Homélie du Dimanche 20 juin 2021 – 12ème dimanche du Temps Ordinaire – Année B

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

« Désormais, nous ne connaissons plus personne à la manière humaine, car le Christ est mort afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui qui est mort et ressuscité pour nous ».

Frères et sœurs, l’apôtre Paul nous livre ici, un secret de sa vie et de toute vie spirituelle : passer d’une vie pour soi à une vie pour Dieu. « Se décentrer » comme il dit, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes.

Paul a compris cela du jour où, dans la lumière de la grâce du chemin de Damas, il a compris ; il a fait l’expérience personnelle de l’amour miséricordieux de Jésus pour lui.

« Il m’a aimé et s’est livré pour moi » dira-t-il quelques temps plus tard dans l’une de ses lettres. Paul a compris que ce qui importait désormais, était de se laisser conduire par celui qui avait donné sa vie pour lui !

« Il m’a aimé et s’est livré pour moi »

La vie de Jésus est elle-même une vie décentrée ; une vie centrée sur un Autre, avec un A majuscule : sur son Père. « Tout ce que veut mon Père, je le fais ».

Ce décentrement est source de liberté. Ce n’est plus la réalisation égocentrique du « moi » qui est au centre de ma vie, c’est le Christ qui est mort et ressuscité, et qui vit en moi par son Esprit. Un peu comme les apôtres qui, dans l’évangile de ce jour, sont pris de panique par la tempête qu’ils essuient dans la barque, en oubliant peut-être que le maitre est là avec eux dans la même barque. « Si dans ces moments-là, dit St Augustin, tu ne penses pas au Christ, il dort ! Réveille-le ; fais appel à ta foi. En toi, le Christ veille. »

De tout cela nous pouvons en déduire que si nous pensons que nous pouvons nous en sortir tout seul, par nous-mêmes, c’est que le Christ dort encore en nous ; parce que nous le laissons dormir. J’essaie d’abord de m’en sortir par moi-même, et si je n’y arrive vraiment pas, alors je me tourne vers Toi.

Éveiller le Christ dans notre barque intérieure, c’est se souvenir qu’il est toujours prêt à nous aider, à apaiser nos tempêtes, à éloigner de nous les dangers du mauvais, mais encore faut-il que nous criions ver lui.

« Éveille toi, Ô toi qui dors, relève toi d’entre les morts et le Christ t’illuminera » chantait une hymne déjà antérieure à l’apôtre Paul.

Un chroniqueur médiéval raconte ceci : un juif avec sa femme et leurs enfants, furent expulsés d’Espagne parce qu’il refusait d’épouser la foi chrétienne. Ils se mirent en marche espérant trouver un lieu habité et hospitalier mais ils s’écroulèrent bientôt de fatigue et moururent les uns après les autres. Quant au père, il poursuivit sa marche avec son seul fils encore vivant. Puis un soir, ils furent deux à s’étendre ; et à l’aube, seul le père ouvrit les yeux.

Il creusa une tombe dans le sable et s’adressa à Dieu en ces termes : « Maitre de l’univers, je sais ce que tu veux, je comprends ce que tu fais. Tu veux m’acculer au désespoir, tu veux que je cesse de croire en toi, que je cesse de te dire mes prières, que je cesse d’invoquer ton Nom pour le glorifier et le sanctifier ; eh bien, je te le dis : non, non, et mille fois non ! Tu n’y arriveras pas ! Et malgré toi, je crierai le Kaddish qui est un chant de fidélité à toi et contre toi. Ce chant, tu ne le feras pas taire, Dieu d’Israël ». Et Dieu, poursuit la chronique, lui permit de se relever et de s’en aller au loin, trainer sa solitude sous un ciel désert.

Oui, crier vers Dieu, c’est se décentrer, en vue de laisser un Autre : le Seigneur Jésus, devenir le centre de ma vie.

« Désormais ce n’est plus moi qui vit, dit Paul, c’est le Christ qui vit en moi. »

Paul nous dit que quelqu’un qui est en Jésus Christ, est une créature nouvelle. La foi chrétienne, frères et sœurs, a ceci de caractéristique : elle fait toutes choses nouvelles ! Avec du vieux, elle fait du nouveau. Elle ne détruit pas le vieux mais à partir du vieux, elle fait du nouveau. Elle recréée l’homme en vue du monde nouveau qu’est le Royaume des Cieux.

Quand Jésus dit à ses disciples : « passons sur l’autre rive », cette injonction est non seulement géographique mais spirituelle. Passons de l’homme ancien à l’homme nouveau ; passons de l’ombre à la réalité ; passons de ce qui est mouvant et changeant à ce qui est stable.

Oui ! Réveillé du sommeil de la mort, le Christ conduit son Église, et chacun d’entre nous, aux rives de la vie, de la vraie vie, de la Vie éternelle.

Amen !

 

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