Chers frères et sœurs, nous venons de l’entendre : Jésus meurt pour le peuple.

Le mystère de la fonction « vicaire », qui est le contenu le plus profond de la mission de Jésus, apparait ici. Nous le chantons chaque dimanche dans le Credo : « Crucifié pour nous sous Ponce Pilate, il souffrit sa passion et fut mis au tombeau » ; et chaque jour lors du récit de l’institution de l’Eucharistie dans la Messe : « Ceci est mon corps livré pour vous ».

St Bernard dit que Jésus n’a pas seulement consenti à être offert mais il s’est offert parce qu’il l’a voulu. Redisons-le : la Passion de Jésus est un acte parfait d’amour. Cela serait impie de penser que le Christ souffre pour satisfaire son Père ; comme si le Père se réjouissait de voir son Fils souffrir ! La Passion de Jésus ne paie pas un tarif au Père, cependant il faut garder toute sa force aux Évangiles, lorsqu’ils mettent sur les lèvres du Christ cette parole : « Le Fils de l’homme va être livré… et donner sa vie en rançon pour la multitude ». Le curé d’Ars disait que Jésus aurait pu sauver le monde rien qu’en baissant les yeux devant son Père, mais il a voulu être l’homme des douleurs, l’homme de toutes les douleurs ».

St Bernard a forgé cette expression merveilleuse : Dieu ne peut pas souffrir mais il peut compatir… Dieu le Père…

La compassion divine est, pour le Père, sa façon à lui de souffrir. En Dieu, il existe quelque chose de semblable à la souffrance du Christ mais ce « quelque chose » est le contraire de la souffrance humaine. Comment cela ? Probablement, parce qu’en Dieu, ce que nous appelons la souffrance est le revers de l’Amour. Or, nous savons qu’il n’y a pas d’amour sans souffrance. Parce que le Fils aime son Père, il souffre ; parce que le Père aime son Fils, il souffre… mais il souffre de façon divine.

Si la Passion que nous venons d’entendre dans l’Évangile de Jean est le propre du Fils incarné, du Verbe fait chair, cette Passion appartient aussi au Père, en vertu de l’union des Personnes divines entre elles.

Dieu ne souffre que dans la mesure où il l’a voulu en s’exposant librement aux offenses de ceux qu’il a désiré aimer. La souffrance de Dieu notre Père, est l’expression de sa liberté. Dieu n’est pas atteint par la souffrance de façon passive comme celui qui subit, mais librement il se laisse atteindre par elle par amour, et uniquement par amour des hommes. Il ne souffre pas comme les créatures d’un manque d’être, il souffre par et dans son amour qui est la surabondance de son Être.

Ste Catherine de Sienne disait que c’est l’amour qui a fixé le Christ sur la Croix et non pas les clous !

Que l’Esprit Saint nous donne d’entrer avec foi en ces jours dans le grand Mystère de la compassion divine. Amen !

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