Homélie du dimanche 17 Mars 2019

2ème dimanche de Carême – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, il a fallu beaucoup de temps aux apôtres pour entrer dans l’intelligence du Mystère profond de Jésus, que ce dernier leur dévoilait progressivement, au fur et à mesure des années qu’il passait avec eux.

Le Messie tout Puissant en qui ils mettaient leur espérance – et qu’ils pensaient avoir trouvé en se mettant à la suite de Jésus – se révélait au fil des chemins poussiéreux parcourus en Galilée, en Samarie, en Judée et au-delà du Jourdain… se révélait comme un Messie humilié, un Messie souffrant. Par trois fois Jésus le leur dira, et la Parole de Jésus résonne en eux comme un éclair dans un ciel bleu : « Voici que le Fils de l’homme monte à Jérusalem ; il souffrira beaucoup de la part des anciens, des grands prêtres et des scribes ; il sera mis à mort et le troisième jour, ressuscitera ». Autant dire que les apôtres n’y comprenaient rien.

Aujourd’hui, il se manifeste à trois d’entre eux dans sa Gloire. Il laisse entrevoir à leurs yeux quelque chose de sa divinité. Quelque chose seulement car on ne peut voir Dieu sans mourir.

Jésus monte avec eux vers Jérusalem et va leur révéler, au risque de ne pas être compris, que le premier à passer par cette mort… c’est lui… lui Jésus, à la suite de qui ils se sont mis, abandonnant leur filet pour le suivre.

Il faut bien comprendre que cet épisode de la Transfiguration du Christ se situe dans l’évangile juste après le passage où Jésus leur a dit : « Si quelqu’un veut venir à ma suite, qu’il prenne sa croix et qu’il me suive ; qui veut sauver sa vie, la perdra ; qui perd sa vie à cause de moi, la sauvera ». Et les apôtres étaient comme nous, ils entendaient peut-être ce qu’ils voulaient bien entendre…

On comprend alors, que la participation à la gloire du Christ, et la marche à la suite du Christ qui souffre sa passion, sont deux mystères de la vie du Christ, qui sont intimement liés.

La gloire et la croix.

Jésus vit cela pour nous enseigner à vivre cela : mystère lumineux et mystère douloureux de notre vie. « L’amour et la mort sont tellement mêlés ensemble en la passion du sauveur » dit St François de Sales « qu’on ne peut avoir au cœur l’un sans l’autre. »

En guise d’illustration, permettez-moi de vous lire quelques lignes d’une personne venue un jour à l’hôtellerie, qui écrivait avant sa venue pour se présenter :

« Je suis chrétienne, croyante et pratiquante. Je vis pleinement avec notre Seigneur et consacre plusieurs heures par jour à la prière et à la lecture de la Sainte Bible. Atteinte de plusieurs cancers depuis trois ans que les médecins ne savent pas soigner, je fais chaque semaine quelques jours de jeûne et de prière. Dans sa grande miséricorde, notre Seigneur Jésus me garde. »

Ce sont ; frères et sœurs, ce genre de personnes qui portent le monde… qui en sont peut-on dire les colonnes. Elles sont dans le silence et la discrétion, dans leur vie, de puissants contrepoids à ceux qui tirent le monde vers le bas ! Portant dans leur vie le double mystère de la gloire et de la croix. Elles sont devenues au sens littéral du terme, d’autres Christ. Non pas qu’elles veulent se substituer au Christ mais le Christ vit en elles les mystères de sa passion et de sa résurrection. Ici se vérifie la pertinence de la célèbre parole de Pascal : « Le Christ est en agonie jusqu’à la fin du monde ».

Oui, frères et sœurs, marcher à la suite du Christ en vérité, c’est toujours entrer un jour ou l’autre dans la nuit du Thabor. Les Pères de l’Église nous disent « qu’il faut toujours franchir dans notre vie chrétienne, les trois monts : passer du Mont des Béatitudes, au Mont Thabor et au Golgotha. »

La nuée de la foi qui donne de goûter à la beauté de la vie dans le Christ, mais aussi qui nous rend participants de la coupe douloureuse de sa passion. « Pouvez-vous boire à la coupe que je vais boire ? » dit un jour Jésus à ses apôtres qui se disputaient pour savoir lequel d’entre eux était le plus grand et serait assis à la droite du Seigneur…

Oui, se mettre à la suite du Christ, c’est sortir de la tente où l’on a tous ses repères ; c’est quitter la douceur de la montagne du Thabor, après l’avoir quittée et en avoir fait l’expérience, pour marcher vers une autre montagne, celle du Golgotha. Ce fut la vie des apôtres et celle à laquelle nous sommes appelés. Gloire et croix, oui, sont intimement unies dans la vie du Christ, donc dans la vie du chrétien. « Le Christ ne s’arrête pas à « Sauve-moi de cette heure » écrit St Jean Chrysostome, mais à « glorifie ton Nom », et Jean de poursuivre « glorifie ton Nom, cela veut dire « Conduis moi jusqu’à la croix ! »

C’est ce chemin, chers frères et sœurs, que le Carême nous fait parcourir tout au long de ces quarante jours, dans la force de l’Esprit. Il nous le fait parcourir progressivement avec toute la pédagogie que sait si bien mettre en œuvre la Liturgie. Elle nous conduit du Thabor jusqu’aux Jours Saints, qui culminent dans le jour de Pâques, de la glorieuse Résurrection du Seigneur.

« Per crucem ad lucem » : de la croix à la lumière, aimait dire St Ambroise de Milan.

Que la douceur du Christ nous accompagne tout au long de ce chemin de Carême, pour embrasser avec la croix du Christ, la joie et la gloire de sa résurrection.

Amen !

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