Dieu a tant aimé le monde qu’il a donné son Fils unique.
Notre histoire humaine ne peut plus se lire en dehors de ce désir fou de Dieu de nous rejoindre.
Dieu a envoyé son Fils dans le monde, non pour juger le monde, mais pour que, par lui, le monde soit sauvé.
Dieu est don et l’amour de Dieu est premier en tout. C’est la mission du Fils, de l’Unique de nous le révéler.
Dieu nous aime en venant au cœur d’une blessure, au cœur d’une fracture. Cette blessure est celle de l’Amour méconnu, la fracture est celle d’une humanité qui a creusé un fossé entre elle et son Dieu. Une fracture dans laquelle se perd le sens profond de toute existence. Dans cette blessure et cette fracture Dieu s’investit, il s’y investi dans ce qu’on appelle une histoire sainte. Une histoire de salut qui nous raconte la volonté de Dieu de sauver tous les hommes, cette volonté qui en appelle à notre adhésion, à notre reconnaissance. Cette croix sur laquelle est élevé et écartelé le Christ, Fils unique de Dieu est le lieu même de la reconnaissance, reconnaissance de notre péché, reconnaissance de son amour sauveur.
Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais obtienne la vie éternelle.
Cette fracture qui déchire l’humanité St Jean la désigne en termes radicaux, ténèbres et lumière. Le mot ténèbres, désigne un monde où Dieu n’a pas sa place, un monde qui produit du mal, comme nous pouvons le voir à travers les conflits et la mort de temps d’innocents, à travers les injustices, les courses au pouvoir, les refus du respect de la vie et du bien commun, autant de traces de cette fracture. Lumière désigne la vérité qui dénonce le mal sous toutes ses formes, mais qui désigne aussi la reconnaissance de l’œuvre de Dieu en tant qu’amour et vie. Faire la vérité c’est devenir participant de l’œuvre de Dieu. L’œuvre de Dieu est manifeste lorsque le Christ sur la croix, en sa chair, dans l’œuvre même de son humilité, brise la chaîne de violence qui ronge l’humanité, brise le mur de la haine, brise la désespérance qui donne puissance à l’œuvre de la mort.
Quand nous pensons à la croix, nous la confinons souvent à nos épreuves, au mal subi, mais nous oublions qu’elle est premièrement cette brèche par laquelle Dieu ressaisit le monde blessé. St Paul nous dira que la création entière est en douleur d’enfantement, qu’elle attend avec impatience la pleine révélation des fils de Dieu. Cette pleine révélation passe par cette élévation du Fils de Dieu sur la croix qui sera la bascule par laquelle le Christ va reprendre toute la création pour nous y introduire et nous attirer à lui par son amour et sa vérité.
La victoire du Christ confère à la croix une dimension nouvelle, d’instrument de supplice elle devient signe de réconciliation, car elle nous parle de celui qui nous aime, de celui qui nous accueille quand on retourne vers lui, de celui qui nous reprend à bras le corps. La croix nous parle du pardon de Dieu, elle nous parle d’un monde nouveau toujours possible, pas dans le lointain ou l’imaginaire, mais l’aujourd’hui de notre vie.
Contempler la croix du Christ c’est nous laisser attirer par la Vérité, vérité de notre monde blessé, vérité de notre Eglise blessée, vérité de nos cœurs blessés, vérité de l’amour blessé. Cette vérité n’est pas pour nous enfoncer dans notre culpabilité, auquel cas elle n’est pas salvatrice, cette vérité du Christ nous ouvre à la vérité du regard aimant de Dieu sur nous qui nous appelle à nous laisser rejoindre, à nous laisser intérieurement guérir, et à nous laisser attirer par ce que le Christ nous révèle de la beauté de notre nature d’enfants de Dieu.
Du haut de la croix le Christ remet l’Esprit, l’amour de Dieu, qui pénétrant nos cœurs déclenche à la fois en nous l’espérance, le repentir, et la hardiesse de nous tourner vers lui, de croire en la joie d’être accueillis, sauvés, aimés, renouvelés par lui.



