Frères et sœurs, en ce temps de Pâques, la liturgie de la Parole de Dieu déploie et fait mémoire de toutes les richesses que la résurrection de Jésus, le Fils de Dieu, nous a communiquée. Énumérons en quelques-unes, glanées dans les oraisons et les lectures de ce jour.

Dieu a envoyé son Fils pour faire de nous des enfants d’adoption (prière d’ouverture). À son Fils, nous demandons le don de la vraie liberté et de la vie éternelle

Devenus ses enfants d’adoption, nous voici « membres de la race choisie, participants du sacerdoce royal, agrégés à la nation Sainte (l’Église), membres du peuple qui appartient à Dieu ». Tout cela nous le tenons comme un Don absolument gratuit, reçu de Dieu au jour de notre baptême ; mais aussitôt l’apôtre Pierre ajoute : « Vous êtes donc chargés d’annoncer les merveilles de Celui qui vous a appelés des ténèbres à son admirable lumière ».

Dans quelles ténèbres étions-nous plongés ? Dans le langage des Saintes Écritures « être dans les ténèbres », c’est être dans la non-connaissance de Dieu manifesté en plénitude par son Fils Jésus-Christ : « Il n’y a aucun salut ailleurs qu’en Lui car il n’y a sous le ciel aucun autre nom offert aux hommes qui soit nécessaire à notre salut » (acte 4, 12).

La foi chrétienne n’a rien à voir avec un dualisme qui mettrait les bons d’un côté, c’est-à-dire les baptisés, et les autres qui sont dans les ténèbres de l’ignorance :

« Dieu veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité » (1Timothée 2, 4).

Pour le Concile Vatican II qui demeure « la boussole de l’Église en notre temps » (citation de St Jean Paul II), il existe une réelle possibilité de se sauver en dehors d’une appartenance visible à l’Église pour les non-croyants de bonne volonté, c’est-à-dire pour ceux qui librement, amoureusement, et plein de foi, se tournent vers le Bien absolu : « Nous sommes contraints de croire que l’Esprit Saint offre à chacun la possibilité de participer au Mystère pascal selon une mesure connue de Dieu seul » (Concile Vatican II). Cet enseignement du Concile ne déprécie en aucune manière l’unicité et la portée universelle de la Révélation en Jésus Christ ; au contraire, la possibilité universelle du Salut a comme préliminaire à la base, l’unicité de la Vérité.

En d’autres termes, la possibilité du Salut offerte à tous les hommes, y compris tous ceux qui ne partagent pas la foi chrétienne, ne peut pas être séparée de l’affirmation que Jésus Christ est « la Voie, la Vérité et la Vie ». Personne ne peut entrer en communion plénière avec Dieu sinon par le Christ et l’œuvre du Saint Esprit.

Le Concile poursuit en disant que d’autres voies religieuses que le christianisme peuvent donner le Salut mais uniquement parce qu’elles participent, même inconsciemment, au Salut donné par Celui qui est la Voie : Jésus Christ.

Il est bon pour nous de nous mettre toujours à l’écoute, non seulement de la Parole de Dieu qui est la règle suprême de notre foi, mais aussi et cela n’est pas accessoire, de la Tradition de l’Église qui s’exprime de façon privilégiée, dès les origines de l’Église, à travers les Conciles œcuméniques dont le dernier en date est le Concile Vatican II.

Pour l’Église, la Sainte Écriture n’est pas la seule référence : en effet, la « règle suprême de la foi » vient de l’unité que l’Esprit Saint a réalisée entre la Tradition, la Sainte écriture et le Magistère de l’Église (c’est-à-dire son enseignement), aucun de ces trois piliers, ne peut subsister de manière indépendante.

La réponse de Jésus à Philippe : « Il y a si longtemps que je suis avec vous et tu ne me connais pas Philippe ! » nous interpelle nous-aussi en ce jour. Nous qui depuis de nombreuses années, avons été plongés par le baptême dans la mort et la résurrection du Christ, et qui avons été enseignés de la voie chrétienne, connaissons-nous vraiment le Seigneur ?

Connaitre non seulement d’une connaissance historique mais connaitre au sens biblique du terme : connaissance qui met en marche notre cœur, notre esprit, notre intelligence, connaissance amoureuse de la Personne de Jésus. St Bernard dit que « Ce n’est pas dans la connaissance qu’est le fruit mais dans l’acte de saisir ».

Saisir le Christ par la foi, c’est être saisi par Lui. La connaissance est toujours une nouvelle naissance !

Jésus est le chemin qui nous conduit au Père mais par un chemin que nous ne connaissons pas : « C’était trop peu pour Dieu de donner son Fils pour qu’il montre le chemin, il a fait de Lui le chemin par lequel tu irais sous sa direction, le chemin que tu suivrais » écrit st Augustin.

Il est le Chemin mais aussi la Vérité : la Vérité signifie, pour nous, plus que la connaissance. Connaitre la Vérité nous amène à découvrir le Bien ; la Vérité qu’est Jésus parle à l’homme dans son intégralité, l’invitant à répondre avec tout son être.

Jésus est enfin la Vie ; dans le prologue de l’évangile de st Jean, nous lisons que « dans le Verbe était la vie et la vie était la lumière des hommes » (st Jean, 1, 4).

Il est intéressant de voir ici que ce n’est pas la lumière qui est première mais c’est la vie ! Vouloir tout comprendre avant d’agir et de faire, revient à placer la lumière avant la vie ; c’est oublier la puissance de l’Esprit Saint qui travaille en nous, nous poussant à nous donner sans mesure… et nous recevons la lumière peu à peu, au fur et à mesure du don de nous- mêmes.

« À quoi sert la bonne vie si elle n’aboutit à la vie éternelle ? » disait st Augustin.

En ce Dimanche du Temps pascal, laissons-nous ressaisir par la puissance de la Résurrection de Celui qui nous redit aujourd’hui :

« Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie »

Qu’il nous conduise tous ensemble à la vie éternelle. Amen !

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