Homélie du dimanche 16 octobre 2022 – 29ème Dimanche Temps Ordinaire – Année C

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés, le Seigneur nous demande de rester fermes dans notre foi. Paul écrit à Timothée : « Demeure ferme dans ce que tu as appris ». Demeurer fermes dans la certitude de notre foi ; demeurer fermes à ce que nous avons reçu de la Tradition de l’Église ; demeurer fermes dans la vérité de la révélation divine : Dieu qui dit, Dieu qui se dit, Dieu qui veut que nous rentrions en communion avec lui.

Parmi ces éléments de certitude où Timothée est appelé à rester ferme dans la foi, il y a la prière. La prière est comme la respiration de l’âme, la santé de l’âme. Au niveau physique, des poumons qui ne respirent plus entrainent en quelques minutes la mort… nous sommes tous au courant. Et bien une âme qui n’est pas en relation avec Dieu, est une âme languissante sinon morte.

La prière est constitutive de notre être chrétien. Car qu’est-ce que la prière ? C’est une relation. Une relation de l’homme envers Dieu, de l’homme qui répond à l’appel de Dieu. C’est une relation ! Comme toute relation, elle doit être nourrie, vivifiée, sinon il n’y a plus de relation. La prière n’est pas un exercice compliqué où il faudrait prendre un air coincé ou une attitude quasi sportive pour être en relation avec Dieu… pas du tout ! La relation est une conversation de l’être humain avec Dieu. Dieu qui nous parle dans l’Écriture, qui nous parle à travers la Parole de Dieu (l’Écriture Sainte, la Bible), qui nous parle à travers les évènements, qui nous parle dans notre conscience… Dieu attend notre réponse par la prière.

La prière est une conversation avec Dieu. Nous parlons les uns avec les autres, dans les couples, dans les familles, nous parlons entre amis (du moins, c’est à souhaiter !). La prière, c’est de s’adresser à Dieu, de parler avec simplicité, au fond de son cœur dans le silence, c’est très simple : par la célébration liturgique, la célébration sacramentelle de manière communautaire, nous parlons à Dieu et Dieu nous parle.

La prière est constitutive de notre vie chrétienne. Une vie chrétienne sans prière, c’est un état comateux au niveau spirituel, presque un coma dépassé. Nous sommes invités à vivifier quotidiennement notre prière, de commencer notre journée par la prière, de la continuer par la prière, et de l’achever par la prière. Une prière conçue comme une conversation amicale avec Dieu, une conversation filiale, une conversation d’intercession, comme nous l’avons entendu dans la parabole de cette veuve qui est pugnace par rapport à ce juge, ce magistrat qui est indigne, et qui se laisse toucher non par grâce mais par soupir, par nécessité ; cette veuve qui vient l’assommer par ses demandes… qui lui demande simplement ce qu’il devrait donner, la justice.

Donc, nous sommes appelés, nous, à l’égard de Dieu, à intercéder pour nos frères et sœurs. Dieu n’est pas un magistrat indigne, il est un juge, il est un Père qui nous accueille, qui ne nous fait pas attendre.

Oui, organiser nos journées pour que la prière soit présente. Encore une fois, sans se compliquer la vie, sans chercher midi à quatorze heures, mais en vivant en relation avec Dieu. C’est ça la prière.

D’avoir une habitude de prière, comme on a une habitude de parler entre amis, de se téléphoner, de s’envoyer des mails, etc… d’avoir cette habitude, cette conversation familière avec Dieu ; tout d’abord en l’écoutant en nous, en nous nourrissant de sa Parole – Paul dit à Timothée « Toute l’Écriture est inspirée » – on peut s’en nourrir, ça nous sert à nous enseigner, à nous redresser, à nous éduquer et à aider les autres ; mais aussi de maintenir cette prière tout au long de la journée ; commencer sa journée par la prière illumine la journée et nous donne la force pour avancer. Puis de prendre des points d’appuis : dans la vie monastique, il y a certaines habitudes pour nous aiguillonner dans la prière : pour nous, quand la cloche sonne – si on a une montre ou un téléphone portable, on peut mettre un petit bip qui nous rappelle qu’il faut prier à ce moment-là – un retour vers Dieu, un élan du cœur qui nous tourne vers Dieu.

Oui, la prière n’est pas accessoire, c’est une nécessité vitale. Car comment croire en Dieu sans jamais s’adresser à lui ? Incompatible, enfin absurde !

Donc, la prière est là pour nous mettre en communion avec notre Père du ciel, avec notre frère ainé Jésus, notre Sauveur et notre Dieu, en étant à l’écoute de l’Esprit Saint pour recevoir de lui ses inspirations, ses motions, nous laisser guider par lui. Quand on aime, on aime rencontrer les autres : des amoureux aiment se rencontrer ; des parents aiment voir leurs enfants ; les amis aiment se rencontrer, pour parler, prendre un bon repas, avoir une après-midi d’amitié, etc… ça fait du bien ! Et c’est une nécessité de se rencontrer. Comment dire « on aime Dieu » si on s’adresse jamais à lui ! Ou si on s’adresse à lui dans les cas désespérés où à travers les drames de la vie humaine, on commence à esquisser une prière… c’est mieux que rien, mais est-ce que c’est vraiment sérieux ? Est-ce qu’on prend le Seigneur au sérieux ? Est-ce qu’on le respecte ?

Oui, de nous appuyer avec fermeté sur l’un de ces aspects fondamentaux de notre vie, de notre être chrétien : la prière qui est une relation, une communion d’amitié, une écoute mutuelle ; Dieu nous écoute et nous sommes appelés à l’écouter pour accomplir sa volonté.

Alors, les textes d’aujourd’hui, dans la liturgie de cette Messe, soulignent un trait particulier, c’est qu’il faut persévérer dans la prière ; il ne faut pas que ce soit un feu de paille : on prie une fois par semaine, et encore… nous sommes appelés à persévérer, et à persévérer à une pénibilité, comme toute persévérance. Il faut traverser l’épaisseur de la vie, l’épaisseur des journées lourdes, l’épaisseur des contrariétés, l’épaisseur des fois de la souffrance. Ce n’est pas évident ! Et donc, il y a une grâce particulière à demander pour persévérer. Mais la persévérance permet de porter du fruit. Voyez l’agriculteur qui commence à faire des semailles… après il attend des mois… on n’a jamais vu des légumes pousser en 24 heures ! Il faut être patient. Un industriel qui lance une entreprise, ou la construction de certains éléments, il ne le fait pas en une semaine… il est bien obligé de construire des usines, d’avoir des projets et d’établir un plan… et des objets, des véhicules, etc… sortiront au fil des mois.

C’est une nécessité, il y a une persévérance à avoir.

Une personne qui construit une maison : cela lui prendra plusieurs semaines a minima pour construire une maison ! Un travail intellectuel demande des années de persévérance, de peine voire de tentation de découragement, c’est inéluctable dans la vie humaine.

Ainsi, c’est la même chose pour la prière, il y a une nécessité d’avancer, de se remettre chaque matin « au métier » pour avancer ; et cela n’est pas réservé aux moines, au Pape ou aux évêques, c’est pour tous les fidèles chrétiens ! C’est ce lien vital avec le Seigneur, cette respiration de notre âme !

Donc, abordons la prière si vous voulez cette semaine avec joie, une rencontre amicale : on se met dans un coin de son appartement, de son studio, de sa maison, de son château, de tout ce que vous voulez… pour se mettre à prier, rencontrer cet Ami : avoir un coin de prière. Mieux encore, c’est de venir dans des chapelles, des églises (qui malheureusement sont trop souvent fermées…) pour rencontrer le Seigneur présent dans l’Eucharistie : ainsi, on parle de manière beaucoup plus aisée avec le Seigneur, puisqu’il est là sacramentellement dans la vérité de son mystère, vrai Dieu et vrai homme.

Mais nous pouvons le rencontrer dans la nature ; prier en marchant, dans les belles couleurs de l’automne… prier, prendre du temps pour prier.

Et puis de persévérer, ne pas avoir peur de faire un certain plan de prière dans la journée, des heures fixes : de ne pas attendre, de ne pas se laisser aller selon l’inspiration du moment ; de prendre des repères, et des repères qui nous soient faciles, pas des repères impossibles.

Enfin, de nous laisser habiter par cette prière, nous laisser conduire par cette prière : plus nous prierons, plus nous aurons le goût de la prière. Les personnes qui font du sport, plus elles exercent dans ce sport, plus elles ont d’aisances. Plus quelqu’un étudie un certain sujet, plus il se familiarise avec (même si c’est une connaissance toujours limitée)… plus nous prierons, plus nous aurons cette souplesse, cette facilité à prier.

Ce ne sera pas un pensum où il faut prier mais une rencontre amicale.

Alors, que le Seigneur nous donne cette grâce – et ouvrons nous à sa grâce parce que c’est la volonté de Dieu, ce n’est pas une hypothèse – de recevoir de lui cette fermeté dans la prière, d’être solide dans la prière. Et aussi en ces temps plus difficiles (et à travers l’histoire humaine, quels sont les temps qui n’étaient pas difficiles !) d’intercéder ; combien de temps perdons nous à critiquer autrui, à comparer, à juger, quand ce n’est pas condamner… et bien, employons ce temps à la prière, à l’intercession personnelle et communautaire, pour la paix, pour la justice, pour l’équilibre social, pour que la vérité et l’équité ruissellent à travers toutes les structures sociales. Cela, demandons-le !

Quand Moïse élevait les mains, Josué était victorieux, et quand Moïse par fatigue baissait les mains, Amalek (le symbole du mal) gagnait. Il en est la même chose pour nous. Il ne s’agit pas d’avoir des stratégies, des raisonnements – qui sont nécessaires – mais surtout de commencer toute action, de la poursuivre et de la finir dans la prière, c’est-à-dire en s’appuyant sur Dieu et en étant inspiré par lui.

 

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