Homélie du Dimanche 19 Janvier 2020 

2ème Dimanche du Temps Ordinaire – Année A

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Chers frères et sœurs, la liturgie de la Parole nous parle du baptême de Jean qui était un baptême d’eau, un baptême de préparation. À l’époque de Jésus, de Jean le Baptiste, il existait dans le milieu juif des rites de baptême, où l’homme était plongé dans l’eau, qui étaient un signe de renouvellement de l’Alliance entre celui qui recevait le baptême et Dieu : Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob.

La particularité du baptême de Jean, c’était que ceux qui le recevaient, comme nous dit l’Évangile ailleurs qu’aujourd’hui, le recevaient en confessant leurs péchés. Voici que Jésus va recevoir ce baptême de Jean, bien sûr sans confesser ses péchés car Il est par excellence sans péchés, mais rite d’humilité, d’abaissement où Jésus nous montre l’exemple de l’abaissement.

Et puis un autre baptême, celui que préparait le baptême de Jean, qui s’efface devant le baptême de Jésus, qui est un baptême, lui, non seulement d’eau où on confesse les péchés, ou plus exactement les péchés sont remis par le baptême de Jésus, mais où l’Esprit Saint est donné, baptême d’eau et d’Esprit, qui nous introduit dans la vie trinitaire, dans la vie divine, qui nous rend participants de la vie divine.

Il me semble que toute proportion gardée, on pourrait dire que ces deux baptêmes représentent (je le dis de façon globale) deux catégories de croyants :

le baptême d’eau représente peut-être ceux qui croient en Dieu, ceux qui adhèrent à la foi, mais un Dieu lointain, un Dieu finalement qui n’atteint pas l’homme dans son intimité. J’ai relevé quelques lignes d’un évêque contemporain qui ont été écrites, il y a une vingtaine d’années, mais qui me semblent assez représentatives de cette catégorie de croyants. Voici ce qu’il écrit :

« Une des plus grandes tentations de la culture contemporaine, et dans l’Église de ce temps, est de réduire le Christ au christianisme ! De remplacer le Christ par ce qu’on appelle « les valeurs chrétiennes », souvent identifiées d’ailleurs avec les valeurs universelles de la raison humaine ; mais si nous perdons le Christ, nous perdons tout ! Un christianisme sans le Christ ! Sans le Christ, le christianisme s’ajoute à la longue liste des religions et des philosophies : à côté du bouddhisme, de l’hindouisme, de l’aristotélisme, du platonisme, du stoïcisme, du spinozisme, etc… nous avons aussi le christianisme. Mais qui donnera sa vie pour un « isme » ? Même s’il s’agit du christianisme…

Pour le Christ par contre on peut vivre et on peut mourir ! Pour Lui seul qui seul le mérite ».

Voilà ! Un Dieu lointain ! Un christianisme tout à fait convenable, honorable, de valeur, où la morale finalement passe avant la foi. Bien sûr que la foi chrétienne implique une morale, mais à la source de la morale, il y a l’adhésion du croyant à la Personne de Jésus, adhésion aimante, adhésion personnelle.

Et puis, le baptême communiqué par Jésus, baptême d’eau et d’Esprit, baptême qui nous fait passer de la chair à la vie dans l’Esprit, de l’homme ancien à l’homme nouveau. Ce passage n’est pas tant un passage chronologique, comme s’il fallait mourir à soi-même pour ensuite dans un deuxième mouvement expérimenter la vie nouvelle de la résurrection, mais bien plutôt simultané : c’est dans le fait de mourir au « vieil homme » que l’on peut expérimenter la vie nouvelle dans l’Esprit Saint.

C’est dans la mesure où l’on se configure au Crucifié que l’on participe à la vie du Ressuscité. Il ne s’agit pas de sacrifier la chair pour que l’Esprit vive en nous mais de les sauver tous les deux. Car le Christ, par sa mort et sa résurrection, vient sauver l’homme dans sa globalité, dans sa totalité : l’homme « chair et esprit », l’homme « corps et âme ». Le Christ assume l’homme tout entier.

Cela se réalise en nous par le baptême qui est un baptême dans l’Esprit Saint. Le baptême du Christ n’est pas seulement un acte de la vie du Christ, mais ce que les Pères appellent, et la Bible, un Mystère : c’est-à-dire, un fait, un geste, qui est chargé d’une signification spirituelle et qui est porteur d’une grâce, d’une grâce que nous recevons toujours dans la foi. C’est pourquoi nous disons que le baptême, comme tous les sacrements, est un sacrement de la foi. Il n’y a rien de magique dans les sacrements !

Nous recevons la grâce de l’Esprit Saint dans la foi. Et cette grâce du baptême dans l’Esprit nous introduit à la vie trinitaire.

« Quand on professe la foi au Père et au Fils et au St Esprit, écrit St Ambroise, alors le mystère de la foi est plénier ».

La présence de la colombe évoquée par Jean

Jean voit la manifestation de l’Esprit Saint sous la forme d’une colombe. Pourquoi la colombe ? Pourquoi ce symbole de la colombe pour représenter l’Esprit Saint ?

St Cyprien, au IIème siècle, écrit de la colombe :

« Qu’elle est un oiseau simple et gai. Elle ne mord pas ; elle n’a pas de griffes ; la colombe aime habiter près des gens ; elle reste toujours près de la même maison ; quand le père et la mère ont des petits, ils les élèvent ensemble ; ils volent aile contre aile ; ils mènent une vie très unie ; ils frottent leur bec l’un contre l’autre pour montrer qu’ils sont unis et en paix. Oui, pour toutes choses, ils vivent la loi de l’accord parfait. »

Jésus nous dit dans l’Évangile « Soyez rusés comme des serpents et simples comme des colombes ».

La simplicité de la colombe et la simplicité de l’Esprit Saint, la paix de l’Esprit Saint, la douceur de l’Esprit Saint, est symbolisée par la présence de cette colombe dans ce baptême trinitaire où Jean entend, connait, par la voix du Père, au plus intime de lui-même, que Celui qui est devant lui, Jésus, est le Messie, l’Élu de Dieu.

Frères et sœurs, nous avons été baptisés, nous-mêmes, dans ce baptême d’eau et d’Esprit, au jour de notre baptême. Et nous pouvons réentendre la voix de Jean-Paul II lors de son voyage en France qui disait : « France, qu’as-tu fait de ton baptême… »

Nous pouvons entendre, nous, aujourd’hui, cette parole : « Toi, qu’as-tu fait de ton baptême dans l’Esprit ? Comment vis-tu dans l’Esprit ? Comment te laisses-tu façonner, renouveler, recréer, enflammer par l’Esprit Saint ? »

Que ce même Esprit nous renouvelle et fasse en nous toute chose nouvelle,

Amen !

Historique de nos Homélies

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