Homélie de la Solennité de l’Immaculée Conception de la Vierge Marie

Samedi 8 décembre 2018 – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

Chers frères et sœurs, dans son « Journal d’un curé de campagne », Bernanos a cette parole quand il parle de Marie : « la Vierge était l’Innocence »…avec un i majuscule !

L’Innocence, c’est son nom propre. Elle qui a été préparée de toute éternité pour mettre au monde « l’Innocent », l’Agneau innocent, désigné ainsi par Jean le précurseur.

On comprend que lorsqu’on veut parler de celle que nous célébrons aujourd’hui, les mots défaillent et que ce sont peut-être ceux du poète qui se font le mieux entendre, Charles Péguy en l’occurrence :

À celle qui est infiniment riche. Parce qu’aussi elle est infiniment pauvre. À celle qui est infiniment haute. Parce qu’aussi elle est infiniment descendante. À celle qui est infiniment grande. Parce qu’aussi elle est infiniment petite. Infiniment humble. Une jeune mère. À celle qui est infiniment jeune. Parce qu’aussi elle est infiniment mère…. À celle qui est toute Foi et toute Charité. Parce qu’aussi elle est toute Espérance ».

Marie nous aide à redécouvrir et à défendre la profondeur de la personne humaine parce qu’il y a en elle une parfaite transparence de l’âme dans le corps. Marie est la pureté en personne, en ce sens que l’esprit, l’âme et le corps sont en elle en parfaite harmonie entre eux et avec la volonté de Dieu.

Il faut s’empresser d’ajouter, frères et sœurs, pour ne pas laisser croire que Marie est une diva éloignée sur des nuages lointains… il faut ajouter que la grâce qu’il lui a été faite de la Conception Immaculée, c’est-à-dire conçue sans péché, n’est pas seulement une grâce personnelle mais qu’elle est pour tous ; elle est une grâce faite au peuple de Dieu tout entier.

Si bien, frères et sœurs, que nous pouvons dire que le privilège de son Immaculée Conception nous concerne nous-aussi, car il nous dévoile notre propre dignité d’hommes et de femmes, marqués, certes, par le péché mais sauvés dans l’espérance, une espérance qui nous permet d’affronter notre vie quotidienne. C’est la route que Marie ouvre aussi à l’homme.

S’en remettre pleinement à Dieu comme Marie, c’est trouver le chemin de la liberté véritable ; en se tournant vers Dieu, l’homme devient lui-même. Il retrouve sa vocation originelle de personne créée à l’image et à la ressemblance de Dieu ; Dieu qui a voulu, nous a rappelé Paul, aux Éphésiens, que nous soyons « ceux qui avaient espéré dans le Christ, à la louange de sa gloire ».

Nos pères dans la foi ont aimé voir en Marie la réalisation de la nouvelle création.

Nous avons entendu, ce matin à l’office, St André de Crète nous dire « comment Dieu, à partir de cette Vierge pure et Immaculée, choisie parmi toutes les créatures, refit à neuf notre substance – à partir de notre substance même – devenant, lui, le créateur d’Adam, un nouvel Adam ».

Et St Augustin, dans un passage célèbre, dit qu’Adam – dont les lettres du nom réunies en grec, forment les quatre points cardinaux – « Adam a été lui-même dispersé par toute la terre ; il était, écrit Augustin, un lieu unique et il est tombé ; il s’est pour ainsi dire réduit en miettes et réduit en miettes, il a rempli la terre entière ».

Mais l’homme a été rétabli dans l’unité ; par le Christ il a retrouvé en lui sa « colonne vertébrale » d’enfant de Dieu, et Marie en est le paradigme, c’est-à-dire l’exemple parfait et sans tache.

En ce jour, frères et sœurs, où notre Communauté va faire mémoire dans un instant, comme nous le faisons chaque année en cette Solennité de l’Immaculée Conception, du jour où chacun de nous a ratifié au jour de sa profession le choix aimant de Dieu sur nos personnes, nous entendons avec force cette Parole aux Éphésiens :

« Il nous a choisis avant la création du monde pour que nous soyons, dans l’amour, saints et irréprochables sous son regard ».

Cette Parole St Paul ne l’a pas écrite à destination des moines à venir mais à tous ceux qui ont entendu et répondu à l’appel du Christ « Viens, suis-moi ! »… donc, à tous les baptisés !

Que Marie, frères et sœurs, conçue sans péché, se penche particulièrement en ce jour où nous l’honorons, sur notre pays et sur ses habitants ; pour que chacun, là où il est, entende la voix du Christ et y réponde ; car lui le Seigneur Jésus est le chemin qui répond aux aspirations les plus profondes de l’homme en quête de bonheur, et l’Église, c’est-à-dire les chrétiens, sont placés dans le monde pour le révéler par leurs actes, et par leurs paroles…

Amen !

 

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