« Les disciples étaient remplis de joie et de l’Esprit Saint » écrit Saint Luc.

Tout baptisé, tout chrétien, tout catholique, est rempli de joie et de l’Esprit Saint. Non pas parce que tout va bien, mais parce que la réalité est transformée, transfigurée, rendue lumineuse par la Présence du Ressuscité. Ce n’est pas la méthode Coué ! Ce n’est pas une persuasion subjective ou une forme de déni ! C’est d’appréhender le réel, de connaître le réel, l’histoire de la vie, l’histoire de notre vie, l’histoire en général, les événements, et de les voir, plus encore de les regarder, dans la lumière du Ressuscité. Cette lumière ne change pas la réalité, elle la transfigure. Les événements, les difficultés, sont réels et demeurent tels, mais la Présence de Jésus Ressuscité nous permet de les regarder, de les vivre, de les appréhender, de les assumer dans la puissance même de sa Résurrection qui transfigure toute chose. Oui ! Joie et Esprit Saint, Dons du Ressuscité dans la paix qu’il nous communique.

Ce Temps Pascal, frères et sœurs bien aimés, est ce temps de la Présence particulière du Ressuscité dans notre vie, dans la vie de l’Église (nous l’avons vu avec le conclave et l’élection de notre Pape Léon XIV). Oui, le Christ Ressuscité n’est pas un souvenir, n’est pas un objet du passé, un héros qu’on fêterait tous les dimanches, comme des monuments aux morts – avec tout le respect que l’on doit aux morts. C’est bien plus ! Jésus est présent parmi nous. Jésus est vivant parmi nous. Non seulement présent et vivant, mais agissant. Il agit dans notre vie, dans la vie de l’Église, dans la vie du monde. Ce Jésus Ressuscité vient essuyer toutes larmes : ce qu’écrivait Saint Jean dans l’Apocalypse, dans le passage que nous venons d’écouter qui parle du futur dans le Royaume de Dieu, en Présence de la Trinité : « Dieu essuiera toutes larmes ». Mais dès à présent dans la foi, nous ne supprimons pas les larmes, ni la souffrance, ni les injustices, ni les crimes… mais le Seigneur vient essuyer ces larmes, afin que tout être humain puisse continuer son chemin ; que tout être humain puisse avancer dans cette joie (qui n’est pas l’hilarité), cette joie profonde : la puissance de l’Esprit Saint et la Paix que Dieu seul peut donner et sait donner. La Paix de Jésus.

Oui. Il essuie toutes larmes de nos yeux. Il les essuiera définitivement dans le Royaume des cieux. Mais il nous conduit dès à présent aux sources des eaux de la Vie, ce que Jésus disait déjà à la Samaritaine : « Celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura plus jamais soif … Et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui (ou en elle) source d’eau, jaillissant pour la vie éternelle ». Cette phrase de Jésus s’adresse à chacun d’entre nous. De recevoir cette Présence de Jésus, qui en nous au plus profond de notre âme devient une source d’eau, jaillissant en vie éternelle en permanence. Quel réconfort pour nous, frères et sœurs !

Nous sommes appelés à vivre cette réalité, à vivre de cette réalité, et ne pas rester spectateurs de ces vérités de foi, ou de les appréhender simplement au niveau de notre intelligence, de notre connaissance, et qu’on laisserait toute la semaine de côté. Non ! Nous sommes appelés à les vivre, comme nous mangeons tous les jours, nous respirons à chaque instant, du moins, c’est à souhaiter…

Et nous sommes appelés à entrer dans une relation vivante et vivifiante avec Jésus, particulièrement en ce Temps Pascal. Ce qui se traduit concrètement par l’écoute ; l’écoute et l’obéissance ; l’écoute de sa voix. Quand on aime des personnes, quand on connaît des personnes, dès qu’elles parlent, on entend la voix, qui est autre chose que la chaleur de la voix, la couleur, l’accent, la prononciation. Il y a le timbre de voix qui fait dire : « c’est lui » ou « c’est elle » et qui renvoie à l’identité de la personne.

Et dans la foi, nous sommes appelés à écouter la voix de Jésus, qui n’est pas une voix avec des résonances, mais qui est une voix qui parle à l’âme. Et encore plus fort que cela : comme une motion qui guide et illumine l’âme.

Nous sommes appelés à avoir cette écoute pour reconnaître la voix du Pasteur, la voix du bon Berger qui nous parle au plus profond de notre cœur, de notre âme, mais aussi qui nous parle à travers les événements et à travers les circonstances, l’élection du Pape, le magistère de l’Église, ce que peuvent nous dire les autres. Dieu nous parle à travers toutes choses. Et notre conscience, parfois, est éclairée, comme illuminée, en une fraction de seconde : c’est ça qu’il faut faire, ou qu’il ne faut pas faire !

Oui, reconnaître la voix de Jésus afin d’accueillir Jésus, lui qui est la Parole. La voix est une succession d’ondes, la parole est le contenu. La voix porte la parole mais la voix en elle-même n’a pas de valeur ; c’est un moyen, un vecteur. Reconnaître la voix de Jésus, afin de le suivre, Lui qui est le chemin, la voie (avec un E, pas la voix avec un X, même s’il est les deux !) Reconnaître la voix de Jésus afin de le suivre sur le chemin, le chemin qu’il nous propose et qu’il est lui-même.

Jésus, comme avec les pèlerins d’Emmaüs, chemine avec nous. Il n’est pas lointain, il n’est pas absent. Jésus affirme également qu’il y a une connaissance réciproque entre Lui et ses disciples, imagée par le terme de « brebis » : que les brebis le connaissent, Lui. Donc, c’est une vie profonde qui nous unit au Christ Jésus puisque Lui veut et a l’initiative d’établir sa Demeure en nous ; Jésus nous en parlait déjà dans l’évangile de Jean.

Dans l’Apocalypse, nous entendons cela : Celui qui siège sur le trône, Dieu le Père, vient établir sa Demeure en nous. C’est exactement les mêmes mots, quand Jésus au chapitre 15 nous dit : « Je demeure en vous … Demeurez en moi comme je demeure en vous » ; et l’Agneau qui est assis au milieu du trône (signe symbolique dans l’Apocalypse), c’est Jésus qui vient demeurer en nous.

Donc nous sommes appelés à vivre avec cette profondeur dans notre âme, ce que les théologiens appellent « l’inhabitation de la Trinité dans l’âme » : un terme un peu compliqué pour dire simplement que Dieu est en nous. Ça n’a rien à voir avec le panthéisme qui identifie la créature avec Dieu, ce qui est une erreur, qui peut partir d’un bon sentiment mais qui est une erreur fondamentale ; mais le Seigneur vient nous déifier, c’est-à-dire qu’il garde, il respecte, il honore notre identité personnelle mais il nous appelle à être en relation avec Lui ; et il nous communique sa propre vie ; il nous fait participer à sa divinité. C’est le propre du christianisme, c’est la vie chrétienne en profondeur.

Oui, le Seigneur, le Père, le Fils, l’Esprit Saint viennent établir une Demeure en nous. Au fond, nous avons un tabernacle permanent qui est en nous-mêmes.

Bien sûr que ce n’est pas la Présence réelle dans l’Eucharistie, dans les tabernacles, dans les églises, mais il y a une réalité de la Présence de Dieu en nous, dans notre corps.

Paul dira : « Vous êtes les temples du Saint Esprit ». Il ne dit pas que vous êtes des boîtes vides qui ne reçoivent rien ! Nous sommes les temples du Saint Esprit ; d’où le respect envers notre corps et le corps des autres. Le corps humain a une dimension de sacralité ! Et nous devons sans crainte avancer dans cet Amour.

Oui, demeurer dans cet Amour du Christ car lui en a l’initiative, lui veut demeurer en nous, même si nous nous flagellons, nous demeurons sans crainte car nous sommes aimés quelles que soient les circonstances de la vie. Et personne, nous dit Jésus, personne, ni rien, ne peut nous arracher de la main du Père et de la main de Jésus. Quelle sécurité, frères et sœurs, on n’a pas besoin d’armes. Le Seigneur est là et nous protège. Soit dit en passant, ce sont les plus faibles et les désarmés qui sont les plus forts.

Oui ! Nous entrons donc par notre baptême, par notre vie chrétienne, dans une relation de communion permanente avec le Christ Jésus ressuscité. Mais, frères et sœurs, que cela ne reste pas de belles paroles, un idéal un peu inaccessible … pas du tout ! C’est pour chacun et chacune d’entre nous ! Et c’est ce qui qualifie notre vie, c’est ce qui qualifie notre nature de chrétien ! Que proposons-nous aux autres, s’il s’agit simplement d’être bien gentil et bien rangé ! Cela n’a aucune importance ou une importance minimale.

Nous sommes appelés à vivre de la Vie de Jésus et de manière concrète ; que Jésus habite notre vie, la forme … qu’Il soit la forme de notre vie ! Et que nous avancions en Lui, mais aussi les uns avec les autres comme « peuple de Dieu », tous ensemble, afin que toute l’humanité sans exception puisque chaque être humain est aimé et choisi par Dieu, puisse être transfiguré par cet Amour.

Oui, demeurer dans cette relation de communion permanente avec Jésus comme Lui est uni à son Père. Jésus nous introduit dans sa vie et nous communique le Père comme le Père et Lui sont Un dans la puissance de l’Esprit Saint.

Frères et Sœurs, puisse cette célébration Eucharistique faire grandir cette communion de chacun et de chacune avec le Seigneur, et nous entraîner dans un élan, un enthousiasme d’amour toujours renouvelé, envers Dieu et envers nos Frères et Sœurs en humanité. Amen !

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