Frères et sœurs bien aimés, la prière d’ouverture de la messe que l’on appelle la collecte (qui veut dire qu’on se rassemble, on se recueille intérieurement et tous ensemble pour présenter à Dieu toutes nos intentions mais aussi la prière que l’Église nous donne, qui va être dite par le prêtre ou l’évêque) ; et donc c’est pour ça que le prêtre marque un temps de silence après avoir dit : « Prions le Seigneur ».

Cette collecte aujourd’hui nous fait prier tous ensemble, de manière objective et pas simplement selon notre ressenti, pour que Dieu notre Père fasse grandir en nous l’Esprit d’adoption filial. Ce qui est la caractéristique du Don de Jésus, c’est qu’il vient au nom de son Père – qui est son Dieu aussi dans son humanité Sainte – Il vient pour nous introduire dans sa filiation. Et cette entrée dans la vie de Dieu nous est donnée par le sacrement de baptême ; le baptême est la porte des sacrements, la porte qui nous fait rentrer au ciel, Porta caeli : La porte du ciel, titre qu’on donne aussi à la Vierge Marie. Cette porte est avant tout Jésus, il le dit lui-même : « Je suis la porte des brebis ».

L’Église nous fait prier aujourd’hui pour grandir dans cet esprit. Toute notre vie est une croissance, depuis notre conception dans le sein de notre mère jusqu’au moment de notre départ, de notre mort physique (qui peut arriver à tout moment, mais il ne faut pas en avoir peur) ; nous sommes appelés à une croissance, même si au fil du temps, à partir de 25 ans, on commence à décroitre ! Les cellules ne se renouvellent pas toutes entières, ou se renouvellent de manière régulières, on reste le même ; on n’est pas tout à fait le même mais on vieillit ; ce vieillissement corporel n’empêche pas la croissance spirituelle mais au contraire l’appelle ; « Si l’homme extérieur tombe en ruine, l’homme intérieur grandit et se construit de jour en jour » nous dit saint Paul …jusqu’au grand jour !

Nous sommes appelés à une croissance dans notre vie de baptisé, nous ne pouvons pas rester statique, comme si nous avons reçu le baptême et comme si on était en règle ! On a reçu le baptême comme une espèce de concours…on a été baptisé, on a fait notre première communion, on est bien gentil, on est bien rangé (extérieurement) ; et nous sommes en règle, nous n’avons plus qu’à attendre la vie éternelle !…

Le Seigneur nous appelle à une croissance ; nous ne sommes pas là pour cacher ce que nous avons reçu – rappelons-nous la parabole des talents qui sont répartis aux différents serviteurs : il y a celui qui va cacher son talent… il ne le gaspille pas, il le rend à son propriétaire, il ne le fait pas croitre… et il est condamné pour cela ! Le Seigneur lui dit : « Tu aurais pu mettre l’argent à la banque, tu aurais eu un petit taux (malgré l’inflation !) ».

Nous sommes appelés à faire grandir en nous cet Esprit. Et le Seigneur compte sur nous. Dans la vie chrétienne, si la grâce de Dieu fait tout, elle fait tout mais jamais sans nous ! Nous sommes appelés à consentir à la grâce !

Les grands saints sont ouverts ou se convertissent sans arrêt pour s’ouvrir à la grâce. Dieu peut tout mais il ne le fait pas en nous forçant ; il nous sollicite ; il nous appelle ; comme cette belle image qui est employée dans la première lecture que nous avons eue, quand Dieu s’adresse à Elie qui représente le prophète par excellence, l’homme de Dieu, l’homme de feu (dans tous les sens du terme)… Elie reconnait la présence de Dieu non pas dans l’ouragan, le tremblement de terre, le feu, la violence des éléments… il le reconnait dans la brise légère ! Cette brise légère qui était au premier jour de la création. Le Seigneur est là qui indique l’Esprit Saint ; donc Dieu parle dans la tendresse, la douceur, l’humilité (on pourrait dire), il s’adresse à nous, il parle à notre âme, à notre conscience : « Fais ci, ne fais pas cela »… il nous meut ! Ce sont les motions de l’Esprit Saint.

Nous sommes appelés à être attentifs à ces motions de l’Esprit Saint, pour les choses graves mais aussi pour les choses plus secondes mais qui construisent notre vie ; plus nous serons attentifs à la voix de Dieu dans notre âme, à ce petit souffle (c’est une image évidemment), cette lumière intérieure qui éclaire notre conscience, plus nous serons dans les mains de Dieu. Les grandes œuvres se font par un travail quotidien ! On ne construit pas une cathédrale en huit jours !

Nous sommes appelés tous les jours à œuvrer ; et à construire notre vie en communion avec le Seigneur et en lui ; à correspondre à sa grâce. Et cela malgré toutes les difficultés de la vie : Elie a passé quarante jours à marcher dans le désert pour rencontrer Dieu à l’Horeb (le Mont Sinaï, deux noms qui disent la même réalité). Elie met quarante jours pour y arriver – il y a une plénitude dans la Bible, où le nombre quarante est une plénitude – et Jésus rejoint ses apôtres sur le Lac de Tibériade en marchant sur la mer ; il les rejoint à la fin de la nuit. Le Seigneur nous laisse avancer… il nous appelle à œuvrer dans sa grâce et à être fidèle dans le combat. Notre vie est un combat comme pour Elie, comme pour les douze apôtres de Jésus ; et nous sommes appelés à combattre toute la nuit, à supporter le vent des tentations, les contrariétés, les persécutions, les incompréhensions, les incohérences – à commencer par les nôtres – nous sommes appelés à avancer et à attendre tout de Dieu ! Comme Elie qui reçoit cette puissance de Dieu ; le texte ne le dit pas mais le texte qui suit le décrit pour continuer sa mission en consacrant deux rois et son successeur qui deviendra le prophète Élisée.

Nous sommes appelés nous aussi à collaborer à l’œuvre de Dieu. Dieu ne fera rien sans nous ! Il peut tout faire ; en puissance absolue, Dieu peut tout à tout moment ; il ne le fait pas parce qu’il respecte notre liberté ; il sollicite notre liberté : « Veux-tu ? »

Dans l’évangile, Jésus dit toujours : « Si tu veux »… c’est une obligation morale mais si tu veux. Jésus est poli et il respecte notre liberté.

Nous sommes appelés à répondre à cet amour ; à avancer et à nous appuyer sur lui en tous temps, surtout quand les vents sont contraires. Et ne pas avoir peur des évènements de la vie, des échecs, des souffrances parce que le Seigneur nous accompagne. Cet Esprit d’adoption filiale fait que notre relation avec le Père est une relation d’amour, de tendresse, comme un petit enfant qui fait confiance à ses parents ; le propre d’un enfant, c’est la confiance. Il a toute une ouverture, une fraicheur, une virginité qui est là pour faire confiance, et c’est très beau ; l’enfant va construire sa personnalité au sein même de cette confiance qui va faire de lui un homme, une femme.

Dans notre relation à notre Père du ciel, il y a quelque chose par analogie de similaire : faire confiance au Père… et le Père nous confie notre frère ainé : Jésus, qui est notre Dieu. Il est notre frère ainé qui nous accompagne, nous guide – comme le premier de cordée ; qui est le premier ressuscité d’entre les morts. Il nous entraine, il nous prend par la main, et nous guide à travers les ravins de la mort.

Il nous communique aussi son Esprit Saint, qui est toujours là comme ce souffle très fin qui nous guide à travers les évènements, à travers les difficultés, à travers les joies aussi ; savoir discerner la volonté de Dieu, et y adhérer ; et plus encore à coopérer à cette œuvre d’amour filiale, non seulement pour soi-même mais pour toute l’humanité ; on ne vit pas simplement pour soi-même, pour son salut, pour être bien…

Nous sommes là pour participer au salut de nos frères. Le Pape Pie XII qui était un grand théologien disait : « Le salut éternel de nos frères dépend aussi de notre prière ».

Nous sommes appelés à prier, à œuvrer, à agir ; Dieu compte sur nous.

Alors que durant cette Eucharistie, nous demandions cette grâce de raviver en nous le Don du baptême ; il est ravivé chaque fois que nous recevons l’absolution, le sacrement de pénitence, qui est là pour enlever les péchés, mais aussi avec une particularité : qui est là pour nous redonner la dynamique baptismale au-delà même du péché ; on a besoin de se relancer, la vie ici-bas fait que : il y a des montées et des descentes et nous sommes obligés comme un moteur de remettre les choses en marche.

Que le Seigneur nous donne cette grâce de prendre conscience de cela et de porter du fruit ; à partir d’aujourd’hui de dire au Seigneur : « Seigneur, nous allons avancer ensemble ».

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