Chers frères et sœurs,

Jésus nous livre aujourd’hui des paroles étranges : « Je suis venu apporter un feu sur la terre et comme je voudrais qu’il soit déjà allumé ! Je dois recevoir un baptême et qu’il m’en coûte d’attendre qu’il soit accompli ! », d’après la Bible le symbole du feu est attribué à Dieu pour exprimer sa passion envers les hommes. Ainsi se montre-t-Il à Moïse sous l’apparence d’un buisson qui brule sans se consumer au sommet de l’Horeb, ou bien avant dans la Genèse avec le passage de torches enflammées lors des sacrifices des patriarches ou encore dans le Livre des Rois avec le prophète Elie qui fait tomber le feu du ciel sur l’holocauste devant les foules ; d’après l’Écriture en effet : Dieu est un Feu consumant, un feu plus fort que la mort dira le psalmiste puis le Livre du cantique.

Jean Baptiste à la charnière de l’Ancien Testament et du Nouveau Testament d’ailleurs, au début de l’Évangile, n’annonça-t-il pas qu’après lui « viendrait Celui qui baptiserait dans l’Esprit Saint et le feu ». Jésus pense donc à ce baptême de feu qui le brule déjà intérieurement, Il l’attend impatiemment car Il sait de science divine qu’Il doit y entrer douloureusement, avant d’en sortir glorieusement par la force de l’Esprit de Dieu qui manifestera alors son Amour jaloux et sa justice devant les hommes pécheurs.

Sans aucun doute par cette confession sous forme allusive, le Christ dévoile à ses disciples le fond et la figure embrasée que prendra son Mystère pascal, final. Aussi Jésus évoque-t-il peu après les conséquences réclamées pour le déroulement flamboyant de l’évènement sacrificiel réparateur futur, un état d’esprit oblatif non seulement pour Lui-même mais aussi chez ceux qui s’engageront à sa suite … Comme Lui, ils seront en effet l’objet de brulures intimes, de discriminations, de divisions et de déchirements jusque dans leur propre famille. Et c’est bien ce que nous constatons dans beaucoup de familles aujourd’hui, où la connaissance du mal pénètre dans les foyers par les médias. On comprend pourquoi Jésus ose dire, encore certainement à contre cœur puisqu’Il est fondamentalement le « Prince de la Paix » : « Je ne suis pas venu mettre la paix dans le monde, mais plutôt la division ».

Cette division que Jésus déclare, provient de fait de la cohérence de son comportement avec ce qu’Il prêche, de sa manière d’être qui proclame la vérité, de ses Paroles, et de l’authenticité de sa doctrine qu’Il tient de son Père, comme Il le dit si bien dans les premiers chapitres de l’évangile de st Jean. Par là Il s’oppose évidemment à l’hypocrisie de ses adversaires les pharisiens, les docteurs de la loi retors et les grands prêtres. Nous savons tous par expérience, que la vérité n’est pas souvent bonne à dire ou à entendre … Or Jésus exprime par tout lui-même, qu’Il est cette vérité « signe de contradiction et pierre d’achoppement, lumière de Lumière qui n’est pas acceptée par l’ombre des ténèbres ».

 

Ce que disait Jésus paraissait irrecevable pour ceux qui se servaient de l’autorité de Dieu pour maintenir la leur ! Par là le peuple restait en effet plus attaché à la lettre, plus facile à suivre que l’esprit de la loi à découvrir. C’est pourquoi le Seigneur apparait comme celui qui divise, parce qu’Il dévoile la vérité, ce qu’il y a de plus profond en chacun de nous dans la conscience. Il est la Parole tranchante de Dieu ! Alors il est traité de fou, d’imposteur parce qu’il perçoit les secrets des cœurs.

Dès que le Christ parait, Il nous touche, Il nous engage immédiatement ; ainsi Il nous appelle à nous déterminer, à nous définir … pour ou contre Lui. Il nous demande de le suivre sur le chemin étroit qu’Il a tracé, dans la totalité de notre comportement. Du point de vue purement humain, pareille entreprise apparait impossible … Cela peut se faire pourtant dans la paix, à condition de se laisser pénétrer dans son Mystère par l’entremise du Don de l’Esprit Saint dont le grand secret est justement l’abandon dans la confiance, qui est l’expression humaine de l’amour véritable.

C’est pour cela que la Lettre aux Hébreux nous invite « à nous débarrasser de tout ce qui nous alourdit et d’abord de nos péchés, afin de pouvoir courir avec endurance l’épreuve qui nous est proposée, les yeux fixés (précise-t-elle) sur Jésus qui est à l’origine et au terme de la foi ». Oui l’existence humaine à cause du péché originel est devenue le terrain d’un combat spirituel auquel nul n’échappe, même ceux qui se prétendent athées. Le Christ a pris sur Lui l’infamie de la croix sans en avoir honte, pour nous libérer de notre péché, ce péché que nous avons souvent tant de mal à reconnaitre.

Le même passage de la Lettre aux Hébreux nous dit encore de ne pas nous laisser accabler par le découragement dans le combat, mais de découvrir dans notre âme spécialement par la prière, l’intériorité du Mystère du Christ ; puisqu’Il vient en nous surtout à travers la contemplation de sa Croix, sa passion, que nous pouvons ressentir comme nôtre, vu que c’est l’Esprit qui demeure en nous, et qui nous conduit par la grâce à l’Amour même de Dieu !

Oui, nous avons à découvrir sereinement le mystère de la Croix qui nous habite. Il nous confond peut-être à notre tour mais nous permet d’assumer les tiraillements des divisions qui nous émeuvent parfois terriblement ; alors n’ayons pas crainte d’avoir recours aux sacrements que l’Église nous propose, ils facilitent notre guérison et le retour de la paix et de la Joie de Dieu. Amen !

 

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