Chers frères et sœurs,

En ce dimanche qui suit Noël, la liturgie de la Parole de cette année « B » offre à notre méditation l’évangile de la présentation de Jésus au temple. Cette cérémonie se déroule liturgiquement de façon solennelle, selon le calendrier ecclésial le 2 février, un jour de semaine qui passe dans le monde très souvent inaperçu.

En cette fin d’octave de Noël, il convient donc de nous y arrêter pour approfondir son lien avec le mystère du Seigneur. La Présentation de Jésus au temple apparait d’abord comme l’accomplissement d’un acte religieux des familles israélites pieuses, concernant l’observance de la loi mosaïque après la naissance d’un premier-né, acte en rapport (il ne faut jamais l’oublier) avec l’alliance de Dieu qui se perpétue dans l’histoire du Salut, et inaugurée avec Abraham par un sacrifice.

Pour la Sainte Famille, l’accomplissement de ce rite avec l’offrande des tourterelles en échange, est déjà en fait, un aboutissement, puisqu’il réalise l’achèvement de la promesse de l’Ancienne Alliance ; c’est d’ailleurs ce que pensent les deux vieillards, familiers du Temple : Syméon et Anne qui ont déjà perçu sous la mouvance de l’Esprit Saint : c’est bien là l’approche d’une ère nouvelle qui va s’effectuer avec l’avènement de l’enfant divin. Le premier, Syméon, s’exclame rempli de joie : « Mes yeux ont vu le salut que tu as préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël… Il dévoilera les pensées secrètes d’un grand nombre ! Il sera un signe de contradiction ».

On devra en effet se prononcer « pour ou contre » cet Envoyé de Dieu durant son ministère. Quant à la prophétesse, Anne, elle se mit à proclamer à haute voix dans le temple des louanges à Dieu, et elle parlait de ce petit enfant Messie advenu… à tous ceux qui était dans l’attente de la délivrance de Jérusalem.

La consécration du fils premier-né au Seigneur, rappelle en effet l’acte d’obéissance exigé par Dieu au patriarche Abraham pour éprouver sa foi. Dieu voulait savoir, si l’homme juste et fidèle à sa Parole et sur lequel Il allait construire une Alliance, comme partenaire, au milieu d’un monde dévoyé, tiendrait ferme finalement. Ferait-il suffisamment confiance à son amour ? Pouvait-Il compter sur lui ? Et cela d’une façon analogique en correspondance à ce que Lui-même prévoyait de faire, Lui, le Tout-puissant, Miséricordieux, quand Il enverrait son propre Fils unique afin de ramener le genre humain dans son giron. Le Créateur sait que les promesses verbales ne suffisent pas, l’homme doit s’engager. Oui, c’est sans doute à cause de sa constitution corporelle, l’homme se doit de poser aussi des gestes pleinement significatifs de sa pensée.

Sans doute Dieu exigeait-il à travers cet homme fidèle un détachement hors du commun, puisqu’Il lui ordonnait de sacrifier ce fils qu’Il lui avait lui-même octroyé dans sa vieillesse ; ce fils Isaac qui devait engendrer le patriarche Jacob en vue d’obtenir une descendance bénie innombrable. Dieu, alors, ne se contredisait-il pas ? Qui n’aurait pas trouvé là, matière à contester, à protester ? Cependant Abraham ne s’appesantit pas dans tel ou tel raisonnement ; il obéit simplement, humblement, aveuglément, ne voulant contrarier en rien cette volonté supérieure qu’il reconnaissait, et qu’il expérimentait décidément toujours, condescendante et bienveillante à son égard.

Dieu, de ce fait, prévoyait et décidait déjà son Incarnation ; afin que se constitue plus tard un nouveau peuple élu entre tous les autres, dans une Alliance indéfectible, à partir d’hommes ou de femmes très imparfaits certes, mais ouverts à ses aspirations pour collaborer à sa divine volonté, et à l’avènement de son Règne sur la terre. N’est-ce pas déjà, ce qu’avec la grâce, nous demandons chaque jour dans la prière ?

Que Dieu soit béni par Marie, Vierge Sainte, et Joseph, son chaste époux !

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