Frères et sœurs bien-aimés,
Nous voici dans cette Nuit pascale, ou matin de Pâques, pour célébrer la Résurrection du Christ Jésus.
Ce Mystère qui est une réalité, ce Mystère de la Résurrection du Christ est l’objet central de notre foi chrétienne. En quelque sorte, le « noyau dur », la source d’où s’écoule la Vie qui vient nous désaltérer et nous nourrir à tous les niveaux.
Le Christ Jésus est vraiment ressuscité. Ce n’est pas une formule abstraite, intellectuelle qui n’aurait aucun effet sur notre vie. Jésus est le même, hier, aujourd’hui, il l’est pour l’éternité, comme l’affirme l’auteur de la lettre aux Hébreux.
Jésus est Vivant, plus encore Jésus est le Vivant, il est le Vivant aujourd’hui. Mes frères et sœurs, il est le Vivant pour chacune et chacun d’entre nous.
Ce matin, Jésus vient frapper à la porte de notre cœur, de votre cœur, de ton cœur et de ta vie, pour être accueilli, pour être reçu, pour être aimé. N’hésitons pas, n’ayons aucune crainte, aucune retenue, aucune frayeur, pour ouvrir les portes de notre cœur, les portes de notre intelligence, les portes de notre vie, pour accueillir ce Jésus, le Vivant, et l’accueillir avec joie, avec délicatesse, avec respect, avec amour.
Que ce Jour de Pâques soit pour chacun et chacune d’entre nous ce matin, une étape dans notre suite du Christ. Une étape par laquelle notre relation avec Jésus prend et prendra une dimension nouvelle, comme un avant et un après ! Oui, vivre en disciple de Jésus, vivre de notre baptême, c’est-à-dire : vivre avec le Seigneur et non pas de manière simplement intentionnelle. Vivre de Lui, vivre dans une communion, un dialogue permanent (qui s’appelle la prière), un dialogue quotidien avec Jésus. Nous laisser éclairer par Lui, guider par Lui, faire nos choix, prendre nos décisions petites et grandes avec Lui et toujours pour Lui … tout discerner en Lui.
Et pour cela, frères et sœurs, vivre avec intensité la célébration du Mystère de l’Eucharistie. Si nous comprenions le désir de Dieu de se donner aux âmes, c’est-à-dire aux personnes, nous viendrions avec une hâte surprenante, plus encore en courant, à la rencontre du Seigneur.
Oui, nous viendrions en courant pour recevoir l’Eucharistie, pour recevoir son pardon dans le sacrement de Réconciliation, pour le rencontrer dans les Tabernacles de nos églises, pour vivre ce cœur à cœur avec Lui.
Vivre de l’Eucharistie, vivre dans la prière quotidienne une rencontre personnelle vivante, vivifiante avec le Dieu vivant qui nous attend.
Se nourrir de sa Parole, être des hommes et des femmes de la Bible, non parce qu’on la connaît de manière intellectuelle, mais être des habitants de la Bible, plus encore être habité par la Parole de Dieu, par la Parole du Seigneur qui vient féconder l’humus de notre vie.
Et avancer dans la joie et la paix du Christ au sein de son Église, notre Mère, qui n’est autre que l’humanité recréée dans la grâce divine, et vivre de cette vie surnaturelle.
Frères et sœurs, cette capacité donnée par Dieu à chaque être humain d’avoir une vie spirituelle, mais une vie spirituelle qui est appelée à devenir le réceptacle de la vie même de Dieu, c’est-à-dire de la vie surnaturelle, de la vie de grâce, comme nous le rappelle la constitution Lumen gentium du concile Vatican II, cette vie de grâce donnée et reçue au baptême, et par les autres sacrements, une vie de foi.
Exercer sa vie de foi, plus encore en quelque sorte, muscler son âme pour vivre de la foi, de l’espérance et de la charité. Il y a une analogie entre le sport (qui permet de muscler, d’arriver à des effets concrets) et l’âme, qui est de nous habituer à vivre sous ce régime surnaturel, que les théologiens appellent des habitus, un terme un peu particulier, mais qui dit bien quelque chose, c’est-à-dire : l’exercice aisé, facile, habituel, de ce que nous devons faire, ce à quoi nous sommes appelés … plus encore, de répondre à la grâce de Dieu par une fidélité et un amour de tout instant.
Frères et sœurs, être une personne spirituelle est le propre de chaque être humain, même de ceux qui se proclament soi-disant « athées ». Puisque tout être humain, dès sa conception, est créé avec une âme spirituelle et immortelle ; d’où la nécessité de protéger la vie de son début jusqu’à sa fin naturelle, qui n’est pas une option parmi d’autres mais une nécessité vitale si nous ne voulons pas tomber dans le crime.
Mais recevoir la grâce de l’adoption filiale, voilà la vie chrétienne ! Recevoir cette grâce de l’adoption : être fils et fille de Dieu dans le Fils Unique, est le propre du chrétien, du disciple de Jésus. Cette grâce, nous la recevons à titre, certes, personnel, mais aussi en vue d’une vie commune, et dans une même construction, avec tous ceux et celles qui sont membres de ce Corps qui s’appelle l’Église, l’Église voulant dire l’Assemblée. L’Église est ce Corps guidé par le Christ Jésus lui-même qui est la Tête de ce corps, et animé par l’Esprit Saint, l’Esprit du Père et du Fils.
Frères et Sœurs bien-aimés, essayons de prendre l’habitude de nous référer constamment au Seigneur Jésus tout au long de nos journées, afin de vivre concrètement avec Lui, et d’éviter tout ce qui pourrait être simplement virtuel, intentionnel. Si la vie surnaturelle n’est pas concrète, elle n’existe pas ou si peu !
Aimer le Seigneur Jésus, l’aimer réellement et nous laisser conduire par Lui. Nous pourrons alors accomplir de manière concrète sa volonté, l’accomplir comme il le veut et de la façon qu’il désire pour nous.
Frères et Sœurs bien-aimés, que cette solennité pascale et la lumière qui jaillit du Ressuscité, Lui qui est la lumière du monde, nous guident aujourd’hui et pour toujours sur le chemin de la Vie. Amen.
[1] Références textes liturgiques : voir https://www.aelf.org/2025-04-17/romain/messe