

L’escalier de l’abbaye d’Aubazine ( Corrèze ) nous laisse entrevoir ce à quoi pouvait ressembler l’escalier disparu de Sénanque.

800 ans après leurs prédécesseurs, de nouveaux compagnons élèveront bientôt un escalier des matines à Sénanque.

Très belle semaine Sainte à vous. Nos prières vous accompagnent en ces temps d’épreuve.

 

© Py Rinquin – Abbaye ND de Sénanque