Homélie du dimanche 13 septembre 2021- 24ème Semaine du Temps Ordinaire – Année B
Par le Frère Jean-Baptiste
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.
« Qui suis-je ? » demande Jésus à ses disciples qui marchent à ses côtés. « Qui suis-je pour les gens ? »
« Votre opinion est-elle la même que celle des gens du monde ? Vous qui me suivez depuis près de deux ans – et pour nous, frères ou sœurs, souvent depuis plus de vingt ans – que pensez-vous de mes paroles, de mes actions accomplies avec grande liberté et puissance ? »
Les disciples qui le suivent, reconnaissent Jésus comme Messie à cause du bon côté des choses qu’il manifeste. Comme tous les Juifs de leur temps, les disciples portent en eux la mémoire des plus belles prophéties messianiques liées à la délivrance attendue du peuple élu, mais selon une perspective avant tout terrestre et même triomphale. Jésus se fait donc un devoir de leur révéler la vérité plus complète : l’aspect rédempteur de sa mission avant tout d’ordre spirituel ! Sans doute est-il Roi, mais « sa royauté n’est pas de ce monde », comme il le dira à Pilate.
Or, il est aussi le Grand Prêtre, le Médiateur, Celui qui doit offrir le sacrifice de rédemption pour sauver les âmes de ceux qui croient en la justice et l’amour de Dieu. Il est urgent que les apôtres, fiers de le suivre, comprennent cela ; la preuve de l’urgence de révéler cet aspect essentiel de sa mission, nous la trouvons dans la réaction de Pierre, après avoir confessé la messianité de Jésus. Jésus montre alors qu’il se trompe dans sa vision trop humaine de voir les choses. Il l’interpelle vivement : « Passe derrière moi Satan, tes pensées ne sont pas celles de Dieu mais celles des hommes ».
Cette réaction immédiate et brutale a pour but de lui rappeler, ainsi qu’aux disciples, la réalité profonde de sa mission de Salut spirituel qu’il apporte à l’humanité, et non pas seulement à Israël.
C’est bien Satan qui trompe et qui tronque la lecture des prophéties ! Jésus l’a déjà expérimenté au début de sa vie publique au désert, avec les tentations diaboliques qui essayaient de court-circuiter sa souffrance et sa mort pour passer directement dans la manifestation de sa gloire.
La réticence de Pierre et des disciples est bien encore la nôtre ; la fin du récit le montre clairement avec l’exhortation de Jésus de prendre sa croix pour le suivre véritablement.
Suivre un messie triomphant, nous y sommes tous prêts ! Pour le suivre aussi dans son chemin de croix et de sa mort, cela pose question : la question grave du Salut que nous espérons.
Avec la rebuffade de Pierre, aujourd’hui, l’appel est clair mais rude à accomplir sans l’aide de Dieu : renoncer à soi, prendre sa croix, et marcher à la suite de Jésus Sauveur, n’est possible qu’avec la grâce de Dieu !
Pourtant, celle-ci répond à notre foi dans un Salut spirituel définitif.
Nous souhaiterions tous que le péché soit remis par un tour de prestidigitation mais Dieu qui est juste, ne l’entend pas ainsi parce que nous en sommes tous responsables en face de sa sainteté.
Notre conscience, dont nous nous targuons parfois, est en son fond essentiellement religieuse, parce que c’est elle qui nous relie à Dieu, et que nous sommes créés à sa ressemblance.
Ainsi notre péché sera remis par la miséricorde de Dieu, si nous le voulons bien, si nous consentons à dépendre de cette bonté de Dieu.
C’est pourquoi il nous faut consentir à ce que tout ce qui a pu être mis à l’envers dans notre être, notre vie, par le péché, soit remis à l’endroit. Ce chemin de refonte totale de nos perspectives terrestres et de nos attachements, nous est montré par le chemin que Jésus a parcouru le premier ; pour qu’en prenant la tête de ce chemin, il nous donne la force de le parcourir après lui encore aujourd’hui.
Alors, nous pourrons dire avec le prophète Isaïe que nous avons entendu dans la première Lecture : « que celui qui a une accusation à porter contre moi s’avance car désormais le Seigneur vient prendre ma défense ; personne ne pourra me condamner ».
Amen !