Dimanche dernier nous commencions la nouvelle année liturgique où la Parole de Dieu nous rappelait l’imminence du Christ, nous invitant à sortir du sommeil pour être en mesure d’accueillir son nouvel avènement en Église. Aujourd’hui la prédication de Jean Baptiste et celle d’Isaïe nous déclarent l’aspect paradoxal de cet avènement et son impact sur le peuple de Dieu.

La célébration de Noël apparait avant tout, certes comme un évènement heureux, c’est vrai parce que son issue est bienheureuse, et apporte une nouveauté spirituelle qui émerge non pas de notre monde mais du monde divin éternel. Pourtant cet évènement touche notre monde vieilli et blessé, toujours séparé de Dieu ; ce monde qui, selon les paroles de Zacharie, erre encore dans les ténèbres et l’ombre de la mort, ce qui rend possible qu’on puisse manquer l’opportunité de la proposition unique de Salut qui nous est faite… par exemple en déniant le besoin de se convertir…

C’est bien, semble-t-il, la raison pour laquelle Jean Baptiste invective les pharisiens et les sadducéens qui venaient vers lui pour se faire baptiser sans le moindre repentir : engeance de vipères ! Produisez donc un fruit qui exprime votre conversion !… déjà la cognée se trouve à la racine des arbres. Ces arbres dont on peut désigner l’un d’entre eux, et pas le moindre : l’arbre que constitue la lignée d’Abraham, car tout arbre qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu ! Jean Baptiste, en effet, sait que leur démarche n’est pas sincère, elle est inutile, tout à fait fausse. Leur attitude peut même apparaitre sacrilège devant le Dieu-juge, parce qu’ils restent sourds à ses appels réitérés de changement nécessaire de leurs dispositions, leurs dispositions intimes qui lui sont opposées !

Néanmoins, Jean Baptiste sait plus que quiconque, que Celui qui vient derrière lui est plus puissant que lui, et comme le révèle Isaïe : Il ne jugera pas d’après les apparences et ne tranchera pas d’après ce qu’il entendra dire. Jugement donc très différent du commun des hommes dont le critère habituel repose sur les dépositions extérieures de circonstances limitées avec des témoins subjectifs et faillibles. La Parole du Messie sera efficace, opérationnelle, et transformante puisque : Sa parole frappera le pays comme un bâton, et le souffle de sa bouche fera périr les méchants. St Paul pourra préciser pourquoi : parce qu’elle pénètre au plus profond de l’âme… et juge des intentions et des pensées des cœurs même.

Ainsi la venue du Messie est à la fois réconfortante pour ceux qui l’accueillent, mais à l’opposé violemment tragique pour ceux qui la repoussent. Jean Baptiste nous assure déjà que Celui qui vient après lui, est plus grand que lui… plus grand qu’un prophète ou, encore, qu’un simple envoyé de Dieu.

Par conséquent :

ou bien on le reconnait comme Seigneur et on le reçoit en tant que tel ; on se prosterne alors, parce que Jésus est Celui devant qui l’on est obligé de prendre parti, même s’Il nous bouscule et exige qu’on se compromette à son égard ; ou bien on le rejette comme un imposteur sacrilège qu’on doit faire disparaitre !

Il ne semble pas qu’il puisse y avoir d’autre alternative pour nous encore aujourd’hui…

Demandons au cours de cette célébration de savoir rester fidèle à notre engagement baptismal, ratifié de nombreuses fois sans doute déjà dans notre vie, mais toujours sujet aux multiples tentations de notre monde sans références explicites au Dieu Créateur et Sauveur.

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