Chers frères et sœurs,
Certes, nous ne connaissons par aucun registre civil ni la date, ni vraiment le lieu de naissance de Marie. La date du 8 septembre est liée, depuis le 5ème siècle, à la dédicace d’une église à Jérusalem, construite, selon une tradition, sur ce que fût la maison de Ste Anne, où serait née Marie. Dès le 7ème siècle, la célébration de la nativité de Marie se répandit dans l’Église de Rome. L’évangile selon St Luc nous la présente comme une jeune fille de Nazareth. Selon St Matthieu nous la voyons à Bethléem avec son époux Joseph, là où est né Jésus.
Mais ce que nous célébrons surtout à travers cette fête, c’est un point dans l’histoire humaine où la longue patience de Dieu, nous pourrions dire où l’espérance de Dieu en l’humanité trouve le lieu de son repos. Dieu trouve en cet être venant au monde, en Marie, cette personne non seulement en qui sa confiance ne sera pas déçue mais de plus une vraie collaboratrice dans son plan de salut.
La longue généalogie du Christ que nous venons d’entendre au début de l’évangile selon St Matthieu, nous introduit dans ce lien ineffablement amoureux que Dieu a tissé avec l’humanité depuis les origines, pour faire de cette humanité le réceptacle de sa gloire en son Fils unique et premier né. Ce Fils, premier-né d’une multitude de frères, qui assume toute l’humanité pour la conduire vers le plein achèvement de sa destinée qu’est la gloire de Dieu. Ce Fils, Verbe de Dieu, qui pour nous, s’est fait chemin, vérité et vie par le don total de lui-même. Comme le dit l’Ange Gabriel à Joseph : le fils naît de Marie s’appellera Jésus, ce qui veut dire ‘Dieu sauve’ et Emmanuel, qui se traduit ‘Dieu avec nous’.
Cette longue généalogie nous dit que depuis les commencements le Verbe et l’Esprit, les deux mains du Père comme les nomment St Irénée, préparent le chemin des cœurs pour espérer contre toute espérance la semence divine. La semence divine est cette Parole de Dieu qui se déploie pour ouvrir les yeux du cœur de l’homme à la connaissance divine, une connaissance qui accompagne une histoire, une histoire sainte, ou mieux, en cours de sanctification. Une histoire à travers laquelle l’humanité apprend aussi à se tourner vers Dieu, à espérer et désirer en lui et de lui le plein sens de son existence, de son humaine vocation. La semence divine, Parole de Dieu, ensemence largement le champ de l’humanité, le semeur sème à tous vents et en tout terrain. La généalogie que nous avons parcourue est un terrain mêlé, d’élus et d’étrangers, d’habitants et d’émigrés, un terrain mêlé des bons grains de fidélité à l’alliance et de l’ivraie d’infidélité, d’amour du pouvoir, d’adultères et de meurtres, mêlée aussi de l’ivraie de l’idolâtrie aussi. Oui, Jésus est venu assumer l’humain aussi bien dans sa beauté que dans sa faiblesse et son péché.
C’est à travers cette humaine histoire que Dieu s’est engagé, qu’il a sans cesse réitéré ses promesses et sa fidélité, sa miséricorde, son amour.
Les promesses, les alliances, la Loi, Marie de Nazareth était toute pétrie de cet héritage. Marie pleinement préparée par l’Esprit de Dieu fut bien plus qu’un prophète ou un ami de Dieu, elle s’engagea sur ce chemin unique et inconnu de la maternité du Verbe divin, son fils selon la chair, par l’accueil inconditionnel de sa foi aimante en Dieu : « Qu’il m’advienne selon ta parole » fût la réponse de Marie. Joseph, comme un bon grain caché, deviendra pour nous aussi le modèle du juste qui accueillera le mystère du plan de Dieu, en accueillant en sa vie d’homme et de foi la Mère et le Fils pour les prendre en charge.
Fêter ainsi la naissance de la Vierge Marie nous apporte un certain éclairage pour nous-mêmes. Cet éclairage, c’est que Dieu nous espère, il nous désire, Dieu ne lâche pas notre histoire. Nous sommes destinés à prendre part à cette création nouvelle en Christ.
Si nous, nous aurions tendance à désespérer de nous-mêmes ou des autres, Dieu lui ne désespère pas de son œuvre. Cette porte ouverte en Marie laisse passer le Verbe divin qui devient notre guide, notre berger, celui qu’annonce le prophète Michée, celui qui par le don humain et divin de lui-même est devenu notre Paix, c’est-à-dire notre plénitude de vie.



