Frères et sœurs bien aimés,

Si nous observons la nature, notamment les fleurs que nous voyons le matin quand les rayons du soleil commencent à tarder sur les fleurs, elles s’épanouissent : les pétales s’ouvrent pour recevoir la chaleur du soleil. C’est assez remarquable avec certaines espèces comme le tournesol dont les fleurs s’ouvrent mais aussi tournent avec le soleil ; dans les champs les fleurs se mettent à tourner pour suivre la course du soleil, la course de la Terre.

Cette réalité de la nature rejoint la Parole de Dieu ! Il y a une cohérence entre la nature, la grâce, l’œuvre de la création et de la rédemption ; il y a une unité, le même créateur et le même sauveur. Le Seigneur nous appelle à nous tourner vers Lui. À la fin de la première lecture, Saint Pierre dit aux personnes qui l’écoutent, à Jérusalem le jour de la Pentecôte :« Convertissez-vous ! Tournez-vous vers Dieu ! »… Nous sommes appelés non pas à être des fleurs sans intelligence mais des fleurs avec intelligence, et avec la grâce, pour ouvrir notre cœur, notre esprit, notre vie, à la puissance rayonnante du Prince de la Paix, du Soleil de justice (comme l’appelle un des prophètes de la première Alliance) ; le Soleil de justice qui vient nous irradier, de ces soleils qui viennent nous guérir, et non pas nous blesser ou nous tuer mais nous guérir. Nous sommes appelés à vivre vraiment dans cette ouverture à Dieu.

Cela peut paraître évident mais l’expérience nous montre que nous avons la tendance inverse. Nous faisons comme certains animaux, vous savez dans la jungle ou la faune, certains animaux blessés se retirent au loin pour mourir et ils lèchent leurs plaies. C’est la nature. Mais nous sommes appelés à nous laisser guérir par le Seigneur Jésus, guérir notamment du péché, cette tendance au mal qui nous habite même après le baptême où notre vie reste un combat, mais la grâce baptismale nous est donnée, et le sacrement de pénitence qui renouvelle, nous redonne la dynamique baptismale… et bien nous aide à vivre sans cesse dans cette attitude de nous tourner vers Dieu. Comme dit le psalmiste : « Qui regarde vers toi (Seigneur) resplendira sans ombre ni trouble au visage ». Nous sommes appelés à cette attitude du psalmiste : à regarder vers Dieu, à nous tourner vers Dieu. Quand les choses vont mal pour soi-même, pour les autres, nous vivons des moments difficiles, et même de manière beaucoup plus large au niveau de la société… et bien, nous sommes appelés à nous tourner vers Dieu pour devenir des intercesseurs, mais avant de devenir intercesseur, il faut être guéri soi-même en quelque sorte : de recevoir la paix de Dieu, la guérison que seul Dieu veut donner, et peut donner.

Oui, nous sommes appelés à vivre dans cette attitude, et à nous tourner vers le Seigneur qui sans cesse veut nous accorder sa Miséricorde. La Miséricorde est toujours disponible jour et nuit et à chaque instant. Tout dépend de nous ! Dieu n’est jamais fermé ! C’est nous qui sommes absents à sa présence ; c’est nous qui nous fermons à sa grâce. Nous voulons nous en sortir par nous-mêmes. Nous sommes un peu pélagiens. Pélage était un brave homme, un moine du cinquième siècle.

Il disait « vous allez voir on va se mettre à l’œuvre, et je vais montrer à Dieu que l’on peut s’en sortir » (je schématise ses mots). Mais le Seigneur, et l’Église, l’avaient bien dit : nous recevons la grâce de Dieu, la force de Dieu pour s’en sortir ! On ne peut pas s’en sortir par soi-même ! Jésus nous dit au chapitre 15 de st Jean : « Hors de moi vous ne pouvez rien faire ! ». Il faut beaucoup d’échecs souvent pour mettre en œuvre et accepter cette Parole du Seigneur, Hors de moi vous ne pouvez rien faire, et en Lui nous pouvons tout faire ; ce que saint Paul dit : « En lui, je peux tout… Je peux tout en celui qui me donne la force » : le Christ Jésus !

Et donc nous sommes appelés à fixer notre regard, le regard de notre âme, sur Jésus qui nous est présenté aujourd’hui dans la première lettre de Jean, comme l’intercesseur, le premier Paraclet – et le mot Paraclet voulant dire : avocat, défenseur ou protecteur : celui qui est à côté de l’accusé et qui s’occupe de lui de manière plénière – Jésus est le premier Paraclet, le deuxième Paraclet c’est l’Esprit Saint qu’il nous envoie ; le premier défenseur c’est Jésus.

Nous sommes appelés à changer notre regard sur Dieu. Dieu n’est pas là pour nous épier et nous sanctionner, nous tenir dès qu’il y a un écart… « on franchit la ligne blanche sur la route… on voit la sanction qui va arriver ; on a dépassé la limite de vitesse »… Et bien, le Seigneur n’est pas là pour nous épier, pour savoir si nous avons franchi la ligne blanche ou la limitation de vitesse… Il est là pour nous offrir sa vie et nous offrir sa miséricorde. La morale découle de la foi. C’est d’abord notre lien avec le Seigneur, notre accueil de la révélation divine, qui nous permet d’agir en conformité. La foi précède la morale. La morale, c’est-à-dire l’agir humain, les actions humaines, les mœurs : ils sont la conséquence de notre foi qui devrait imbiber notre vie et qui nous meut pour agir selon Dieu dans l’Esprit Saint. Mais si nous venons à pécher – que Dieu nous en garde – et bien, pour nous-mêmes et pour les autres nous avons un intercesseur, Jésus ; Jésus le Christ qui sans cesse, est le grand Prêtre qui intercède pour nous ; c’est une dimension du mystère de la personne du Christ sans cesse révélée pour nous, Jésus est Dieu ; il est Dieu, il ne fait qu’un avec le Père et l’Esprit Saint. En même temps il s’est fait serviteur, il s’est fait homme, le Fils de l’homme, mais dans sa glorification il est devenu le grand Prêtre, l’unique Prêtre de l’Église. Nous qui sommes prêtres, nous sommes simplement ordonnés pour représenter Jésus de manière sacramentelle comme le Christ-tête de l’Église ; et chaque baptisé participe au sacerdoce commun du Christ ; tous les baptisés sont prêtres, prophètes et rois ! Donc il y a cette dimension d’intercession. Mais le seul prêtre, l’unique prêtre de l’Église auquel nous participons par grâce à son unique sacerdoce, c’est le Christ Jésus qui intercède sans cesse pour nous, pour moi, pour vous, mais aussi pour tout le monde, le monde entier, pour tous les hommes, pour le péché du monde. Sans cesse le Christ intercède ! Il n’oublie pas le monde. Dieu n’est pas absent, il n’est pas amnésique. Il n’est pas méprisant. Il prend l’humanité telle qu’elle est aujourd’hui avec ses conflits, ses haines, ses difficultés, mais aussi ses beautés. Le Seigneur est là pour intercéder !

Donc nous sommes appelés peut-être pour ce dimanche à renouveler notre attitude intérieure. Est-ce que dans les difficultés je me tourne directement vers Dieu ou est-ce que je me replie sur moi-même et je reste enfermé sur moi ?

L’autre aspect c’est, par rapport à ma propre misère, est-ce que je reçois régulièrement le sacrement de pénitence pour renouveler la dynamique baptismale, même sans avoir commis des choses terribles… et bien, est-ce que je suis purifié ? Est-ce que mon âme est lavée régulièrement ? Normalement tous les jours on se lave ! Mais est-ce que nous préparons notre âme ? Est-ce que nous lavons notre âme dans la miséricorde divine ?

Et enfin, cette attitude, cette expérience de la miséricorde de Dieu, et bien nous sommes appelés à la partager avec nos frères, nos frères et sœurs en humanité, pour les encourager à vivre de cette miséricorde et dans la dynamique de cette miséricorde. C’est jamais fini ! Dieu pardonne toujours ! Il veut toujours pardonner ! Certes il y a deux excès : ce relativisme où Dieu est miséricorde, et : « faisons n’importe quoi et Dieu pardonnera »… non ! Parce qu’il est miséricorde mais il est justice aussi !

Et de l’autre côté, une espèce de rigorisme où la moindre attitude qui ne va pas, conduit aux portes de l’enfer ! Entre ces deux extrêmes, et bien, nous sommes appelés à avoir une attitude juste et sage qui est celle de la confiance filiale envers Dieu notre Père, par son Fils et dans son Fils, et dans la puissance de l’Esprit Saint ; et c’est là où nous pourrons être témoins auprès de nos frères et sœurs, dont certains croulent sous le péché, pour les libérer, les amener à la lumière. C’est pas nous qui les libérons, c’est le Christ qui libère. Et comme Philippe et André ont conduit des personnes au Christ Jésus, comme le Baptiste a conduit ses disciples auprès du Christ, comme André et Saint Jean ont conduit Pierre auprès du Christ (parmi les premiers appelés) ; et bien, nous sommes appelés à conduire nos frères et sœurs auprès du Christ Jésus, afin qu’ils puissent vivre en pleine liberté, qu’ils soient eux-mêmes, et qu’ils puissent accomplir l’œuvre de grâce, la merveille que Dieu veut réaliser en nous et par Lui.

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