Frères et sœurs,

Le 7ème dimanche de Pâque se place entre les deux solennités de l’Ascension et de la Pentecôte. Il se situe en ce temps si particulier de la grande neuvaine de prière du groupe élargi des apôtres avec la Vierge Marie, qui selon les Actes des apôtres attend la venue de l’Esprit paraclet. L’Esprit est ce Don mystérieux promis par Jésus, juste avant son retour vers son Père des Cieux, qu’Il nous avance pour nous soutenir dans l’épreuve.

Il nous est bon de nous associer avec tous les chrétiens à la prière de ce temps pascal privilégié, où se réitère le mystère de la liturgie eucharistique dont l’Église a tant besoin. En ces derniers jours qui précèdent la fête de la Pentecôte, l’Église a le devoir de prier pour entrer plus avant non seulement dans le mystère du Christ mort et ressuscité, mais aussi dans son mystère d’Ascension qui lui est complémentaire, qui est celui de sa glorification, puisqu’Il est retourné au Ciel avec son corps indissociable de l’âme et de l’Esprit ; Il peut nous en faire don par cet ultime mystère.

Ce mystère est d’une grande richesse pour nous. Il doit pouvoir se déployer dans l’histoire des croyants de tous les temps. Il rendra d’abord les disciples capables de transmettre l’initiation immédiate à l’Esprit, puis de devenir les témoins crédibles de l’accomplissement du mystère du Salut.

Ce mystère exprimera aussi la forme de l’Alliance renouvelée de Dieu avec l’humanité réalisée par le Christ, par son Incarnation salvatrice au moyen de sa Croix désormais glorieuse.

Cette année, l’Église nous fait méditer la partie centrale de la belle prière dite « sacerdotale » que St Jean nous rapporte au chapitre 17ème de son évangile, avant que le Christ ne s’engage sur le chemin de sa Passion. Devant le groupe restreint de ses apôtres, Jésus s’adresse alors à son Père avec simplicité, mais à la manière du Grand prêtre du Temple nouveau qu’Il vient ériger. Il intercède afin que les disciples soient vraiment libres de l’influence du siècle et unis les uns aux autres, qu’ils puissent édifier ce Temple immatériel avec l’Esprit Saint dans leurs âmes, puis dans celles de chacun des autres croyants.

Pour que cette merveille se réalise, Jésus révèle alors le mystère de sa relation intime transcendante, toute puissante, qu’Il partage comme celle d’un Fils unique avec son Père. Mais Il tient aussi à révéler cette autre relation toute nouvelle, très spéciale, par laquelle Il nous assume par-delà notre condition déchue, afin de pouvoir nous rassembler auprès du Père, dans le Royaume.

Pour l’heure c’est la grande épreuve, celle de sa Pâque, c’est la dispersion imminente des disciples ; aussi sa prière se fait plus insistante, levant les yeux au Ciel, Il implore : « Garde les, fidèles à ton saint Nom ». Ce Nom mystérieux du Tétragramme que Moïse a reçu au pied de l’Horeb.

Le Christ veut en effet que nous participions à cette grâce filiale qu’Il détient en partage « avant que le monde existe » – dès l’origine ! Jésus désire nous hisser à son niveau, à sa dignité de Fils du très-Haut. Aussi Jésus souhaite-t-Il nous entrainer dans sa consécration, moyennant son oblation.

La 1ère lettre de St Jean en 1ère lecture l’a proclamé : « Dieu est Amour » ; et cette déclaration de l’Amour nous oblige à la réciprocité et à la fidélité.

Le Christ va donc se substituer à nous et se livrer en sacrifice, afin que (dans ce monde où règne encore le prince du Mal) nous soyons protégés du Mauvais insidieux et demeurions fidèle à sa Parole. Cette Parole qui est comme Jésus l’affirme : « l’expression de la Vérité salvatrice », doit nous séparer, une fois bien reçue et assimilée, de l’influence du Malin menteur !

Ainsi il nous sera possible à notre tour de rendre grâce de ce Salut effectif offert à tous, spécialement à ceux qui, pour une raison ou une autre, se sont éloignés de cette œuvre pourtant toute gratuite de la divine Miséricorde, toujours en attente d’accomplissement au sein de l’humanité.

Amen.

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