Homélie Le Saint Sacrement — Solennité – Dimanche 19 juin 2022 – Année C

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs,

La fête du très Saint Sacrement cherche à nous faire pénétrer un peu plus le mystère de l’Eucharistie que nous honorons chaque dimanche dans le cycle trisannuel des lectures que l’Église nous propose.

Cette fête est née au 13ème siècle, à partir d’une prise de conscience plus vive des chrétiens fidèles, de la valeur de cette Présence si particulière de leur Seigneur et Sauveur au milieu d’eux. Ils vont redécouvrir ce trésor relégué souvent à une résidence passive dans les églises. Pour nous aujourd’hui, surtout depuis Vatican II, nous devons être convaincus que la Présence eucharistique constitue sous sa forme sacramentelle, l’aboutissement permanent de l’Incarnation rédemptrice, à laquelle nous sommes continument renvoyés dans notre vie de chrétien. C’est là que Dieu souhaite nous rencontrer, et nous rejoindre intimement ! Là, qu’Il veut nous sustenter de sa manne divine, parce qu’Il désire assouvir la faim profonde du monde entier, en vue de sa transformation finale. Le Christ, Fils de Dieu, en effet n’a pas hésité à s’offrir à l’humanité affamée, comme nourriture céleste où Dieu va jusqu’à se donner en personne d’une façon apparemment méprisable mais prodigieuse !

« Levant les yeux au ciel, Jésus bénit et rompit les pains et les poissons ; Il les donna à ses disciples pour qu’ils les distribuent à tout ce monde ».

Ce monde qui est venu de loin pour entendre ses paroles de vie. Lorsqu’Il opère ce miracle, il est certain que Jésus pense déjà et avant tout à la faim spirituelle qu’il va apaiser en faveur de son peuple nouveau. La multiplication des pains et des poissons dans les évangiles synoptiques prophétise la nourriture eucharistique, comme en témoigne par ailleurs le discours du Pain de Vie en st Jean : en déclarant au scandale de beaucoup « qu’Il donnera la chair du Fils de l’homme et son sang à boire », il répond de fait à ce que qu’il y a de plus foncier dans la faim et la soif des hommes : le désir d’une vie d’éternité et de bonheur en relation immédiate avec leur Créateur. Ce Créateur qui se fait Médiateur par le libre fiat d’une Vierge immaculée.

Cependant, pour faire comprendre quelle importance Il attribue à cet engagement éminent de le suivre dans une amitié irréversible, Jésus réclame une adhésion de foi inconditionnelle en la promesse envers cette nourriture étrange, scandaleuse et merveilleuse, permettant de vivre avec Lui, à la fois en communion personnelle et collective en Église.

L’amour, qui avait inspiré la venue du Fils de Dieu dans le monde, pourra atteindre par-là, à travers la Croix, ses dimensions les plus extrêmes. C’est par cette offrande sacrificielle que le Christ allait pourvoir une fois pour toutes à ce dessein salvifique, et déifique, Il saurait la redonner sans cesse et la faire pénétrer dans la vie intime de tous ceux qui croient en sa Parole, afin de leur communiquer, avec sa dimension de renoncement de soi, son énergie toute spirituelle, pour que chacun puisse vivre divinement l’existence quotidienne.

L’Eucharistie en dehors de sa célébration cultuelle, doit pouvoir s’établir au niveau de notre mémoire affective et devenir un mémorial vivant, permanent, dans le silence du cœur au milieu même de nos occupations ; ce qui exige le prolongement du désir de cette Présence adorable, une attention particulière durant l’assistance de la commémoration liturgique, et une certaine retenue intérieure dans le déroulement de nos activités journalières, produites toujours nous l’espérons, à la louange de la gloire de Dieu trois fois Saint.

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