Frères et sœurs bien aimés,

Nous fêtons aujourd’hui l’Ascension du Seigneur Jésus dans les cieux. Qu’est-ce-à dire ? Quelle est la signification de ce retour de Jésus vers son Père ?

Qui est Jésus ?

Jésus est la seconde Personne de la Trinité, qui a pris chair dans le sein de Marie de Nazareth ; le Verbe éternel, le Logos, s’est incarné, a pris notre nature humaine et l’a unie à sa Personne divine pour nous apporter le salut. C’est une attitude descendante : le Verbe qui demeure auprès du Père, auprès de Dieu, le Verbe qui est avec Dieu, le Verbe qui est Dieu, est venu prendre chair, planter sa tente parmi nous.

Nous fêtons aujourd’hui cette remontée du Seigneur vers son Père. Le Christ, le Verbe éternel, s’est incarné en Marie, et lui Jésus de Nazareth, entraine toute l’humanité dans cette remontée, dans son sillon, pour l’introduire dans la vie trinitaire auprès de son Père, dans la puissance de l’Esprit Saint.

Nous fêtons ce retour vers son Père, qui est notre Père, vers son Dieu – dans son humanité, qui est notre Dieu. L’humanité prise par le Verbe éternel, la Parole de Dieu, est introduite en ce jour dans la plénitude de la gloire de Dieu, au sein même de la Trinité Sainte. En introduisant son Fils, devenu homme – demeurant Dieu dans l’unité de sa Personne divine, uni de manière permanente à son Père et à l’Esprit Saint, le Père éternel introduit toute la nature humaine et toute l’humanité dans la vie même de Dieu…

C’est le but de la création : que l’homme devienne Dieu, soit déifié ! Que l’homme participe au bonheur de Dieu.

Le Seigneur a créé l’univers, a créé l’humanité pour vivre dans ce bonheur ; il a envoyé son Fils éternel et le Don de son Esprit Saint – « comme ses deux mains » nous dit Irénée de Lyon – pour ressaisir l’humanité et l’introduire à frais nouveaux, et à quels frais, puisqu’il est allé jusqu’à mourir sur la croix par amour pour nous.

Ce jour est un jour de joie spirituelle où nous avons la certitude dans l’espérance théologale, c’est-à-dire l’espérance qui touche Dieu, la Parole de Dieu, que chacun et chacune d’entre nous, toute l’humanité, est destiné à ce bonheur… pour ceux qui le choisissent et y consentent.

Le but du Salut de Dieu est que tous les hommes soient sauvés et connaissent la plénitude de la Vérité.

Ce mystère de l’Ascension continue aujourd’hui.

Le Seigneur Christ siège à la droite de Dieu : c’est une expression pour désigner la proximité de Jésus dans son humanité ressuscitée qui siège auprès de son Père.

Le Seigneur Jésus intercède pour nous auprès de son Père, pour nous aider à continuer notre pèlerinage, nous aider à nous relever sans cesse, pour nous pardonner, nous donner la force, la lumière pour avancer ici-bas. Le Seigneur Jésus dans la gloire intercède sans cesse pour son Église dont il est la tête.

L’Église se construit, se manifeste et se sanctifie sous l’action du Seigneur Jésus, qui sans cesse par le don de sa grâce, par le don de son Esprit Saint, dans la puissance de l’Esprit Saint, donne à chacun et à chacune des membres de la communauté chrétienne (de l’Église) de participer à cette construction du corps du Christ, tel que décrit dans l’Épitre aux Éphésiens dont nous avons eu un passage dans la seconde lecture ; afin que l’humanité soit régénérée, recréée par le baptême et de plus en plus sanctifiée, de plus en plus intensifiée dans l’union avec Dieu et dans la charité fraternelle. Même pour ceux qui ne connaissent pas ou n’ont pas connu Jésus, sans faute de leur part, sont sauvés par ce même Jésus qui est l’unique Sauveur du monde et du genre humain.

L’Ascension du Christ est à la fois une plénitude (puisque nous touchons au terme), un accomplissement qui récapitule toutes les Écritures (tous les livres de la Bible, les 73 livres de la Bible) et tous les prophètes de la première Alliance, mais aussi qui ressaisit et s’associe le désir le plus profond de l’être humain, quel qu’il soit : c’est-à-dire ce désir de bonheur, ce désir de plénitude, ce désir de compréhension, ce désir de communion et de relation bienveillante, les uns avec les autres ; cela dans un élan, une orientation vers la maison du Père, dans un acte d’espérance au creux même de la pesanteur humaine, avec sa lourdeur et son épaisseur.

En cette solennité, nous sommes stimulés à nouveau pour avancer dans la paix et la joie (qui sont les signes de la vie chrétienne) vers le Royaume de Celui qui est notre Père et notre Dieu ; comme dans un unique mouvement en deux temps : vivre du Royaume du Fils bien aimé, Jésus ; participer à son extension et à sa sainteté en nous convertissant sans cesse ; et en même temps, dans le même acte d’amour, servir nos frères, surtout les plus proches, ceux qui ont le plus besoin de miséricorde spirituelle ou matérielle. Jésus nous le dit : « J’avais faim et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif… vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger… j’étais en prison »… Cette espérance qui se traduit en charité concrète envers Dieu, au sein même de l’Église pour construire le corps de l’Église sous l’influence du Seigneur, sous l’impulsion de l’Esprit Saint… c’est le Seigneur qui construit son Église, ce n’est pas nous qui avons fondé l’Église, ce n’est pas nous qui donnons vie à l’Église, ce n’est pas nous qui sanctifions l’Église ! C’est la Trinité Sainte qui nous purifie, nous sanctifie, afin que l’Église soit Sainte ; et elle est Sainte de par la volonté de Dieu ; elle est immaculée puisqu’il la rend pure. Marie est le « prototype » (si j’ose dire), la première des sauvés afin d’être le Signe et la Mère de l’Église, qui nous protège pour nous conduire sans cesse vers son Fils, et conduire l’Église à travers son pèlerinage ici-bas.

Oui, laissons-nous saisir par la puissance de la grâce ; laissons nous, nous convertir dans la puissance de l’Esprit Saint, afin de vivifier en nous la grâce que nous avons reçue au baptême, à la confirmation, à chaque fois que nous recevons le sacrement de pénitence, que nous recevons l’Eucharistie, d’avoir cette dynamique ; mais aussi cette ouverture à l’égard des autres, de témoigner de cet amour du Seigneur par des actes de charité pour que notre vie soit cohérente, en conformité avec l’évangile, avec ce que la grâce divine sollicite au plus profond de notre âme, de notre cœur et de notre intelligence.

Tout cela à travers vents et marées, les vents contradictoires ; rien ne doit nous décourager pour avancer et témoigner de cet amour.

On disait des premiers chrétiens : « Voyez comme ils s’aiment ! ».

Puissions-nous dire la même chose de nous, de nos communautés chrétiennes, de nos communautés monastiques, de l’Église… Voyez comme ils s’aiment !

On n’a pas besoin de porter un habit spécial… même si cela peut être utile de porter un habit… c’est l’amour fraternel qui doit être le signe de cette adhésion que nous avons au Christ, le signe de l’espérance qui nous habite, dont nous pouvons témoigner… le signe de cette charité qui nous habite, de se savoir aimés du Seigneur quoi qu’il arrive, quelles que soient les circonstances de la vie ;

mais aussi ce signe de nous aimer les uns les autres afin de manifester à l’égard de tous nos frères et sœurs humains de l’amour que le Père nous porte, et qu’eux aussi puissent avoir la connaissance de cet amour, d’avoir la joie d’y participer et d’en vivre,

Amen !

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