Chers frères et sœurs,

En ce Dimanche qui précède la solennité de l’Ascension, la liturgie de la Parole nous offre ce bref passage du discours d’adieu du Seigneur après la Cène.

Discours où Jésus, juste avant sa Passion, s’entretient devant ses disciples, de son proche départ vers le Père. Moment d’une grande intensité désintéressée où Jésus révèle à ses disciples, de façon très modeste mais déjà assez claire, le grand mystère de la sainte et divine Trinité. Il trouve des mots pouvant découvrir, ce qui lui tient à cœur : le rôle en quelque sorte de chacune des trois Personnes, par rapport à leur mission dans le déroulement de l’histoire du Salut. Il nous apprend que les trois Personnes sont relatives les unes aux autres, mais qu’elles interviennent toujours avec déférence dans un certain ordre, pour que se réalise le Dessein de bienveillance : la Promesse du Salut et l’alliance de Dieu avec l’humanité.

Dans les Évangiles Jésus se présente toujours en second par rapport au Père. Il apparait comme le Médiateur entre nous et le Père qu‘Il implore, mais aussi dans ce passage de saint Jean, comme le Médiateur de l’Esprit Saint qu’Il sollicite, de notre part auprès du Père.

Jésus est vraiment le Médiateur et notre intercesseur auprès de Dieu.

Il tient la deuxième place – place « centrale » si l’on peut dire – au sein de la Trinité sainte. Il est cette seule Personne divine qui pouvait s’incarner, et qui l’a fait magnifiquement, grassement, en se substituant à nous, pour nous ramener à notre Dieu Créateur qui est aussi maintenant « notre Père ». Il s’est fait Pontife et se trouve reconnu comme tel : Grand Prêtre de l’Alliance nouvelle selon la profonde Lettre aux Hébreux.

Cette Alliance de Dieu avec les hommes devait être libre et progressive, sujette à un choix personnel. Elle doit avoir pour moteur, le désir de voir l’Auteur de la Création. Il découle cependant de cet idéal, l’obligation pour chacun de nous de suivre l’apprentissage de l’amour divin, en commençant à observer la loi naturelle et déjà divine, que Dieu nous donne par l’intermédiaire de Moïse (le Décalogue), et que Jésus nous rappelle à pratiquer avant de quitter ses disciples.

Pourtant, c’est avant tout l’amour même du Christ qu’il nous faut imiter ; car la deuxième Personne s’est manifestée en prenant ni plus ni moins notre place pour nous racheter, et nous présenter devant Dieu, justifiés à travers le Mystère pascal, pour ensuite nous élever jusqu’à la condition divine.

Dans l’évangile d’aujourd’hui apparait le comportement pleinement altruiste du Christ : la seconde Personne incarnée, qui s’efface en se désappropriant d’elle-même pour nous « extorquer », en quelque sorte, le châtiment de la mort, et par conséquent, transformer cette antique condamnation en un passage exaltant au sens littéral du terme.

Aussi, la mort bien préparée en Église peut devenir pour nous maintenant une véritable communion avec le Christ crucifié et glorifié.

L’évangile de ce dimanche nous décrit l’attitude de la tendre compassion de Jésus au moment de quitter ses disciples. On voit qu’Il se montre inquiet vis-à-vis des siens, Il connait toute leur fragilité ; alors que Lui-même va affronter la passion douloureuse en expérimentant la déréliction la plus extrême au jardin des Oliviers puis sur la Croix. Il ne veut pas les laisser seuls, pareils à des orphelins !

« Sans Moi vous ne pouvez rien faire » ne leur a-t-Il pas déjà dit

C’est alors qu’Il leur annonce qu’Il va leur faire un dernier Don précieux, avec l’avènement d’un autre Défenseur qui se fera l’Avocat des pauvres, face à l’adversité du très fort ennemi de Dieu. Ce Défenseur prendra, pour ainsi dire, la place de Jésus auprès d’eux, invisiblement, car Il les remplira de sa Présence en chacun d’eux, Il sera leur réconfort et leur Conseiller à jamais. Il sera le grand Agent de la Promesse pour les derniers temps.

Quant au Christ, après son Ascension, Il restera caché auprès du Père des Cieux jusqu’à la Parousie. Il leur dit encore à la manière d’une confidence qu’Il se fera découvrir mystérieusement à tous ceux qui aimeront le Père et observeront fidèlement ses commandements.

Qu’il en soit ainsi pour nous,

Amen !

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