Bien chers frères et sœurs,
La Solennité de l’Ascension, c’est la fête de l’Espérance. Et en cette année jubilaire 2025, l’Église universelle est toute consacrée au thème de l’Espérance. Cette Espérance que tout le peuple de Dieu est appelé à cultiver pour grandir dans la vocation que Dieu lui a donné en partage, en ce monde.
Comme dit Saint Paul aux Éphésiens : « Il nous a choisis en lui avant la fondation du monde pour que nous soyons saints et irréprochables sous son regard dans l’amour ».
Voici, frères et sœurs, la belle vocation que nous avons reçue de Dieu : d’être dans le monde, le signe de son Amour.
Le premier motif de notre espérance, c’est notre foi. Notre foi en la Présence de Jésus qui est parmi nous comme il nous l’a promis, jusqu’à la fin des temps : « Je suis avec vous, tous les jours jusqu’à la fin du monde ».
Il est présent par son Esprit Saint : « Je vais envoyer sur vous ce que mon Père a promis ». Jésus a tenu sa promesse ; son Esprit Saint vit et agit toujours dans le monde, dans son Église et en chacun de nous.
« Continuons sans fléchir d’affirmer notre espérance, car il est fidèle, celui qui a promis » nous disait l’auteur de la lettre aux Hébreux.
Cette Présence de Jésus en nous par son Esprit, n’est pas toujours saisissable de façon immédiate car elle ne s’impose pas. Elle va de pair avec la foi et la charité. Foi, espérance, charité : ces trois modes de l’Action divine en nous qui sont le moteur de notre vie spirituelle.
La vertu de l’Espérance pousse le chrétien à ne pas perdre de vue le but dernier qui donne son sens et sa valeur à toute son existence. Et d’autre part, la vertu d’Espérance lui donne de fermes et profondes raisons de s’engager quotidiennement dans la réalité pour la rendre toujours plus conforme au projet de Dieu. Comme disait le Cardinal Daniélou dans ses carnets intimes : « J’adhère au réel, je l’aime ».
Espérer contre toute espérance, nous disait l’auteur de la Lettre aux Hébreux.
Oui, l’espérance n’est pas l’optimisme. L’espérance, c’est une vertu, virtus en latin, c’est-à-dire une détermination héroïque de l’âme. La plus haute forme de l’Espérance, c’est le désespoir surmonté écrivait Bernanos. L’objet de l’espérance est toujours difficile. C’est un combat. Or, c’est par les combats que l’âme progresse. Cela n’est pas naturel d’espérer ; il est plus facile de démissionner ou de devenir agressif.
Notre combat, frères et sœurs, sera toujours de faire la vérité : la faire avec Dieu, avec nous-mêmes, avec nos frères ; et savoir rester à notre vraie place et non pas à celle dont nous rêvons.
Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus dit que la première cause de l’espérance, c’est Deus auxiliens : Dieu qui vient à notre aide. Dans la Sainte Écriture nous voyons que l’alliance succède à la promesse, or l’alliance va plus loin que la promesse.
Plus nous grandissons dans cette alliance avec Dieu, avec Jésus avec qui nous entrons en communion, plus nous apprenons à nous appuyer sur lui et à nous en remettre à lui. L’espérance n’est pas la foi mais elle jaillit de la foi.
Nous croyons, frères et sœurs, en un Dieu qui est ressuscité, qui agit pour notre bien. Nous avons foi en ce que nous croyons : que nous pouvons être transformés, que la puissance de la Résurrection agit en nous et agit aussi dans le monde, malgré les apparences si déroutantes et contradictoires.
Des obstacles à l’espérance ? Oui, il y en a. On peut noter trop de confiance en soi, ce qu’on appelle la présomption. Mais nous savons que nous ne possédons rien dans l’ordre de la grâce. Un autre obstacle a contrario serait l’excessive défiance de soi … soyons convaincus que tout est pardonné par Dieu en chaque instant, Lui qui nous renouvelle et qui nous recrée, qui nous revêt de l’homme nouveau.
Regardons Marie, la Mère de Jésus, la Mère de Dieu, icône de l’Espérance. Marie, habitée par le silence de l’attente et le silence de l’attention.
Marie qui espère … qu’elle nous garde, qu’elle nous anime, qu’elle nous protège, qu’elle nous guide et qu’elle fasse grandir en nous la confiance en Dieu … car rien ne pourra nous séparer de l’Amour de Dieu ! Amen.