Frères et sœurs bienaimés,
Si le Père céleste trouve sa joie en son Fils unique Jésus le Christ, vrai Dieu et vrai homme, lui, son Fils de toute éternité, la parole de Dieu de toute éternité qui a pris chair dans le sein de la Vierge Marie, nous aussi, nous sommes appelés à trouver notre joie en Jésus quoi qu’il arrive ; nous pourrions dire tout au long de notre vie – un grand musicien allemand l’a dit : « Jésus : ma joie, où ma joie demeure ».
Cette joie est enracinée par la présence du Christ dans notre âme. Depuis l’acte créateur, qui a créé notre âme dans le sein de notre mère, nous sommes ouvert vers la vie éternelle, l’éternité ; et plus encore, le deuxième acte le plus important de notre vie après notre conception, c’est notre baptême, d’être baptisé. Plongé dans la Personne et le mystère du Christ, de sa passion, mort et résurrection, pour vivre en lui et vivre de lui.
La cause de notre joie est enracinée dans cette double vérité de l’acte créateur, que Dieu nous a créé par amour (il a fait choix de nous, nous pourrions ne pas exister), et aussi le fait d’être baptisé, recréé dans la grâce divine. Le baptême a eu un double effet comme nous le savons : effacer le péché, mais plus encore, c’est d’être entré dans l’adoption filiale ; nous sommes devenus fils et filles de Dieu dans le Fils unique qui est Jésus. Jésus est notre frère ainé, la tête de l’Église, la tête de ce corps qu’est l’Église, nous sommes participants avec lui, par lui et en lui, de cette adoption divine. Si Jésus est Fils de Dieu par nature, nous, nous le sommes par adoption, mais, ce n’est pas un second choix ! Nous sommes pleinement enfant de Dieu, c’est ce que dit st Jean, nous sommes appelés enfants de Dieu, mais nous le sommes réellement, pas simplement une appellation, nous ne sommes pas nominalistes ; nous nous appuyons sur la réalité même de l’être et de ses conséquences.
En ce jour du baptême du Christ, nous sommes appelés à revivifier en nous par la grâce divine, notre propre baptême ; de nous laisser ressaisir ; nous sommes habités par le Seigneur. Évidemment, si le péché nous a abimés, nous sommes appelés à recevoir la miséricorde divine dans le sacrement de pénitence pour retrouver la dynamique baptismale, non pas le baptême (il est ineffaçable) mais la dynamique baptismale. Et en ce jour, nous sommes appelés à nous laisser aimer par le Seigneur et à répondre à son amour.
La joie de tous les matins en nous réveillant, c’est de dire : « je suis enfant de Dieu ! ». Quoi qu’il arrive : qu’il fasse beau, qu’il pleuve, qu’on ait bien dormi ou mal dormi, qu’on ait beaucoup de soucis ou beaucoup de choses agréables… tout cela est ressaisi dans la grâce du Seigneur. Le Seigneur est là, et nous sommes ses enfants, et le reste… basta….
Nous sommes appelés à vivifier en nous cette présence du Seigneur, et cela en reprenant les trois promesses de notre baptême.
Car il ne s’agit pas d’avoir une attitude éthérée, platonique, un peu sur les nuages ou ne sachant pas très bien comment vivre notre baptême, enfant de Dieu,…
Nous avons trois lignes concrètes : dans le baptême, nous avons renoncé à Satan. Satan existe ! Le Démon, le Diable, qui veut notre perte éternelle. Donc, nous sommes appelés à renoncer à Satan, non seulement à l’occasion du baptême mais tout au long de notre vie. Satan est cet ange qui peut se déguiser en ange de lumière pour mieux nous faire tomber. Satan a trois techniques pour nous faire tomber : nous troubler, nous salir ou nous casser. Nous sommes appelés à nous tenir à distance du Mal ; comme le répète souvent le Pape François : « on ne discute jamais avec le Mal ». On ne discute jamais avec Satan ! On se tient à distance. Quand on sent qu’il y a le Malin, on le chasse !
Deuxième promesse : nous avons promis au Seigneur de rejeter le péché. Le Mal existe dans notre vie ; le péché est là et peut nous attirer, nous flatter… nous sommes appelés à avoir cette promptitude (comme st Joseph l’avait pour obéir à la loi de Dieu), de réagir avec vigueur et promptitude à tout ce qui est péché. C’est un peu comme si on prend des charbons ardents… en général, on ne les garde pas longtemps dans la main ! On les rejette. Le péché c’est pareil. Même si nous avons une attraction intérieure, un penchant naturel ; car le baptême enlève le péché originel, il enlève les péchés personnels, il n’enlève pas l’attirance au Mal, la concupiscence ; il y a une attraction, on est attiré par tout ce qui est tordu ! C’est comme ça. Nous devons avoir l’attitude de réagir avec promptitude pour ne pas se laisser entrainer. L’attraction n’est pas un péché, le consentement commence à être péché.
Troisième aspect, troisième promesse : « renoncez-vous à ce qui conduit au Mal ? » (Ou au péché) ? C’est plus subtil ! Renoncer à Satan, c’est une chose ; renoncer au péché, c’est assez clair (même si parfois l’expérience montre que l’on n’a pas une réussite immédiate) ; par contre renoncer à ce qui conduit au Mal ou ce qui conduit au péché directement pour soi-même… c’est plus fin, c’est plus délicat. Et là, de vérifier dans notre vie, de faire un petit « audit » : qu’est ce qui aujourd’hui, en ce 9 janvier, peut me conduire au Mal ? Non pas « peut me conduire au Mal » de manière théorique mais me conduit au Mal, dans ma vie personnelle, aujourd’hui, pour moi, pas pour les autres ! Et de savoir écarter ce qui conduit au Mal : fréquenter certains lieux, fréquenter certaines personnes (non pas que les personnes soient mauvaises en elles-mêmes, mais peuvent nous entrainer au Mal), rejeter certaines habitudes, etc…
De prendre aujourd’hui, à frais nouveaux, ce mouvement intérieur de fidélité au Christ. Et cela non pas pour vivre dans une vie moralisante où : « il est interdit de faire ça »… et « c’est pas autorisé de faire ça »… mais de dire « est-ce que je vis pleinement ma vie chrétienne ? Est-ce que je veux vivre dans la lumière du Seigneur ? Être un enfant de lumière ? Prendre les armes de lumière ? » : que c’est beau ; que c’est bon ; que c’est reposant.
Que le Seigneur nous donne cette grâce aujourd’hui, et faisons choix à nouveau, car c’est une question de notre choix personnel. Dieu nous appelle ; il nous laisse libre ; « veux-tu ? » ; il nous appelle à répondre. Nous ne sommes pas des automates ; nous sommes des hommes et des femmes avec une liberté et un choix. Choisissons Jésus ! Aimons Jésus ! Non seulement en paroles mais en actes.