Frères et sœurs,

Dans cette parabole le Christ nous parle d’un Père qui est maitre d’une vigne, et qui adresse successivement un même appel à ses deux fils : « Mon enfant, aujourd’hui, va travailler à ma vigne » ; mais les deux fils, qui ont la particularité de se positionner vocalement presqu’immédiatement… pour le premier, négativement, c’est-à-dire : entre en désobéissance très nette à l’appel reçu ; tandis que le second répond positivement avec déférence, semble-t-il, puisqu’il reconnait son père comme Seigneur!

Pourtant, dans un deuxième temps, tous deux s’arrangent de manière opposée. Le premier fils se rétracte peu après et va finalement travailler à la vigne, alors que le second qui a répondu dans l’obéissance pour ne pas contrarier l’ordre reçu, en définitive, ne souhaite pas être dérangé ; il laisse tomber sans ressentir l’incohérence de son comportement, puisqu’il sépare le dire du faire, de sorte qu’il ne va pas travailler à la vigne paternelle.

Selon le récit de la parabole, Jésus semble déjà préférer le premier, parce qu’Il remarque son sens de la réflexion et cette volonté de cohérence avec lui-même : « il se repent », brisé qu’il est dans sa conscience profonde, il n’hésitera pas à s’humilier en se faisant mendiant d’un pardon toujours possible ! Jésus interroge alors les chefs : laquelle des deux attitudes répond à la volonté du père ? Ils répliquent à l’évidence : le premier, mais apparemment sans se soucier de percevoir que Jésus les vise, et attend de leur part un revirement ultime !

Aussi Jésus les réprimande-t-il pour leur mauvaise foi répétée. Leurs cœurs sont endurcis. N’ont-ils pas accumulé des jugements faux à l’égard de Jean-Baptiste ? Alors que devant eux, il accomplissait un grand nombre de conversions surprenantes en vue de préparer l’avènement de ce Salut supérieur proprement divin, que Jésus vient justement humblement offrir. N’annonçait-il pas en effet qu’Un autre plus puissant que lui devait manifester tout à la fois la fidélité, la justice de Dieu et sa miséricorde, mais exigeait de la part des hommes de bonne volonté : l’humilité, la droiture et la vérité.

Les adversaires de Jésus se montrent d’une raideur inflexible, assurés d’être les garants de l’orthodoxie ; ils trouvent que la conduite du Christ est étrange, pour reprendre les paroles du prophète de la première lecture ; ils ferment résolument leurs yeux ; ils n’arrivent pas à se remettre en question et à se retourner en eux-mêmes ; ils sont incapables de se convertir, peut-être d’ailleurs, fièrement ils s’y opposent !

Une telle attitude, nous pouvons la connaitre parmi les proches que nous fréquentons ; il est ce ferment pharisaïque, de la bonne conscience faussée par une raison purement humaine, qu’on affuble alors parfois du mot de « tradition des anciens », mais dont Jésus met en garde, non seulement les pharisiens, mais aussi ses propres disciples.

Cette attitude n’est pas ouverte à la mouvance de l’Esprit qui renouvelle toutes choses, l’Esprit qu’Il vient délivrer pour ces derniers Temps, où le combat se fera plus serré et subtil.

La bonne attitude à développer, c’est de nous laisser sans cesse convertir ; sinon ce ferment peut aussi devenir nôtre si nous cessons de veiller et de prier.

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