Frères et sœurs,

L’évangile de ce dimanche raconte le moment privilégié de la rencontre des premiers disciples avec le Christ. Il se présente d’abord comme maitre à André, après avoir été désigné par Jean Baptiste du nom biblique assez rare « d’Agneau de Dieu », sans doute en connotation prophétique de son sacrifice rédempteur. André le présentera enfin à son frère Pierre, comme le Messie.

Cette rencontre des deux ou trois premiers disciples a une portée symbolique pour l’Église puisqu’ils en constituent déjà le fondement. N’est-ce-pas pourquoi le frère d’André, Simon, sera appelé Pierre par Jésus dès cette première rencontre ? André et Pierre mourront l’un et l’autre martyrs, le premier à Constantinople, le second à Rome.

Le nom d’André se traduit du grec, qui veut dire : « l’homme ancien », Adam, ce terrien que Dieu a créé au paradis en vue d’un partenariat et même d’une Alliance, mais qui s’est vite perdue à cause de la désobéissance du premier couple. André, c’est la figure de l’homme pécheur égaré qui est en quête de sens et de pardon, et que le Fils du Père des cieux vient chercher. Ce moment revêt pour st Jean, qui accompagnait sans doute André, d’une grande importance. C’est le moment, l’heure mémorable où l’homme renoue le dialogue interrompu au commencement sous l’influence néfaste de l’Ange malin, menteur.

André, c’est l’homme en quête de vérité qui attend l’avènement du Messie Sauveur promis à Israël, peuple élu pour préparer cet évènement majeur pour l’histoire de l’humanité, et dont Jean Baptiste annonçait la venue imminente…

Lundi dernier, nous fêtions le baptême du Christ dans le petit fleuve du Jourdain ; cette scène révélait dans ce geste du Christ, d’abaissement dans l’eau régénératrice, l’action conjointe des trois Personnes de la Trinité Sainte, en vue de la purification sacramentelle de tous les croyants. La double intervention du « vol » de la colombe, figure de l’Esprit Saint, puis de l’expression vocale du Père identifiant l’homme Jésus comme son propre Fils, confirme après l’immersion dans l’eau, la réalité de ce dessein de salut projeté de toute éternité dans sa bienveillance.

Frères et sœurs, nous qui avons été baptisés, ce geste salvifique et cette rencontre des premiers disciples nous concernent au premier chef. Dieu n’est-il pas toujours, de son côté, en quête du retour des hommes dans son giron ? Il veut nous arracher aux nombreuses influences mauvaises de Satan et de ses légions de démons qui nous entourent. Le Christ nouvel Adam nous croise encore silencieusement sur nos chemins, afin de nous faire passer de l’état du vieil homme à celui d’homme nouveau ; l’homme nouveau qu’il a établi à travers le mystère pascal.

Il est remarquable de constater lors de cette première rencontre que le Christ laisse à André de faire le premier pas. Il faut noter que Jésus, silencieusement, va et vient devant André et son compagnon. Jésus est rempli de l’Esprit Saint. Il dira « qu’on ne sait pas d’où il vient, ni d’où il va ». À nous de percevoir ce passage salvateur !

Grâce à l’initiative personnelle d’André et de Jean qui se mettent à sa suite, Jésus va se retourner et les interroger car il a ressenti leur désir de faire connaissance et d’amorcer ce premier dialogue. Alors s’effectue le premier échange de regard. Le Christ accepte d’être reconnu par ceux qui le cherchent véritablement avec le cœur. André et Jean cherchent non seulement à le rencontrer furtivement mais aussi à savoir où il demeure pour passer un moment avec lui : comme nous voudrions savoir quelle a été la teneur de ce premier échange ! Nous sommes un peu frustrés…

Compte tenu du fait que st Jean ait noté que cela s’est produit à la « dixième heure », il nous fait comprendre qu’ils ont été comblés ! St Augustin dit que le nombre dix est celui de l’accomplissement. En effet, qu’on pense seulement au nombre dix des commandements, aux dix plaies de l’Égypte ou au nombre des patriarches d’Abraham à Noé.

Découvrir que Jésus est le Christ nous fait « tout comprendre ». Nous sommes au départ et au terme, l’Apocalypse nous dira qu’Il est l’Alpha et l’Omega. Quand on rencontre véritablement le Christ, nous souhaitons toujours demeurer avec lui, et l’éternité est déjà commencée ; la plénitude se réalise nous dira st Paul.

Nous comprenons qu’après une telle révélation, André s’exclame devant son frère Simon : « Nous avons trouvé le Messie », et qu’après un nouveau face à face silencieux d’un échange intraduisible, Jésus déclare l’affirmation impérative et prophétique de son nom nouveau : « Tu t’appelleras Pierre », conforme à sa mission future de chef de l’Église.

Cette Église dont nous sommes aujourd’hui, par la grâce de Dieu, les membres.

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