Homélie du dimanche 26 avril 2020 – 3ème Dimanche de Pâques – Année A

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Chers frères,

Les disciples d’Emmaüs nous indiquent un chemin pascal.

À savoir : de laisser nos appuis, nos idées humaines, nos projets, même les plus spirituels, les plus beaux à nos yeux, pour entrer dans le projet de Dieu pour nous, son dessein sur nous et pour nous, mais aussi pour les autres, pour son Église.

Le Seigneur nous appelle à un dépassement, à une Pâque ; mais un dépassement comme chemin de vie c’est-à-dire, une Pâque permanente, un exode quotidien pour aller plus loin.

Certes, il y a les grandes étapes de la vie humaine et de la vie avec le Seigneur, les deux se rejoignant souvent. Mais l’amour de Dieu étant infini, et sa miséricorde inépuisable, insoupçonnée, par sa totalité, sa grandeur, sa beauté, sa lumière, notre chemin devient – est appelé à être – une croissance. Une croissance dans un dépassement qui concrétise cette croissance, car une croissance se perçoit quelque peu, sous un aspect ou un autre, au moins par un regard expérimenté.

Mais cet exode peut être dans certains cas une sortie ; une sortie vers une impasse. Une vie centrée uniquement sur soi.

Les deux disciples qui font route vers Emmaüs, sont tristes. Ils sont las, ralentis par la déception, la peur, déçus, ils descendent. Certes, ils descendent de Jérusalem à Emmaüs mais aussi dans toute leur existence. Ils s’enfoncent dans la nuit et s’y installent… cette nuit qui arrive, ce jour qui s’éclipse.

Comme le rappelle l’exégèse biblique, nos deux compagnons se rapprochent non seulement d’Emmaüs mais de la ville de Modine (Modine qui est à quelques kilomètres d’Emmaüs). Cette ville de Modine qui est la ville des Maccabées. Là où reposent Mattathias et ses fils – dont le plus connu : Judas Maccabée, soldat vaillant – ses héros puissants et éloquents de la force d’Israël et de sa réussite face à l’ennemi et à l’envahisseur… enfin voilà des gens qui ont réussi !

Est-ce que nos deux compagnons ne seraient pas tentés de revenir aux moyens humains, apparemment si efficaces, que sont la lutte armée, la violence, l’affrontement, pour instaurer enfin le règne d’Israël, la royauté en Israël ? Et même accomplir la volonté de Dieu ?

Cette tentation guette tout disciple.

Nous avons un choix décisif à faire ; un choix décisif en deux étapes.

Tout d’abord choisir Dieu de façon profonde, définitive, totale mais aussi la manière dont Dieu nous demande d’accomplir sa volonté.

Le Seigneur ne nous dit pas seulement « Fais ma volonté ! » et nous aurions tous les choix possibles, tous les moyens seraient bons !

En cette matière, nous sommes appelés à nous conformer à ce que Dieu nous demande sur le fond et la forme ; et cette manière, cette façon de faire de Dieu, nous déroute, nous dérange, nous bouscule et change nos perspectives.

Nous désirons agir pour le Seigneur… et c’est beau ! C’est bon ! Mais le Seigneur nous demande d’agir comme Il veut, Lui ! D’entrer dans son projet qui s’appelle « aimer ». Oui, aimer ! Aimer follement ! …Mais aimer par la Croix !

La situation est inversée : « si le grain de blé ne meurt, il ne porte pas de fruits ».

Notre conquête se situe au niveau des âmes et dans la profondeur de l’être humain. Et cette profondeur est touchée seulement par le Mystère de la Croix du Christ.

Cet arbre de vie d’où s’écoule l’Eau du Salut, jaillie du Cœur de Jésus. Cette Eau, ce Salut, vient assainir les eaux mortes dans le cœur des hommes pour leur redonner vie et allégresse. Mais c’est par la douceur, l’humilité de l’amour que nous devenons vraiment disciples imitateurs de Jésus… c’est par la patience et le « non-résultat » apparent que nous réussissons. C’est par la Croix du Christ que nous entrons personnellement et tous ensemble dans le Royaume du Fils de son amour, l’amour du Père dans l’Esprit Saint.

Alors, avec les deux compagnons d’Emmaüs, nous comprenons : oui, le Messie devait souffrir tout cela pour entrer dans la gloire.

Et le mouvement inverse se produit et se poursuit à l’infini : à l’instant ils se lèvent.

La joie a chassé la tristesse. La promptitude remplace la lassitude.

La certitude de l’amour remplit tout ; à commencer par leur propre cœur et leur esprit.

Ceux qui descendaient, qui partaient, qui désertaient, deviennent maintenant des témoins. Ils attirent et entrainent les autres… à commencer par les autres disciples.

L’émulation se fait contagieuse et mutuelle.

Oui, le Christ est vraiment ressuscité !

Celui qui est mort en croix, que nous avons vu crucifié… est le Vivant à jamais, Celui qui nous accompagne sur toutes nos routes à tout instant, proche de tout homme, en tous lieux, dans toute histoire.

Demeurant avec nous tous les jours jusqu’à la fin du monde.

Historique de nos Homélies

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