Chers frères et sœurs, le Christ est ressuscité ! Il est grand le mystère de la foi !

C’est dans la Résurrection de Jésus que se réalise la condition de l’homme, telle qu’elle était présente dans le dessein éternel de Dieu ; comme dira St Paul, dès avant la création du monde ; car Dieu a créé l’homme pour l’incorruptibilité ; Dieu a créé l’homme pour la vie éternelle par la résurrection des corps. St Irénée de Lyon a cette parole célèbre : caro salutis cardo : « la chair humaine est la porte du salut ». En grec, le mot ‘résurrection’ se dit anastasis.

Nous sommes appelés à être « anastasiés » : participants de la Résurrection… et non pas euthanasiés…

Tu ne peux m’abandonner à la mort, ni laisser ton ami voir la corruption, dit un psaume.

Dans le Christ ressuscité, à nouveau et cette fois pour toujours, l’homme est vivifié par la vie de l’Esprit ; il échappe à la mort ! Sans la résurrection du Christ, l’Esprit Saint ne nous aurait pas été communiqué ; Jésus nous l’a dit : « C’est votre avantage que je m’en aille, en effet, si je ne pars pas, le Paraclet – c’est-à-dire l’Esprit Saint – ne viendra pas à vous ».

Le Christ, aujourd’hui, qui règne auprès du Père est toujours présent dans le monde, dans l’Église, et de façon toute particulière en chaque baptisé, par son Esprit Saint. Depuis que le Christ est ressuscité, la gravitation de l’Amour est plus forte que celle de la haine. La force de gravité de la Vie est plus forte que celle de la mort.

N’est-ce-pas là, frères et sœurs, réellement la situation de l’Église de notre temps ? On a toujours l’impression qu’elle va sombrer ! Et voici qu’elle est toujours sauvée ! Soutenue par la force de l’Esprit de Jésus. Comme dira encore st Paul : « On nous croit mourants et nous sommes bien vivants ! »

Cette année encore dans notre pays, 5500 catéchumènes ont reçu cette nuit, ou recevront durant le temps pascal, les sacrements de l’initiation chrétienne : le Baptême, l’Eucharistie, et la Confirmation. Ces adultes, hommes et femmes, ont décidé de miser leur vie sur le Christ – quel courage aujourd’hui ! – comme nous, vieux chrétiens, ils connaitront probablement eux aussi des tentations de découragement, ou bien la tiédeur les rattrapera dans une vie où leur baptême semblera à leurs propres yeux ou à ceux de leur proches, un évènement du passé. Or, la résurrection du Christ dans laquelle ils ont été plongés par le baptême, et nous aussi, est non seulement un évènement de l’histoire de l’humanité, de notre histoire personnelle, mais un évènement qui va au-delà de l’histoire.

Par la Résurrection, frères et sœurs, c’est un saut qualitatif radical qui s’est opéré en nous, dans l’Église, dans le monde ; la Résurrection (oui, comme le répètent à l’envie les Pères de l’Église), c’est la nouveauté absolue !

Chaque fête de Pâques nous interpelle au profond de nous-mêmes : suis-je vraiment chrétien ? Et pourquoi suis-je chrétien ? Est-ce que moi aussi, comme Pierre dans la cour de Pilate, je n’ai pas dit d’une façon ou d’une autre, concernant le Christ : « Je ne connais pas cet homme ! »

Suis-je vraiment en accord, en phase (comme on dit aujourd’hui), avec les promesses de mon baptême ?

Dans quelques instants, nous allons renouveler les promesses de notre baptême – que nous avons déjà renouvelé cette nuit au cours de la Vigile pascale. À la question du célébrant : pour vivre dans la liberté de Dieu, pour échapper au pouvoir du péché, pour suivre Jésus-Christ, rejetez-vous Satan et ce qui conduit au Mal ? À ces questions, nous répondrons : « Oui, je le rejette ».

Au jour de notre baptême, si nous avons reçu le baptême étant enfant, c’est l’Église représentée par notre parrain et notre marraine qui ont répondu à notre place. Mais nous qui sommes ici aujourd’hui, c’est avec tout le poids de notre vie passée et présente, que nous disons ensemble : « oui ! » ; et chacun personnellement, « je le rejette ».

En effet, l’Église, et le Christ par son Église, respecte toujours notre liberté, et la sollicite sans cesse tout au long du jour. Que de fois n’entendons-nous pas notre conscience nous murmurer : si tu veux être en harmonie avec l’Esprit de l’Évangile, fais ceci ne fais pas cela !

Et la réponse est toujours de notre côté, et personne ne peut la donner à notre place ! Mais l’Esprit Saint, l’Esprit communiqué par le Christ en sa résurrection, veut nous entrainer au-delà de nos capacités humaines si limitées, lorsqu’elles ne s’appuient que sur elles-mêmes ; baptisés que nous sommes, n’oublions jamais que nous sommes appelés, et dès ici-bas, à la vie surnaturelle, c’est-à-dire au-delà de la nature.

« La foi des chrétiens, disait St Augustin, est la résurrection du Christ ! »

La Résurrection, c’est la présence de la vie divine qui triomphe de la mort ! Croyons-nous vraiment que la puissance du Ressuscité vit et agit en nous par la grâce de notre baptême ? Cette grâce qui est entretenue tout au long de notre vie par la prière, par les sacrements de l’Église, tout particulièrement l’Eucharistie, le sacrement du pardon des péchés, mais aussi par une charité fraternelle authentique, à l’image de la charité du Christ qui s’est livré pour nous jusqu’à l’extrême. Nous l’avons entendu, le Jeudi Saint : « Je vous laisse un commandement nouveau, c’est de vous aimer les uns les autres comme je vous ai aimés ».

Le fait que Jésus soit mort le soir, et ressuscité le matin, a une signification. Dans le calcul humain du temps, le jour commence avec le matin et se termine avec la nuit. Pour la Bible, il commence avec la nuit et se termine avec le jour ! Nous l’avons entendu cette nuit dans le Livre de la Genèse : « Il y eut un soir, il y eut un matin ».

Le fait que Jésus soit mort le soir, et ressuscité le matin, a une signification. Sans Dieu, la vie est un jour qui se termine par la nuit ; avec Dieu : c’est une nuit qui se termine par le jour… et un Jour sans coucher de soleil !

Que cette Pâque, frères et sœurs, dissipe nos ténèbres, qu’elle nous rende participant dès aujourd’hui, hodie, de la lumière sans couchant qu’est le Christ ressuscité, à qui soient tout honneur et toute gloire dans la Puissance irradiante de l’Esprit Saint,

Amen ! Alleluia !

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