Homélie du dimanche 22 mai 2022 – 6ème Dimanche de Pâques – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, le plus grand don de Jésus ressuscité à ses disciples, c’est le don de la paix !

C’est la paix que je vous laisse, c’est ma paix que je vous donne ; ce n’est pas à la manière du monde que je vous la donne.

Durant les cinquante jours qui séparent sa résurrection de son Ascension, Jésus apparait de multiples fois à ses disciples, aux Saintes femmes qui l’ont suivi durant sa vie publique, et à chaque fois il se présente à eux en prononçant ses paroles : « La paix soit avec vous ». Shalom !

Cette paix va plus loin que la traditionnelle salutation juive : Shalom ; non seulement elle va plus loin, mais elle vient de plus haut ; elle est l’irruption, dans l’assemblée, de cette paix qui n’est autre que Dieu lui-même. Dieu notre paix, comme le nomme Isaïe ; le Prince de la paix, quand nous chantons l’irruption du Verbe incarné durant les jours de Noël. Lorsqu’un évêque, successeur des apôtres, salue l’assemblée à l’ouverture de la Messe, c’est avec ces mots qu’il entre en relation avec les fidèles, en disant : la paix soit avec vous !

Et cette salutation dans le Missel romain est réservée aux évêques – qui ont un lien tout particulier par la succession apostolique avec les apôtres.

La paix comme Don de Dieu.

Ce Don, frères et sœurs, n’est pas une chose, n’est pas un objet, n’est pas une vertu morale, qui nous serait communiqué par Jésus ; cette Paix, c’est une Personne divine, c’est l’Esprit Saint ! Et là où est l’Esprit, là est la Paix !

Une Sainte carmélite d’origine palestinienne, Ste Myriam l’Arabe, écrivait : « Je ne puis me contenir, j’ai une paix, une joie si grande ! Je ne sais pas ce que j’ai, ni où je suis, mon cœur et tout en moi, se fond comme l’huile la plus claire qui s’écoule doucement en moi. Je suis en Dieu et Dieu en moi. Je sens que toutes les créatures, les arbres, les fleurs, sont à Dieu et aussi à moi. Je n’ai plus de volonté, elle est unie à Dieu ; et tout ce qui est à Dieu est à moi. Je voudrais un cœur plus grand que l’univers. »

On croit entendre sa petite sœur ou grande sœur, Thérèse de l’Enfant Jésus ou encore quelques siècles avant, toujours dans la famille carmélitaine, St Jean de la Croix quand il écrit : « Les cieux sont à moi, la terre est à moi, la Mère de Dieu est à moi, les anges sont à moi, et les saints, et les pécheurs… tout est moi, parce que Jésus Christ est à moi, et tout est pour moi. »

On pourrait multiplier ces récits d’hommes et de femmes dans la Tradition de l’Église, hier comme aujourd’hui, qui, saisis par la Paix de l’Esprit Saint, ont essayé de transcrire avec des mots, mais dont on sent qu’eux-mêmes sont incapables d’exprimer parfaitement cette jubilation qui les saisit lorsque la Paix de Dieu fait irruption en eux par son Esprit Saint !

Expérience belle, penserez-vous peut-être, mais réservée à des âmes d’élite, au-dessus du commun des mortels que nous sommes. Et peut-être que certains se reconnaitront davantage dans cette sentence d’un best-seller de la littérature chrétienne au moyen-âge, « L’imitation de Jésus-Christ », où on peut lire : « Toute notre paix dans cette misérable vie consiste plus dans une souffrance humble que dans l’exemption de la souffrance. »

Je vois la réponse à cette objection (si on peut dire) dans les mains percées et le côté du Christ, tel qu’il apparait après sa résurrection à ses disciples, comme s’il signifiait par ses plaies et son côté ouvert – non seulement et c’est primordial – que Celui que les apôtres ont devant eux est bien le même que Celui qu’ils ont vu crucifié sur le Golgotha, mais que cette Paix qu’il leur communique et dont il est le donateur, est indissociable de ses plaies. Autrement dit : paix, joies, souffrances, épreuves, sont inextricablement tricotées ensemble dans nos vies, et nous apprenons qu’il n’y a pas contradiction entre ces diverses réalités de la vie humaine, à commencer en l’homme parfait qu’est Jésus Christ.

Nous avons entendu dans le récit des Actes des apôtres comment, rapidement dans l’Église, naquirent des tensions, des incompréhensions, dans le passage cité concernant la question de l’opportunité de pratiquer la circoncision sur les convertis au Christ qui provenaient des gentils, autrement dit, des non-juifs. On sait comment l’affaire fut réglée, après avoir entendu les avis divergents, par la parole d’autorité des apôtres et de Jacques à leur tête, Jacques le Mineur, frère du Seigneur, qui transmet aux convertis cette parole, cette sentence : « L’Esprit Saint et nous-mêmes, avons décidé de ne vous imposer aucune autre charge que de vous abstenir de souillures de l’idolâtrie, de l’immoralité, et de la viande étouffée et du sang. »… L’Esprit Saint et nous-mêmes ! Quelle audace ! Quel évêque aujourd’hui oserait édicter un décret pour son diocèse en commençant ainsi : « l’Esprit Saint et moi, avons décidé que… »

C’était bien ce que pratiquait et promulguait aussi le concile Vatican II, si vous regardez les constitutions du Concile Vatican II, chacune se termine avec la signature du Pape Paul VI et de tous les Pères qui ont participé au Concile avec ces mots : « Chacun des points édictés dans cette constitution ont plu aux Pères du saint Concile… Et nous, en vertu du pouvoir apostolique que le Christ nous a confié, nous les approuvons, décrétons et arrêtons dans le Saint Esprit… pour la gloire de Dieu. »

Oui, frères et sœurs, le Saint Esprit donateur de vie, donateur de paix, est toujours vivant dans l’Église jusqu’à la fin des temps ; il est vivant en chacun de nous par le Don du baptême, par le Don de la confirmation ; il est tout particulièrement présent et vivant lorsque des chrétiens, comme nous le sommes ce matin, sont rassemblés pour célébrer le Seigneur pour se réjouir de sa vie et pour recevoir sa Paix !

Que le Christ ressuscité nous rende plus participants dès aujourd’hui, de la Paix et de la joie qu’il veut pour nous, qu’il nous a acquises par sa mort, par sa résurrection et par sa glorification.

Amen !

 

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