Les lectures de la liturgie de ce 4ème dimanche de l’Avent, dernier dimanche avant Noël, portent immédiatement sur cet enfantement virginal, tout-à-fait extraordinaire du Christ, qui s’est achevé très pauvrement en Marie dans une grotte à Bethléem.

Le prophète Isaïe en a parlé d’une façon prophétique, donc d’une manière lointaine, mais de façon analogique à travers un fait passé de l’histoire de la maison d’Israël, car la ressemblance dans les deux cas se trouve dans l’enfantement d’une jeune femme vierge.

Saint Paul, lui, va le percevoir après coup d’une manière théologique très ramassée mais déterminante, comme le Fils-même de Dieu, né de la race de David selon la chair, sans rapport direct avec la prophétie, mais en ajoutant néanmoins – et c’est capital – que cela s’est effectué par l’agir de l’Esprit Saint. L’évangile de saint Matthieu fait apparaitre clairement l’accomplissement de l’ancienne prophétie, puisque la Vierge, c’est véritablement Marie accordée en mariage à Joseph ; elle devient explicitement enceinte par l’entremise de ce Tiers extraordinaire (si l’on peut parler ainsi) qu’est l’Esprit Saint. Cet Esprit Saint encore inconnu de Marie et de Joseph peu avant, est cependant immédiatement reconnu par l’un et l’autre dans la foi, grâce à l’ange de Dieu – il faut le noter – dans les deux cas, selon la vision pour la Vierge, selon le songe pour Joseph. C’est bien Lui, l’Esprit Saint, qui se fait l’Agent divin dominant la nature humaine capable d’en transformer les lois.

Ces trois approches différentes s’unissent de la sorte pour exprimer le mystère insondable de l’Incarnation qui marque l’intervention objective de la Paternité mystérieuse et toute puissante de Dieu envers l’humanité, qui s’actualise à travers une Vierge bénie entre toutes, Marie, et la complicité de Joseph, son chaste époux.

Ainsi, peut s’accomplir à ce moment décisif de l’histoire du peuple élu, cette naissance à nulle autre pareille, conforme au Plan divin éternel sur le monde. Saint Matthieu, comme St. Luc, nous découvrent, dès le début de leur évangile, en quoi l’enfantement de Jésus Christ diffère des autres. Pour Joseph comme pour Marie son épouse, c’est Dieu Lui-même qui, par leurs consentements respectifs, s’ingère très discrètement avec sa Transcendance dans la lignée de l’humanité.

Alors, va être donnée aux hommes blessés, séparés de Dieu, cette imprévue mais nécessaire Médiation : celle du Verbe Divin, en vue de la réalisation concrète de son Dessein de réconciliation et d’alliance avec les hommes, jusque dans la chair. Désormais, il y aura au milieu de l’humanité un Homme qu’aucun homme ne peut prétendre avoir engendré ; Il s’impose comme l’Emmanuel, le Dieu avec nous. Déjà par son nom, il annonce l’ouverture du genre humain à autre que lui, très spécialement à Dieu-même ! Le Règne de Dieu ne sera plus extérieur et au-dessus de lui, mais il sera à l’intérieur !

On comprend qu’une telle révélation devait être progressive et que cette Promesse soit restée imprécise à travers les multiples faits rapportés dans la Bible au sujet du Messie ; pourtant, des allusions à cet avènement se feront de façon de plus en plus claires, et son extension évoquée de façon de plus en plus universelle. Elles nous prépareront à l’incorporation spirituelle de l’Incarnation à travers la liturgie de l’Église qui nous pousse désormais vers la fin des Temps, et à la compréhension de la figure eschatologique du Fils de l’homme : figure que le Christ – ne l’oublions pas – s’est approprié en tant que triomphateur du Mal.

Quelle chance pour nous d’avoir maintenant connaissance du « Mystère de ce Mystère », et d’être conviés, pour y prendre part dans l’exercice de la piété ecclésiale.

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