Homélie du dimanche 12 Mai 2019

4ème Dimanche du Temps Pascal – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, nous venons d’entendre Jésus nous dire que « les brebis écoutent le pasteur et reconnaissent sa voix ». D’après cela nous comprenons qu’il veut parler des hommes qui connaissent son appel, et qui répondent intérieurement ; mais en est-il vraiment ainsi pour nous ?

En fait j’entends beaucoup mieux l’appel des autres que l’appel de Jésus en moi, de son Esprit- Saint. Je ne comprends pas toujours son appel et n’y réponds pas toujours.

Il ne suffit pas, frères et sœurs, que Jésus nous appelle ; il faut encore qu’il nous donne des oreilles pour pouvoir l’entendre. Nicolas de Cues, au moyen-âge, s’adresse à Dieu en ces termes : « Tu appelles, Seigneur, les créatures pour qu’elle t’écoute et quand elles t’écoutent, alors elles sont ! »

Oui, c’est en disant à Dieu « me voici ! » que « je suis ».

On peut aller, frères et sœurs, jusqu’à dire que nous n’entendons l’appel de Dieu que dans la réponse que nous lui donnons « me voici ! »

Il n’y a pas en nous – nous en faisons souvent l’expérience – seulement l’homme de désir qui écoute, qui désire écouter Jésus, mais aussi la voix de l’opposition, de l’Adversaire, qui couvre la voix de Jésus. L’Adversaire que Jésus doit combattre en nous, ce ne sont pas seulement les autres qui veulent nous arracher à lui, c’est nous-mêmes qui lui refusons l’entrée ! St Augustin écrit :

« Combien de brebis, il y a à l’extérieur de la bergerie, et combien de loups à l’intérieur ! »

Le plus grand ennemi, frères et sœurs, de notre rédemption, de notre Salut, c’est notre propre « moi ». Le Bon Pasteur, le Christ, doit lutter pour nous, contre nous-mêmes.

Les combats dans la vie spirituelle sont non seulement utiles mais nécessaires pour forger en nous l’homme intérieur. L’un des premiers moines, que nous appelons les pères du désert, Abba Poemen, disait d’Abba Jean Colobos : « Qu’il avait prié Dieu de lui retirer ses passions et de devenir libre de tout souci ; et il s’en alla dire à un vieillard :

« Je me vois maintenant dans le repos, n’ayant plus aucun combat. »

Le vieillard dit à Jean : « Va ! Supplie Dieu d’avoir à nouveau à combattre avec l’affliction et l’humilité que tu avais précédemment car c’est par les combats que l’âme progresse ».

Jean Colobos supplia donc Dieu et lorsque vint le combat il ne pria plus pour qu’il lui soit retiré mais il dit :

« Seigneur, donne-moi l’endurance dans les combats »… ce qui est beaucoup plus précieux !

Cette « foule de toutes nations, races, peuples et langues » – dont nous a parlé l’Apocalypse dans la seconde lecture – qui viennent de la grande épreuve et ont purifié leur vêtement dans le sang de l’Agneau, en sont, frères et sœurs, l’illustration vivante : ce sont les saints !

L’Agneau qui se tient devant eux est leur Pasteur et « Dieu essuie toute larme de leurs yeux » nous dit la Parole de Dieu.

« Car c’est en toi, disait Origène, qu’est le combat qu’il faut livrer ; à l’intérieur de toi l’édifice du Malin qu’il faut détruire ; ton ennemi sort du fond de ton cœur ! »

Les vrais combats de Dieu, frères et sœurs, se situent en effet dans le monde intérieur, où nous luttons contre nos misérables désirs… et les saints, eux, contre Satan en personne.

Ce combat est nécessaire, non seulement pour les moines, mais pour tous les chrétiens. Par lui, nous devons participer, nous devons parvenir à la pureté de cœur qui permet de voir Dieu, et à la Charité qui permet de participer à la vie de Dieu, qui est Amour.

« Le but du combat, disait encore St Augustin, c’est la paix intérieure, et la paix, c’est chaque chose à sa place ».

Comme les païens, dont les Actes des apôtres dans la première lecture, nous ont dit qu’ils rendaient gloire à la Parole de Dieu en entendant Paul et Barnabé, entrons nous aussi, en ce temps de Pâques, dans la joie de l’accueil du Salut qui nous est manifesté en ces jours avec « une abondance toute particulière » comme le dit la liturgie de ce temps pascal.

Il nous faut, frères et sœurs, retrouver la joie de l’accueil, de la fraicheur de l’Évangile afin de ne pas être des chrétiens habitués. « Le risque d’être – comme dit le Pape François – des chrétiens sans le Christ ! »

Le risque de ne retenir que certains aspects de l’Évangile et de remplacer la Personne de Jésus par l’idée de valeur évangélique telles que la fraternité, la solidarité, mais comprises le plus souvent d’une manière horizontale, d’une manière purement humaniste. Or comme dit le prophète Isaïe, le Seigneur ne nous a pas dit : « Cherchez moi dans le vide, dans le chaos » mais il a dit à ses disciples :

« Retournez en Galilée, c’est là que vous me reverrez »… dit Jésus dans St Matthieu.

Nous allons, frères et sœurs, dans une instant renouveler notre profession baptismale à la place du Credo, comme l’autorise la liturgie. Notre Galilée intérieure, nous y avons été placés à l’heure de notre baptême qui a fait de nous « les enfants bien aimés du Père »…

Retournons en Galilée ! Retournons au temps de nos premiers amours, comme dit le Cantique des Cantiques, et retrouvons la joie d’être dans le Christ, un avec le Père, de qui nous recevons la vie ; la vraie Vie ; la vie éternelle…

Amen !

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