Chers frères et sœurs

Nous traversons bien des moments dans nos vies où nous aimerions mieux savoir comment prier ; nous pouvons réciter des prières, mais avons-nous le sentiment de rejoindre ce Dieu si caché, que nous avons du mal à comprendre au fond, vers lequel cependant nous dirigeons nos espérances.

Oui, avec les disciples de Jésus nous disons : « Seigneur, apprends-nous à prier ! »

« Apprends-nous comme toi tu le fais ». Et Jésus nous apprend la prière fondamentale, avec le mot qui est sien de toute éternité : « Quand vous priez, dites : « Père » ! ».

Dans la version de Luc, cette prière du Notre Père est très directe et courte. Nous sommes plus habitués à réciter le Notre Père dans la version de Matthieu.

Dans la version de Matthieu Jésus place la prière du Notre Père au début de son évangile lors de son long discours sur la montagne ; ce long enseignement comme préambule de la mission du chrétien dans la suite des Béatitudes qui représentent Jésus lui-même. Luc lui, dans son évangile, place cette prière du Notre Père que les disciples lui demandent, au début de sa montée vers Jérusalem. C’est-à dire au début de cette exode qui le mènera à travers sa passion, vers l’accomplissement de sa mission.

Si l’évangéliste Luc place à ce moment-là la transmission, par Jésus à ses disciples, de cette prière du Notre Père, c’est pour que cette prière qui les situe dans la filiation du Fils unique, les accompagne au long de ce chemin incompréhensible de Jésus vers sa passion, sa mort et sa résurrection.

Cette prière qui nous est transmise à nous aussi ses disciples, ne peut être adressée au Père que dans la puissance de l’Esprit Saint. Dans la puissance et l’assistance de l’Esprit-Saint, dans un chemin de confiance, d’espérance et de foi en la filiation que Jésus nous confère. Cette prière nous accompagne sur les chemins qui peuvent aussi, au cours de notre vie, nous sembler bien déroutant et à travers lesquels nous aimerions trouver le visage bienfaisant de notre Père des Cieux.

En demandant à Jésus de leur enseigner à prier, les disciples veulent imiter Jésus, ils veulent prier comme lui, avec ces mots à lui. Et, à chaque fois que nous récitons cette prière, nous le faisons nous-aussi avec les mots de Jésus, avec son Esprit, nous y sommes portés par sa propre vie ; avec son Esprit, pour que notre vie en soit profondément imprégnée. Pour cela nous prions cette prière du Seigneur chaque jour, et même plusieurs fois par jour. Nous la prions, comme la nourriture qui soutient notre vie, la nourriture qui soutient et renforce notre nature profonde d’enfants de Dieu, de frères et sœurs et amis du Christ. La particularité de la version de Luc en est la forme directe : « Père ! » (Abba, en araméen, équivalent de papa). Père, mère, sont les premiers mots qu’apprennent les enfants.

Saint Paul nous dira que c’est l’Esprit Saint lui-même, versé en nos cœurs, qui nous fait nous écrier : « Abba, Père ! ». Ce cri qui nous unit intimement à la vie du Fils unique de Dieu. Ce même Esprit Saint dont Jésus nous dit que le Père le donnera en abondance à ceux qui le lui demandent. Par ce même Esprit Saint nous demandons que le nom du Père soit sanctifié en nous, et que son règne se manifeste dans notre monde qui a tant besoin de lumière. Qu’il se manifeste dans ce monde qui a tant besoin d’espérance et qui a surtout tant besoin d’amour. Que son règne de sainteté se manifeste dans ce monde qui a besoin que cessent les cris de détresse et le bruit des canons, ce monde qui a besoin d’humanité et de tendresse, un monde qui puisse se manifester comme Dieu l’a voulu et le veut.

Cette prière que Jésus nous enseigne, nous situe dans le grand pardon de Dieu. Jésus au terme de son exode, du haut de sa croix sur le Golgotha, nous a pardonné : « Père, Abba, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font ». Ce pardon que notre père Abraham le croyant n’a pas osé demander jusqu’au dernier, Jésus le demande au Père pour la multitude de tous les lieux et de tous les temps.

Il n’y a que Jésus, Dieu lui-même, qui pouvait répandre la grâce du pardon en plénitude et en surabondance, afin que nous puissions en toute humilité et confiance nous présenter à tout instant sous la miséricorde et le pardon du Père. Afin que nous puissions à tout instant ouvrir des chemins de pardon envers nos frères et sœurs en humanité, en étant portés par le secours du Fils unique, Jésus, et par la puissance du Saint-Esprit.

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