Homélie du mercredi des Cendres
26 février 2020 – Année A
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, le Carême, ses quarante jours, la Quarantaine Sainte, nous sont donnés par l’Église pour vivre avec intensité le Mystère pascal de Jésus.
Ce qui est le centre du Carême, c’est la Personne du Christ. Et afin de nous préparer à célébrer avec ferveur et authenticité dans notre vie, dans notre cœur, et par notre vie, la Passion, la mort, la sépulture et la Résurrection glorieuse du Seigneur Jésus.
Le Saint Carême résume et intègre la symbolique du chiffre quarante à travers toute la Bible : les quarante jours de jeûne de Jésus dans le désert, poussé par l’Esprit, Il alla au désert pour être tenté par le Diable. Mais aussi les quarante jours de Noé, le déluge. Les quarante jours renouvelés deux fois de Moïse sur l’Horeb, appelé aussi le Sinaï. Les quarante jours de Jonas, afin que les habitants de Ninive se convertissent. Les quarante jours d’Elie, sa marche dans le désert pour aller à la montagne de Dieu, le Sinaï. Les quarante ans du peuple Hébreu dans le désert après la traversée de la Mer Rouge, que l’on remémore chaque jour, du moins dans notre liturgie, à Vigiles dans le psaume 94. Les quarante ans de règne de Saül choisi par Dieu, et les quarante ans du roi David comme roi sur Israël, 33 ans sur Israël, sept ans sur Juda. Etc…
La vie de Carême est en fait la vie ordinaire du chrétien ; et la synthèse, la mise en marche normale du baptisé, c’est-à-dire : le don total à Dieu dans une communion permanente dans l’accomplissement de la volonté du Seigneur.
Mais le Carême de l’Église a deux caractéristiques : tout d’abord le fait d’être en marche tous ensemble, d’être une démarche de toute l’Église. Non seulement chacun de ses membres, mais tous ensemble, nous nous mettons en route vers le Seigneur pour se purifier, se convertir, être en état de conversion permanente. Il y a des régiments qui sont en alerte permanente.
Et bien, le chrétien doit être en conversion permanente, c’est jamais fini. Évidemment il y a des étapes fondamentales dans la vie, des orientations qui orientent toute la vie, et l’éternité.
Mais aussi il y a cette mise en veille, cette mise en éveil permanente, cette lampe qui brule pour nous rendre vigilants, et pour retourner vers le Seigneur, nous orienter comme un radar qui cherche le satellite pour être vraiment en permanence vers le Seigneur, avec plus de vigueur vers Lui.
Mais aussi – c’est l’autre aspect – c’est de vivre la réalité même des Mystères de la vie du Christ.
La liturgie du Carême, comme toute la liturgie de l’Église, est un acte du Christ lui-même, pour son Corps et son Épouse qui est l’Église.
Nous revivons, et nous désirons vivre les Mystères de la vie du Christ, non comme une pièce de théâtre qui serait jouée chaque année à la même période, ou une clé USB qu’on mettrait avec le même film, qui nous attendrirait chaque année… mais comme une action présente du ressuscité agissant dans son Corps, agissant dans et par son Église pour chacun et par chacun de ses membres, pour tous les catéchumènes qui s’engagent aujourd’hui pour être baptisés, et pour tous les hommes, afin qu’ils soient restaurés dans la Vie surnaturelle, pour reprendre l’expression du Concile Vatican II dans Lumen Gentium.
Le but c’est que notre vie soit irriguée, que notre vie soit recréée, elle l’a été par le baptême, mais que nous vivions conformément aux exigences de notre baptême et à la Vie que le baptême a créée, a recréée en nous, cette Vie surnaturelle qui se greffe sur la vie spirituelle.
Un baptisé n’a pas à vivre une vie spirituelle, tous les êtres humains ont à vivre une vie spirituelle ; le propre du baptisé c’est de vivre une Vie surnaturelle, qui est la Vie de la grâce, la Vie trinitaire donnée au baptême, à la confirmation et qui est sans cesse appelée à grandir en nous.
Et si elle est perdue, obstruée par le péché, le sacrement de pénitence vient pour nous redonner la Vie du baptême, la dynamique baptismale et nous redonner cet élan pour vivre comme des chrétiens…
c’est-à-dire en Saints et en Saintes…
Aujourd’hui, nous pourrions prendre comme propos de Carême – au-delà de ce que chacun mû par l’Esprit Saint peut choisir- bien de choisir un élément de notre vie qui fait obstacle à la communion avec Dieu !
Une relation à rompre ou une relation à créer. Des lieux à éviter ou des lieux à fréquenter. Des sites Internet à ne plus fréquenter ou des sites Internet à fréquenter. Des pardons à donner ou des mises au point à faire dans notre vie et avec les autres.
Nous sommes invités à avancer sur ce chemin, et au-delà de tout le cinéma intérieur qui peut nous habiter. Nous sommes tous habités par une salle de production qui dépasse la production d’Hollywood ! Et qui, jour et nuit, fonctionne : ces pensées qui nous envahissent qu’on ne peut pas arrêter !
Nous sommes invités à les laisser de côté, à laisser ce cinéma intérieur, pour regarder la réalité de la vie. La réalité de Dieu. La réalité de nos frères et sœurs en humanité.
Donc de choisir un point précis et concret à changer dans notre vie afin que notre conversion soit en Esprit et vérité, concrète, et non pas quelque chose d’éthéré ou de générique où il faut se convertir, il faut aller à Dieu… tout le monde est d’accord, mais personne ne sait comment faire.
Donc de prendre un élément fondamental et de nous convertir sur ce point de manière définitive et pas simplement jusqu’au jour de Pâques ! Ce sont des changements qui touchent notre vie et notre éternité.
Alors, frères et sœurs, que le Seigneur nous donne aujourd’hui, comme toujours, son Esprit Saint ; qu’Il éveille en nous cet Esprit, que nous soyons attentifs à son Esprit Saint pour recevoir, être dociles à, sa lumière et sa force, afin de voir et d’agir selon sa volonté.