Dans une célèbre homélie, l’un de nos Pères dans la foi, Origène, se pose la question : « Le sauveur n’a-t-il pas souffert avant même de prendre notre chair mortelle ? »

et il répond : « Avant même de participer à notre vie humaine, il a d’abord subi la passion de l’amour, il souffre d’une passion d’amour ».

On a pu dire que les quatre Évangiles n’étaient qu’une longue introduction au récit de la Passion de Jésus. La Passion même de Jésus ne peut être comprise qu’à la lumière de tout ce qu’il a accompli durant ces 33 années de vie cachée : d’abord à Nazareth, puis sa vie publique après son baptême dans le Jourdain. Mais aussi, pas d’intelligence du Mystère de la Passion du Christ sans le tombeau vide du matin de Pâques et la constatation si déroutante pour ses disciples… « il s’est réveillé d’entre les morts ».

Tout est Bonne Nouvelle dans la vie de Jésus ! Non seulement sa proclamation de la présence du Royaume des cieux : « car là où Il est présent, là se trouve le Royaume », mais sa mort elle-même, au risque de surprendre, est elle-même une « Bonne Nouvelle », car sans elle, nous n’aurions pas la vie, la vraie Vie ! Nous le chanterons bientôt durant la Vigile pascale : Par sa mort, il a donné la vie.

La Parole de Jésus que nous venons d’entendre sur la croix : « J’ai soif », avant d’incliner la tête et de rendre l’esprit ne cesse de nous interpeller aujourd’hui encore.

« J’ai soif ! »

D’un côté la scène d’un grand réalisme où les soldats donnent à boire à Jésus une boisson acidulée, de l’autre s’impose à nous la Parole du psaume 69, applicable à la Passion : « Dans ma soif, ils m’abreuvaient de vinaigre ». Jésus est le Juste souffrant. En Lui s’accomplit la Passion du Juste, mise en lumière par toutes les Écritures.

On pense aussi à la vigne d’Israël dont le prophète Isaïe dit que Dieu en attendait de beaux raisins et qu’elle donne des raisins sauvages.

La vigne d’Israël ne produit que les grains acides de l’homme qui ne se préoccupe que de lui-même.

Non seulement Israël, mais aussi l’Église, nous aussi, nous répondons à l’Amour prévenant de Dieu en ne cessant de lui offrir du vinaigre…

Aussi, frères et sœurs, ce cri de Jésus que nous venons d’entendre « J’ai soif ! » est lancé à chacun d’entre nous. Il interpelle notre foi et notre capacité à rendre à Dieu amour pour amour.

C’est pourquoi nous lui demandons de nous rendre plus accueillants à répondre par toute notre vie à son cri « J’ai soif ! », en nous mettant comme Jean au pied de la Croix, et Marie et les Saintes Femmes au plus près de la Croix, pour être là, être là à l’heure où Dieu, en son Fils, veut être consolé. Amen.

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