Homélie du dimanche 16 septembre 2018

24ème dimanche du temps ordinaire – Année B

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur

Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés, les lectures de la Messe de ce dimanche orientent notre réflexion, notre méditation, notre prière vers le Seigneur, vers le Seigneur Jésus dans le mystère de sa Passion, en renvoyant et en incluant dans ce mystère pascal du Christ Jésus, la passion de l’humanité : la passion, la souffrance et l’injustice que l’humanité traverse ici-bas. Après la lecture de ce passage évangélique, pourrions-nous en conclure que notre vie se réduirait à une existence dans laquelle toute joie serait bannie ?

Frères et sœurs le Seigneur Jésus nous appelle à une plénitude.

« Je suis venu, dit Jésus, pour que les hommes aient la vie, la vie en abondance ».

Et plus loin dans st Jean, Jésus nous dit « je vous ai dit cela (entendu « demeurez en moi ») pour que ma joie soit en vous et que vous soyez comblés de joie ».

Oui, Jésus veut notre plénitude ; il nous la donne ; il nous communique sa joie, sa paix !

Lui qui est « le chemin, la vérité et la vie ! ».

Lui qui est « la lumière du monde ! ». Lumière du monde qui illumine et éclaire tout homme venant dans ce monde.

Mais cette plénitude est vécue dans un paradoxe, qui n’est pas une contradiction mais comme des contrastes forts, qui nous installent sur les deux bras de la Croix verticale et horizontale, et à la suite de Jésus, les deux bras grands ouverts.

Cette adhésion au Christ est vécue dans la foi. Avec l’apôtre Pierre nous affirmons « Tu es le Messie, tu es le Christ, tu es le fils du Dieu vivant ». Nous recevons tout ce que Jésus dit et tout ce qu’il nous dit ; tout ce qu’il nous demande.

Mais nous sommes appelés également à vivre concrètement ce mystère de foi dans une pratique, une praxis, une mise en œuvre qui incarne ses paroles et qui ne reste pas simplement au niveau cérébral, verbal, au niveau des idées.

Suivre Jésus, c’est concret. Suivre Jésus dans cet abandon, abandon confiant sans réserve, sans calcul, sans conditions dans le contrat, jusqu’à la Croix, la Croix inclue et obligatoire.

Pourquoi obligatoire ?

Parce que la Croix est l’unique réalité du monde, qui restaure l’homme dans l’image, la ressemblance au Père par le Fils dans l’Esprit Saint, tel que Dieu a voulu créer l’univers et l’humanité.

Par la croix nous entrons dans le travail de Jésus. Jésus nous dit dans st Jean « Je suis toujours à l’œuvre et mon Père est toujours à l’œuvre ». Et cette œuvre de Jésus, cette grande œuvre de toute sa vie, est récapitulée et exprimée dans son intensité, dans sa densité, dans la Croix qui exprime l’amour du Père pour le monde et pour chaque être humain en particulier, quelle que soit sa condition… puisque c’est Dieu qui est le créateur de tout homme.

C’est cet amour qui est vécu, qui est exprimé dans la Croix ; c’est à cet amour que nous sommes conviés, appelés, comme une bienheureuse nécessité. Si nous voulons suivre Jésus en esprit et en vérité, c’est la Croix qui est et sera toujours notre lieu de vie. Mais cet état, et dans cet état sur la Croix nous trouverons la joie, la joie parfaite, à l’exemple de François d’Assise qui, abreuvé d’ennuis, exultait de joie !

Bien, nous aussi, nous sommes appelés à exulter de joie dans la contradiction dans la Croix. Car François avait compris mieux que d’autres ou plus que d’autres ou aussi bien que d’autres, que l’amour se manifeste par la fidélité au Christ et notre conformation à lui.

Si nous ne sommes pas conformés au Christ, notre vie chrétienne sera stérile, sera inachevée. Nous sommes appelés à suivre Jésus par la foi, à adhérer à lui constamment, à demeurer en lui. Mais le fait de demeurer en lui va mettre en œuvre en nous notre agir, toute notre vie consciente, morale, tous nos actes intérieurs et extérieurs, pour être conformés concrètement à lui, et d’agir – comme le rappelait st Jacques, il s’agit pas de dire « Je crois ! » et de laisser ses frères et sœurs en humanité mourir de faim et de soif !

Car comme le disait Jean Chrysostome (IVème-Vème siècle) « et Jésus n’a d’autres mains et d’autres pieds que les nôtres, aujourd’hui, pour porter secours ».

Certains disent « si Dieu existait pourquoi, pourquoi il y a tant de malheurs ? »

Mais s’il y a tant de malheurs c’est que nous ne faisons rien ! Le responsable, ce n’est pas Dieu, c’est nous… qui vivons en égoïstes tant sur le plan surnaturel que sur le plan pratique. Si nous nous engagions vraiment, et si tous les membres de l’Église s’engageaient vraiment à agir… vraiment, conformément, l’humanité serait transfigurée assez rapidement… c’est que nous sommes tous et chacun relativement tièdes et à certains jours complétement froids, et que nous nous confortons avec des mots, des idées ; nous ronronnons ‘l’amour de Dieu, l’amour de Dieu’ mais nous vivons rien du tout ! Et donc nous sommes appelés à nous réveiller ! Comme disait un évêque africain « l’Église est comme un géant qui est engourdi »

Alors avec la grâce de l’Esprit Saint, de recevoir l’Esprit Saint, nous sommes appelés à nous réveiller, à nous réchauffer. Comme les lézards (les lézards verts), dans le froid ils sont paralysés mais au soleil, ils prennent toute leur rapidité. Et bien nous sommes appelés à être comme ces animaux, mais conscients et aimants, pour répondre à l’amour de Dieu et vivre profondément ce que Jésus nous dit. Mais cela va se passer par la Croix à deux niveaux :

Au niveau personnel et surnaturel pour le Salut éternel des âmes, afin de participer à la Passion du Christ pour avoir part à sa gloire… car la Croix est un grand mystère, et Dieu a voulu sauver le monde par la Croix et la souffrance. Nous pouvons tourner dans tous les sens, c’est comme ça ! Et tout être humain qui voudrait éviter la souffrance se fuirait lui-même mais fuirait pour mieux trouver les souffrances ailleurs !

Il s’agit de donner un sens à la souffrance, de l’intégrer… de lui porter secours… mais de l’offrir, de vivre en oblation.

Et l’autre aspect : de porter secours à nos frères et sœurs en humanité, quelle que soit la souffrance, afin de les aider ; de les aider, d’avoir de la compassion.

Hier nous fêtions Notre Dame des Douleurs : Marie est martyre par sa compassion.

Vivre avec la passion de l’autre, vivre dans la passion de l’autre pour le porter, pour le sup-porter, et comme on est supportés par les autres – c’est-à-dire se mettre dessous pour supporter et pas supporter en disant « j’en ai assez ! » – mais de nous laisser saisir par cet amour et de manifester cet amour par rapport à ceux qui n’en peuvent plus, ceux qui ne croient pas, ceux qui n’y voient pas clair.

Alors que le Seigneur nous donne, en cette Eucharistie, cette acceptation profonde de notre vie… sans réserve ; d’accepter les limites, la souffrance, les échecs, qui ne sont que des échecs apparents, car Dieu nous montre la finalité, la ligne d’horizon, l’aune de notre vie – c’est pas ce que nous vivons aujourd’hui – mais c’est l’éternité et la plénitude du Royaume de Dieu…voilà l’espérance chrétienne.

Mais cette espérance va se manifester pour porter nos frères et sœurs aujourd’hui qui souffrent… aujourd’hui… de la faim, de la soif, d’être accueillis, d’être consolés, etc… Et que le Seigneur nous donne cette lumière et cette force pour être des témoins authentiques de son amour de miséricorde.

Historique de nos Homélies

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