Homélie du Mercredi 11 Juillet 2018
Benoît, abbé (Fête en Europe) – Année B
Par le Frère Jean-Marie
Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur
Le style oral a été conservé
Frères et sœurs bien aimés, nous célébrons aujourd’hui la Solennité de St Benoit ; la figure de St Benoit domine la vie monastique en occident depuis le 8ème siècle lorsqu’un autre Benoit, un autre St Benoit, Benoit d’Aniane, a permis de répandre la règle de St Benoit à travers tout l’Empire carolingien.
Benoit dont le nom signifie « béni », béni de Dieu, mais également au sens spirituel « canal de bénédiction », « aqueduc de bénédiction » pour les autres. Benoit est l’icône de l’être humain à la fois pauvre, pécheur et fragile, et qui est transfiguré par la grâce divine.
Vivant à la fin du Vème, et à la première moitié du VIème siècle, Benoit s’est laissé prendre par le Seigneur pour le suivre de plus près et pour toujours. À travers des luttes intérieures et des revers extérieurs, Benoit de Nursie s’est laissé façonner par la providence divine, qui prépare les pierres de taille, après de longues et de nombreuses épreuves. Au terme d’une longue vie et d’une expérience existentielle, s’appuyant sur les travaux de ses prédécesseurs, Benoit, St Benoit de Nursie, finalise sa règle, règle des moines qui aujourd’hui encore sert d’appui à des milliers de moines et de moniales à travers le monde, afin de vivre concrètement l’évangile du Royaume de Dieu annoncé et réalisé dans la Personne du Christ Jésus. C’est pour suivre Jésus que Benoit a vécu d’abord en ermite, a vécu dans la solitude, puis en communauté et qu’il a rédigé sa règle.
La nature a horreur du vide, l’être humain a besoin d’un cadre, une certaine discipline de vie pour vivre bien et pour bien vivre, à fortiori, pour vivre une vie monastique. Les grandes idées, les élans généreux, les sentiments enflammés, ne tiennent pas sur la durée si cette même vie n’est pas fondée à la source et encadrée au minimum sur ses grands axes afin d’atteindre le but prévu.
La finalité de la vie monastique n’est pas l’application d’idées, de valeurs, de concepts préconçus mais la conformation toujours plus profonde du moine à la Personne du Christ Jésus, vrai Dieu et vrai Homme, unique Sauveur de l’humanité.
C’est pour cela, cher Frère Théophane, que tu t’es mis en route voici 25 ans pour entrer sur le chemin de la vie monastique à notre Dame de Nazareth, Rougemont au Canada qui a été ta terre d’accueil et d’exil.
Après une enfance heureuse au sein de ta famille au Vietnam, famille profondément chrétienne, tu as fait l’expérience de la vie militaire, puis d’une autre expérience plus douloureuse pendant 5 ans et demi comme prisonnier politique dans les camps de concentration sous la ferrure de la dictature communiste. Arrivé au Canada, tu as pu et su répondre à l’appel de Dieu comme tes deux sœurs religieuses et ton frère dominicain à Ottawa. Aujourd’hui de façon providentielle tu célèbres ton jubilé de 25 ans de profession monastique dans cette Église abbatiale de Notre Dame de Sénanque au cœur de la Provence. Nous sommes heureux de ta présence parmi nous et ensemble nous avançons sur la vie monastique, sur la voie des commandements de Dieu, portés par la Miséricorde divine. Au long des jours et des nuits, nous cheminons dans la prière liturgique et personnelle, dans la Lectio divina quotidienne, la célébration de l’Eucharistie et d’Adoration eucharistique, l’humble travail quotidien et fidèle et la vie fraternelle partagée au fil des heures et des années.
Frères et sœurs bien aimés, en cette fête de St Benoit, demandons au Seigneur la grâce de la fidélité et de la ferveur pour notre frère Théophane, ainsi que pour chacun de nous.
Et rendons grâce au Seigneur pour les merveilles qu’il réalise dans notre vie et dans la vie des autres, et celles qu’il peut réaliser en nous et par nous, aujourd’hui et demain.