Homélie de la Solennité de Saint Pierre et Saint Paul – Mardi 29 juin 2021 – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés, le Seigneur, notre Dieu Créateur et Rédempteur de l’homme, veut sans cesse nous rejoindre. Il nous a créés pour entrer dans un mystère de relation, une relation qui se veut une alliance où chaque partie accueille l’autre, accepte l’autre, et dit son « oui ».

Le Seigneur nous rejoint par sa Présence d’immensité : partout dans l’univers, nous pouvons rejoindre Dieu. Dieu est partout puisqu’Il maintient les créatures dans l’être ; cela se distingue du panthéisme où Dieu serait dans les choses en tant que telles ; mais il y a une idée juste dans le panthéisme, c’est que : il y a une présence de Dieu mystérieuse ; et cette Présence vient par l’Acte créateur qui est continué et qui maintient l’univers, le cosmos et chacun de nous dans l’être.

Donc, nous pouvons rejoindre Dieu partout ; nous pouvons le rejoindre au plus profond de soi-même ; de revenir à nous, non pas à notre égo, mais au centre au plus profond de notre être, qui n’est pas un centre géographique, mais un centre ontologique, un centre métaphysique, où Dieu continue de nous créer et nous pouvons le rejoindre constamment jour et nuit (quand nous avons un peu plus de liberté intérieure) et bien de revenir dans cette Présence.

Et c’est là où le baptême est venu nous recréée !

Le Seigneur vient nous rejoindre aussi par son Église, par le Mystère de son Église. Le mot « Église » voulant dire « assemblée » (Ecclesia : assemblée). Et cette Église est le peuple de Dieu.

Ce peuple de Dieu n’est autre que les hommes et les femmes d’aujourd’hui et de tous les temps, qui s’ouvre par la foi à la Présence de Dieu. La foi est cette ratification à l’appel de Dieu. Le fait de dire que Dieu existe, ne suppose pas la foi ; l’intelligence humaine peut dire qu’il y a un être suprême, supérieur (les païens disaient ça) qui gouverne l’univers ; mais pour le croyant, cet Être suprême qui est réel, qui est personnel, est un Être avec qui je peux rentrer en relation. Dieu n’est pas simplement dans le Ciel, Il est présent dans notre monde, dans notre cœur et dans l’histoire du monde.

L’Église est ce lieu, cet état, on pourrait dire, où Dieu vient rejoindre l’homme. Il vient pour le solliciter afin de rentrer en communion avec lui. L’Église n’est pas une association, n’est pas une institution parmi d’autres, internationale – qui est pas trop mal gérée – n’est pas un club de gens très bien auquel il faudrait adhérer et pour obtenir la carte, ce serait très difficile… non ! L’Église est l’humanité recréée, ouverte à tous. Il n’y pas de cachot dans l’Église, il n’y a pas de loge, il n’y pas de gnose. L’Église a une doctrine et se réfère à son Fondateur qui est le Principe de sa vie, qui n’est autre que Jésus de Nazareth, vrai Dieu et vrai homme, mort et ressuscité pour donner l’Esprit Saint, la vie, à toute l’humanité à travers le temps et l’histoire.

L’Église est donc l’instrument de Dieu, qui à travers l’histoire humaine et l’espace, vient rejoindre chaque être humain pour entrer en communion avec Lui, de manière explicite par son Fils Jésus Christ, dans l’Esprit Saint. L’Église est donc la communion de ceux et celles qui croient en Jésus, vrai Dieu et homme, et qui vit de sa propre Vie.

L’Église est Vie ! L’Église est un feu disait le patriarche Athénagoras ; c’est un feu ! (qui devrait être un feu pour tous les fidèles) ; c’est un feu qui vient nous embraser et qui répond à ce désir de Jésus : « Je suis venu sur la terre pour allumer un feu et comme il m’en coute d’attendre que ce feu soit allumé ».

C’est le feu de l’amour divin communiqué à l’humanité, et c’est la soif de Jésus sur la Croix. Quand Jésus dit « J’ai soif ! », bien sûr Il avait soif physiquement, mais Il avait soif de répandre ce feu de la miséricorde sur l’humanité.

Et l’Église est donc ce lieu où la Trinité se rend présente, où on peut être en communion avec la Trinité de manière explicite à travers la foi, l’espérance et la charité. Ces trois vertus théologales qui nous font toucher Dieu tel qu’Il est.

Nous sommes invités en ce jour où nous fêtons St Pierre et St Paul, à revisiter et revivifier en nous notre relation à l’Église, qui n’a pas une fin en elle-même, mais qui conduit à la plénitude du Royaume de Dieu. L’Église est comme le sacrement général du Salut qui conduit à Dieu.

Et cette Église est Corps du Christ, puisqu’à travers l’Eucharistie, la vie du Christ se répand dans ses membres et dans toute l’humanité de manière silencieuse, de manière amoureuse mais de manière efficace. Le Bien ne fait pas de bruit, le Mal fait beaucoup de bruit et divise ! L’Esprit Saint unifie, pacifie.

L’Église aussi est comparée par Paul à une épouse, image nuptiale, le Christ époux de l’Église. Elle est là pour répondre à son Époux. Et chacune des âmes, chacun des membres de l’Église est là pour adhérer de manière personnelle à l’appel que Jésus lui adresse.

Et de manière mystérieuse, le Seigneur Jésus a voulu que nous puissions participer à la rédemption du monde en nous donnant nous-mêmes. Le Salut est absolument gratuit et nous n’apportons rien au Salut, c’est le Seigneur qui a sauvé l’humanité !

Et de manière paradoxale, le Seigneur veut que nous participions à ce Salut.

Nous sommes invités donc aujourd’hui à nous ouvrir davantage à ce Mystère de l’Église. L’Église qui est notre mère, qui nous enfante à la vie surnaturelle, à la vie dans l’ordre de la grâce ; et qui nous introduit dans cette vie trinitaire. Mais cette vie trinitaire qui nous ouvre aussi à la mission – non pas pour faire de nouveaux adhérents – mais pour que les hommes et les femmes d’aujourd’hui reconnaissent, naissent à nouveau, à cette connaissance de l’Amour de Dieu pour eux.

Un être humain est pleinement « être humain » quand il se sait aimer et peut aimer. C’est le nœud fondamental de toute vie humaine ; et le Seigneur vient nous chercher et nous manifester son Amour, qui est un Amour de miséricorde puisque nous sommes pécheurs, cabossés.

Et nous sommes là ! L’Église est un grand hôpital pour remettre les gens en place.

L’Église n’est pas composée de gens toujours exemplaires… Et nous sommes invités à prier pour ceux qui dans l’Église ont déraillé, afin que chaque membre de l’Église puisse être un témoin rayonnant, lumineux, véridique, authentique, de cet Amour de Dieu.

Et dans le Mystère de l’Église, le rôle de Pierre et de ses successeurs, est tout à fait singulier. L’évêque de Rome, parce qu’il est évêque de Rome, est le Pape (voulant dire le père) ; et le Pape a un charisme particulier : c’est un homme comme les autres, mais qui est évêque de l’Église catholique, qui a ce charisme de conduire le peuple de Dieu, selon le Cœur de Jésus, dans son ministère.

Donc, nous sommes invités de prier pour le Saint Père aujourd’hui et aussi de rendre grâce à cette invention divine, où nous sommes conduits les uns par les autres pour arriver au Royaume de Dieu. Dieu a voulu que le Salut nous soit donné les uns par les autres. Nous ne nous sauvons pas tous seuls ! Nous ne sommes pas là tous seuls sur la planète, y compris au niveau de l’ordre surnaturel.

Nous sommes invités à remplir la vocation et la mission que Dieu nous a données et d’accompagner nos frères et sœurs, comme nous-mêmes nous sommes accompagnés, pour nous diriger vers Dieu.

Je crois à ce grand mystère, à la fois au niveau humain, anthropologique, au niveau ecclésial, au niveau surnaturel, et dans la mystique baptismale, de recevoir le Salut où Dieu vient à nous mais Il passe toujours par les autres.

La vie sacramentelle nous est toujours donnée par les autres. Nous recevons et nous donnons.

Alors, rentrons dans cette grande dynamique de la vie ecclésiale du Don reçu et partagé, et rentrons dans cette danse trinitaire.

 

Historique de nos Homélies

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