Chers frères et sœurs,
Aujourd’hui avec Pierre, Jacques et Jean sur la montagne, Jésus nous laisse entrevoir la promesse à laquelle la voix du Père nous appelle de toute éternité. Jésus laisse entrevoir cette gloire qu’il possède auprès du Père de toute éternité avant que le monde fût. Cette lumière sera aussi la lumière de la résurrection, lumière du corps de Jésus glorifié, source de vie divine et éternelle. Baptisés en Christ nous avons revêtus le Christ, cette Gloire nous la partageons dès ici-bas dans la foi, puisque par la foi le Ressuscité est présent à nos vies. Cette gloire divine cachée à nos yeux de chair, c’est l’Esprit Saint, l’Esprit du Père et du Fils qui la fait habiter en nos cœurs, c’est par l’Esprit Saint que nous pouvons confesser
« Abba », Père, et que nous pouvons confesser Jésus est Seigneur.
Saint Bernard commente ce passage d’évangile en disant que « nous apercevons la lumière de la résurrection sur la montagne de l’espérance ».
Oui, c’est bien dans cette vertu d’espérance que nous tendons, vers cette réalité céleste par laquelle nos corps de misère, dit Saint Paul, seront transformés en un corps de gloire, de par la puissance de ce même Esprit qui a ressuscité Jésus Christ d’entre les morts.
Au long de l’évangile, Jésus gravit plusieurs montagnes, montagnes qui sont autant de repères pour nous, qui sommes en pèlerinage sous la guidance de Jésus, de sa Parole et de sa grâce, vers les tentes éternelles.
Il y a la montagne sur laquelle Jésus a été transfiguré, pour que tu saches vers quoi tu dois tendre. Il y a la montagne sur laquelle Jésus a prononcé les paroles de vie, les béatitudes, pour que tu saches comment parvenir à ce vers quoi tu tends. Il y a la montagne de Gethsémani au mont des Oliviers sur laquelle Jésus a prié pour que tu te soucies d’accorder ta volonté à celle de Dieu, afin de poursuivre ta route de disciple et de parvenir avec Jésus à sa victoire sur la haine et la mort.
Le serviteur transfiguré qui aujourd’hui laisse transparaître sa gloire divine, sera aussi le serviteur défiguré : « Voici l’homme » dira Pilate en exposant Jésus humilié, visage défiguré. Visage défiguré, qui est le reflet de l’humanité blessée que nous pouvons rencontrer tous les
jours, dans une vie privée de sa valeur de don. C’est cette humanité que le Christ assume pleinement dans sa Gloire conférant à l’homme son entière beauté et dignité.
Après avoir perçu le rayon de gloire, les disciples doivent retourner dans l’humble vallée du monde présent pour partager les efforts de Jésus dans la réalisation et la manifestation de son royaume en ce monde.
Les disciples découvriront que le partage de sa croix ouvre à l’héritage de sa gloire. Dans cette humble vallée Dieu nous semble bien caché : Ne me caches pas ta face, Dieu de mon salut ! Supplie le psalmiste.
Mais Jésus ne nous laisse pas orphelins, il nous entraîne dans sa divine filiation, il a dressé lui-même la tente non faite de mains d’homme dans laquelle il demeure en permanence avec nous.
À chaque fois que nous écoutons sa voix, nous nous mettons en marche vers la montagne de l’espérance et nous pouvons dire en vérité, « Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ».