Homélie du Dimanche 22 Juillet 2018

16ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs,

Des apôtres, qui au retour de leur première mission retrouvent Jésus, il est dit « Qu’ils lui rapportèrent tout ce qu’il avait fait et enseigner ».

Cette dernière expression n’est pas anodine : on la retrouve au tout début des Actes des apôtres où Luc nous dit qu’il a consacré son premier livre (c’est-à-dire l’Évangile selon St Luc) à tout ce que Jésus avait fait et enseigné.

Il est ici signifié que le ‘faire’ précède l’enseignement, ou du moins l’accompagne toujours. Dans ses reproches aux pharisiens, Jésus dira « Ils disent et ne font pas ».

Si Jésus, frères et sœurs, s’était contenté de prendre chair en notre humanité, prononçant des discours, écrivant des livres où il aurait dit que Dieu nous aime, qu’il est proche de nous, qu’il entend nos prières ; et puis ce même Jésus serait remonté dans les cieux après avoir dit et écrit cela… je ne crois pas qu’il aurait attiré grand monde à sa suite. Mais Jésus n’a pas écrit de livres, il n’a pas non plus passé sa vie terrestre à faire des discours, même s’il a beaucoup parlé, il a pris avant tout sur ses épaules toutes nos souffrances.

« Par ses souffrances nous sommes guéris » dit St Pierre dans sa lettre.

« En sa Personne, nous a rappelé Paul dans la Lettre aux éphésiens, il a tué la haine.

Pris de pitié pour la foule, semblable à des brebis sans berger, il a longuement instruit les foules ; mais il a aussi – et nous sommes là dans le ‘faire’- guéri les malades, expulsé les démons.

Le bienheureux Pape Paul VI, en son temps, a dit – et la Parole est toujours valable de nos jours : « que le monde d’aujourd’hui a davantage besoin de maitres pour enseigner les voies de Dieu mais de maitres qui soient aussi des témoins et des disciples ».

La Personne de Jésus est crédible, frères et sœurs, elle est digne de foi parce que tout ce qu’il a fait, est une mise en actes de ce qu’il est : le Fils bien aimé du Père, le rédempteur du monde.

Continuellement à l’écoute de son Père – et là, Jésus est le disciple par excellence, disciple de son Père ; Fils et disciple – il témoigne de ce qu’il a entendu de son Père. Il enseigne en maitre le chemin du Royaume, il est, oui, disciple, témoin et maitre ! Disciple, témoin et maitre sont inséparables dans la vie de Jésus.

Un autre mot relie ces trois mots, on le trouve dans l’évangile de ce jour : « En voyant les foules qui le suivent, Jésus fut saisi de compassion ». La traduction littérale du texte sacré, c’est « Jésus fut pris aux entrailles ».

La compassion de Dieu pour les hommes traverse toute la Bible. Dès les premiers chapitres de la Genèse où l’auteur sacré nous dit que « La méchanceté de l’homme était grande sur la terre » et l’auteur poursuit, disant « que le Seigneur, alors, se repentit d’avoir fait l’homme sur la terre et s’affligeât dans son cœur ».

« S’affligeât dans son sœur », expression typiquement sémitique pour dire que son cœur fut précisément rempli de compassion pour l’homme égaré.

La compassion divine, frères et sœurs, est autre chose que l’empathie humaine ou même que la compassion bouddhique qui ne nait pas d’un rapport d’âme à âme. La compassion chrétienne est caractéristique de l’amour de type Judéo-chrétien.

Celle-ci ne soustrait pas la créature à la douleur mais elle ne l’abandonne pas. Elle l’assiste jusqu’au bout, même sans se faire voir.

La Bible nous montre Dieu qui souffre dans le désert avec son peuple, Dieu qui pleure quand son peuple pleure ; Dieu qui combat à ses côtés ! Le Seigneur Jésus, le Verbe de Dieu né du Père, est aujourd’hui toujours dans le monde, dans l’Église, en chacun de nous… un Dieu qui pâtit avec nous.

« Son amour de compassion pour nous est semblable » dit St Bernard « à un parfum », ce que Bernard appelle « le parfum de la compassion ».

La compassion chrétienne, frères et sœurs, n’est ni piétisme, ni assistanat du prochain… elle est synonyme de solidarité, de partage et elle est toujours animée par l’espérance qui est une vertu proprement chrétienne. La spiritualité chrétienne, sous la conduite du St Esprit, a compris – et elle n’a jamais fini de comprendre – que Dieu a un cœur qui se laisse bouleverser par l’histoire des hommes ; et non pas par l’histoire des hommes de façon globale mais par l’histoire de chaque homme, de chaque femme en ce monde.

Jésus, en sa Personne divine, dit cet amour qu’il a vécu jusqu’à l’extrême. Son cœur transpercé sur la Croix par la lance est le signe le plus éloquent, et le plus vrai, de cet amour divin qui va jusqu’à l’extrême du don de soi :

« Par sa mort – nous l’avons entendu en St Paul – il a vaincu la haine ! ».

Voilà, frères et sœurs, tout ce que nous allons célébrer maintenant dans cette Eucharistie.

On peut dire que chaque Messe est le Don en acte de la compassion divine.

« Ceci est mon Corps, livré pour vous ; ceci est mon Sang, versé pour vous »

« Pour toi, dira Jésus à Blaise Pascal, j’ai versé telle goutte de mon Sang. »

Que la compassion divine de ce Dieu qui nous a aimés jusque-là, nous habite à notre tour, afin que nos cœurs deviennent de plus en plus semblables au Cœur de Jésus, rempli de compassion, Amen !

Historique de nos Homélies

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