Frères et sœurs bien-aimés,

la nature nous enseigne à suivre avec patience et persévérance la loi de Dieu qui se manifeste à nous par sa Parole, les inspirations de l’Esprit Saint au fond de notre âme (ce qu’on appelle les motions de l’Esprit Saint), les personnes rencontrées, les événements qui jalonnent le cours de notre existence terrestre. Dieu nous parle à travers tout cela. Sa loi s’exprime à travers tout cela.

Nous venons de sortir de l’hiver et nous entrons en ces jours dans la beauté et le renouveau du printemps. Ce renouveau qui nous donne d’apprécier la longueur des jours qui gagne sur la nuit ; le ciel bleu dégagé, une température clémente, voire agréable. Par comparaison, par analogie, il en va de même pour notre contexte de vie spirituelle, de vie de baptisé : nous allons finir le carême pour entrer avec ferveur et une foi renouvelée dans le Triduum pascal de la Passion, de la Mort et de la Résurrection glorieuse du Christ Jésus, qui va commencer dans quelques jours.

En ce cinquième dimanche de carême, nous entrons dans la semaine appelée « semaine de la Passion », qui précède immédiatement la semaine Sainte. Si la nature redevient joyeuse et dynamique, le Mystère pascal du Christ (c’est-à-dire sa passion, sa mort, sa résurrection) nous introduit, nous donne de participer à la dynamique même de la vie trinitaire.

Frères et sœurs, le Seigneur a préparé et constitué un peuple capable d’entrer en relation avec Lui. Ce peuple s’est constitué par le passage de la Mer Rouge afin d’ouvrir une relation (une relation sous forme d’Alliance) destinée à tous les peuples et à chaque être humain en particulier dans la singularité de sa personne, et ce, dans le temps et l’espace dans toute l’histoire humaine.

Si le prophète Jérémie, que nous avons entendu en première lecture, nous parle de loi, c’est Dieu lui-même qui s’engage à inscrire cette loi (la loi divine) sur les cœurs humains, à la déposer dans les cœurs humains, et de conduire ce peuple dans la profondeur d’une Alliance qui manifeste, et devient signe concret, de son amour envers le monde. Le Mystère d’alliance, cette réalité supérieure, se réalise dans la Personne même de son fils, du Fils de Dieu, le Verbe fait chair, le Christ Jésus.

En lui, Jésus, s’incarne (au sens strict) la plénitude de l’humanité et de la divinité qui accepte la volonté du Père.

En lui, Jésus, qui est notre loi, qui est notre référence immédiate et la source de notre vie, nous avons la loi de Dieu qui a pris chair.

Notre Alliance se réalise, se conclut, s’actualise en permanence dans la Personne même de Jésus, vrai Dieu et vrai homme : sa Personne divine qui s’est unie l’humanité. Et cette humanité sainte permet au Seigneur d’accomplir à travers la nature humaine, la plénitude de la volonté de Dieu. Nous sommes sûrs qu’il y a eu un être humain dans toute l’histoire du monde qui a accompli la plénitude de la volonté de Dieu. Et cette Personne est le Christ Jésus, Jésus de Nazareth !

En lui, Jésus, nous devenons participants du Mystère de cette alliance, une Alliance nouvelle, définitivement nouvelle, éternelle, indépassable, pour manifester l’amour de Dieu envers le monde et envers chaque être humain : quand le prêtre ou l’évêque consacre le pain et le vin qui vont devenir le Corps et le Sang du Christ, c’est-à-dire la Personne du Christ avec toute sa divinité, son humanité, son âme, son corps, la réalité du Christ lui-même, la prière consécratoire dit : cette alliance nouvelle et éternelle.

En lui, le Christ, par son incarnation, sa passion, sa mort et sa résurrection, nous sommes conduits à notre perfection humaine chrétienne ; non par nous-mêmes mais par Celui auquel nous obéissons et qui est la cause, la source permanente du Salut éternel, comme nous le décrivait l’auteur de l’Épître aux Hébreux.

Frères et sœurs, comment devenons-nous participants de cette grâce unique et salvatrice ? Par la foi et le baptême. Nous le savons ; nous le vivons ; mais en ce temps de carême, nous sommes appelés à un renouveau intérieur, à sortir d’une sorte de torpeur, d’endormissement chronique. Nous sommes appelés à nous ressaisir pour avoir une vie de foi (une vie vivifiée en quelque sorte), une vie tonifiée par la réalité de ce lien avec Dieu : dont le moyen qui nous relie à Lui est la foi et le sacrement de baptême. C’est la foi qui nous fait adhérer aux vérités révélées et reconnues comme telles, et le sacrement de baptême qui nous purifie et nous donne d’entrer dans la vie même de Dieu, ainsi que dans la communauté des hommes rachetés par le Sang du Christ (cette communauté qui s’appelle l’Église) ; et ces hommes qui reconnaissent ce Don gracieux de Dieu à leur égard ; Don qui s’adresse à tous les hommes, sans aucune distinction d’origine, de parcours ou de situation humaine.

Oui, frères et sœurs, nous sommes appelés à reconnaître le Don de Dieu que nous avons reçu. Si durant l’hiver, la nature semble dormir ou même être morte, le printemps réveille la vie dans les arbres, les plantes, les fleurs, et nous donne une énergie nouvelle, donne une énergie à toutes les créatures. En quelque sorte, la nature renaît… La Résurrection du Christ Jésus fait plus encore ! Elle recrée les hommes pour les faire entrer dans ce monde nouveau, qui est le monde de Dieu.

Oui, frères et sœurs, le Don de la foi nous donne le moyen de passer des réalités humaines, naturelles (qui sont bonnes, voulues par Dieu), aux réalités surnaturelles, à la vie de grâce qui est un monde nouveau que seule la foi nous permet d’accueillir, de ressentir au niveau spirituel et d’adhérer, d’en vivre. Le Christ Jésus est passé par l’hiver de sa Passion pour nous entraîner dans le printemps éternel de sa Résurrection, qui ne connaît pas de déclin, ni de cycle. Si le grain de blé tombé en terre ne meurt pas, il reste seul, mais s’il meurt, il porte beaucoup de fruits, dit le Christ. Jésus est mort, sans connaître la corruption, afin de nous arracher au pouvoir de la mort, de la mort physique qui n’a pas le dernier mot, et de la mort de l’âme qui nous conduirait à la perdition définitive, ce que l’Apocalypse appelle la « seconde mort ».

Le but n’est pas de mourir ; le but n’est pas de passer par la mort ; le but est de recevoir la plénitude de la vie et le bonheur éternel, déjà ici-bas, dans ce lien de foi avec le Seigneur et dans la plénitude dans l’au-delà. Nous sommes appelés de passer par la mort avec le Christ pour vivre. Le Seigneur veut que nous vivions pour toujours.

Le Seigneur Jésus est la Vie, il est le chemin qui conduit à cette Vie ; il nous conduit de cette vie qu’il nous a donnée, et il nous accompagne à travers les ravins de la mort, d’ailleurs de toute forme de mort, mais la mort physique, la mort biologique, pour nous donner et nous introduire dans la vie du Royaume : de son Royaume, du Royaume de son Père, du Royaume des Cieux.

Ce Royaume pour lequel l’univers et l’humanité a été créé. Le but de la création est de faire participer l’humanité, l’univers, à la vie même de Dieu.

Par le don de sa vie, sa vie livrée, sa vie déposée, sa vie offerte, sa vie donnée, dans l’acte souverainement libre et aimant de sa passion et de sa mort physique, le Christ Jésus nous libère de toute attache au Mal, de toute attache à Satan qui est le Père du mensonge et l’auteur du péché, et à toute faiblesse de notre humaine nature qui nous tire vers le bas.

Quand j’aurai été élevé de terre, dit Jésus, j’attirerai à moi tous les hommes. Cette promesse du Christ (qui n’est pas une hypothèse) s’est accomplie mais elle se réalise chaque jour et à chaque instant à travers le monde, non seulement pour les baptisés et les croyants, non seulement pour les catéchumènes, mais envers tous les êtres humains qui acceptent de recevoir la grâce divine et le Don de la foi que Dieu ne refuse à personne.

En permanence, en toute épreuve, en toute tentation et même en toute chute, si grave soit-elle, regardons le Christ Jésus ; regardons le Christ Jésus avec les yeux de la foi ; regardons-le avec les yeux de notre âme remplie de la foi, du donné révélé, de cette certitude que le Christ est vivant, nous accompagne et nous aime quelles que soient les circonstances de notre vie. Lui seul peut nous sauver, nous purifier, nous sanctifier, pour nous conduire auprès de son Père dans la puissance de son Esprit Saint.

Jésus, le Christ, est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes – il n’y en a pas d’autre – et l’Unique sauveur du monde et de l’homme.

En Lui et avec Lui, frères et sœurs, offrons à notre Père du Ciel, toute notre personne et notre vie, le monde, et l’humanité d’aujourd’hui telle qu’elle est, en les présentant à Dieu le Père dans une confiance inébranlable, malgré les difficultés, les reculs, les régressions en tout genre que nous vivons, que nous constatons.

Plus les ténèbres s’épaississent et s’intensifient… plus notre confiance et notre espérance doivent se dilater, croître et se fortifier. Nous savons et nous croyons que le Christ Seigneur Jésus est présent et sera toujours présent auprès de son peuple, de chaque membre de son Corps, comme de tout homme. Quelles que soient les circonstances et les drames, quelles que soient les incertitudes du monde, quelles que soient les calamités qui pourraient revenir très prochainement, avançons donc résolument avec foi, charité et patience et une espérance lucide et dynamique.

Et redisons au Christ, au nom de toute l’humanité : Jésus, j’ai confiance en toi.

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