Homélie du dimanche 18 octobre 2020 – 29ème Semaine du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean-Baptiste

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs, nous sommes dans la dernière phase du ministère de Jésus à Jérusalem, sans doute peu avant son arrestation.

L’évangile de ce dimanche se place à la suite des deux derniers dimanches, où Jésus parlait devant les pharisiens et la foule en paraboles.

Celle des « vignerons homicides », et celle de « l’invitation des convives au banquet des noces d’un fils de roi ».

Il est dit après l’une d’elles que les chefs des prêtres et des pharisiens se sentent visés par le déroulement du récit, voulant s’emparer de Jésus, mais à cause de la foule qui le tenait pour un prophète, ils ne le purent pas. Alors, ils cherchaient à le mettre publiquement en accusation, à le prendre en faute, en le faisant parler.

Cette fois, ils prennent l’appui de quelques partisans hérodiens, défenseurs de l’état établi, ils se présentent, en quelque sorte, comme une délégation de l’autorité du Temple et de l’état.

Ils commencent à le flatter à l’égal d’un maitre authentique qui sait enseigner le chemin de Dieu sans se laisser influencer par quiconque. Un tel homme docte, véridique et courageux, à leur point de vue, ne peut avoir qu’un seul avis sur une question dont débat toute la Palestine. L’empire a annexé Israël ; Rome occupe la terre Sainte. Aussi, l’impôt est-il collecté en grande partie au profit de l’empereur.

Deux réponses semblent possibles : soit d’accepter le fait et l’on se met du côté des collaborateurs avec la réputation de publicain !

Soit refuser, et l’on s’affiche contestataire, considéré comme des zélotes à cette époque ; les adversaires du Christ n’attendent pas d’explication, ils exigent une réponse claire qui coupe court à toute dérobade.

« Est-il permis, oui ou non, de payer l’impôt à l’empereur ? »

Autrement dit, pour eux, la fidélité à l’Alliance serait incompatible avec la soumission à un souverain étranger à qui l’on rend des honneurs.

Il s’agit d’une véritable sommation où Jésus parait être mis au pied d’un mur.

Or, ils méconnaissent la profondeur de la sagesse de Celui qu’ils ne reconnaissent pas être Envoyé de Dieu.

Devant leur perversité, Jésus, d’abord, dénonce ouvertement leur hypocrisie. Puis Il se dégage de leur piège avec une grande simplicité en leur demandant de présenter une pièce d’argent, et Il opère ainsi un changement de niveau de perception des choses pour ses interlocuteurs.

Ils ne restent plus aux raisonnements, aux calculs, mais ils se placent devant l’effigie et la légende inscrite sur la face de la pièce de monnaie, qui est exigée par l’impôt.

Voilà une réponse concrète, inattendue, mais limpide et même péremptoire.

Cette Parole, comme dit la Lettre aux Hébreux, tombe comme « une épée à deux tranchants », et pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles. « Rendez à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu ».

Cette sentence va traverser les siècles !

Encore aujourd’hui, nous la recevons dans notre esprit comme juste.

Mais, il faut bien l’entendre, cependant, car elle est parfois l’objet de déformation.

Jésus n’établit pas deux domaines juxtaposés ; encore moins, opposés entre le politique et le religieux, comme certains l’imaginent.

Il est clair que Dieu demande que nous soyons tout entiers à Lui, en même temps que dans nos comportements, dits « politique », en cohérence avec la Doctrine Sociale de l’Église, maintenant.

Cela avait été déjà dit, d’une autre façon, au IIIème siècle par St Justin.

« Nous adorons Dieu mais nous vous obéissons pour la gérance des affaires publiques ; en utilisant cette monnaie, nous acceptons l’autorité de César, sans doute un peu lourde, mais aussi avec ses avantages, entre autres, celui de la paix ! »

Cette réponse tient encore aujourd’hui. Nous sommes au service dans de multiples secteurs de la société sociale, parfois même engagés, responsables, mais nous nous efforçons de garder comme point d’honneur, de demeurer en communion avec Dieu et son Église.

Sans doute, ne sommes-nous pas toujours d’accord ou de même avis entre chrétiens, mais nous tenons tous au principe commun de référence, qu’est le commandement double de l’Amour de Dieu et du prochain.

Avec le Christ, le seul précepte de la Charité contient toute la loi !

En rendant à César librement ce qui lui appartient, rien ne doit nous dispenser de rendre à Dieu ce qui lui revient.

La réalité politique est un fait mais elle n’est pas première. On pourrait même dire qu’elle se trouve finalement au service, et conditionne le bon exercice, de la religion.

En espérant de Dieu son Ciel, nous devons œuvrer de notre mieux sur la terre !

Rendons donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu !

Cela doit nous aider à mieux rendre à Dieu ce qui est à Lui. Alors, sachant que tout Lui appartient, nous pouvons encore aller plus loin, et donc, tout Lui offrir en reconnaissance… et nous offrir nous-mêmes pour sa gloire,

Amen !

 

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