Chers frères et sœurs,
Lorsque le Pape François parlait du Saint Esprit, il aimait citer cette parole de Saint Grégoire de Naziance, parlant de l’Esprit Saint : Ipse harmonia est : « Il est en Lui-même toute harmonie ». Ce mot d’« harmonie » évoque pour nous la beauté d’une symphonie où chaque instrument de musique joue la partition qui lui incombe en accord avec tous les autres instruments. La beauté de l’ensemble provient de ce que chacun écoute les autres et se met au diapason de l’ensemble. Cette image, frères et sœurs, nous dit bien ce que doit être pour nous chrétiens et membres de l’Église, l’unité qui doit régner entre nous, pour qu’à l’image d’une symphonie musicale, l’unité qui s’en élève soit un peu semblable à l’unité parfaite et sans dissonance qui règne entre le Père et le Fils, entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint. L’apôtre Paul aime employer l’image du corps humain : « Le corps est un, et pourtant il a plusieurs membres, mais tous les membres du corps, malgré leur nombre, ne forment qu’un seul corps ; il en est de même du Christ ». La Pentecôte dit l’unité qui doit régner, et dont le fruit est la diversité, sans nuire à l’unité. « Tous ne faisaient qu’un » nous disent les Actes des Apôtres de la communauté primitive. À l’inverse, le fruit de la tour de Babel dont nous parle le Livre de la Genèse, où les hommes veulent construire sans la grâce de Dieu, une tour montant jusqu’au ciel, aboutit non à l’unité mais à la division et à la dispersion. L’unité recherchée par Babel est une unité imposée que nous pourrions qualifier de « technique » : à Babel, tous ne parlaient qu’une seule langue. Lors de la Pentecôte, en revanche, les apôtres parlent des langues diverses de façon à ce que chacun des auditeurs comprenne le message dans son propre idiome, dans son propre langage.
Oui, frères et sœurs, l’unité de l’Esprit Saint se manifeste dans la pluralité, et la pluralité ne nuit pas à l’unité. C’est ainsi qu’il en est ou qu’il devrait en être dans la Sainte Église. De par sa nature, l’Église est une et multiple, destinée à vivre auprès de toutes les nations, de tous les peuples, et dans les contextes sociaux les plus divers. Comme dit le Concile (que je cite) : l’Église répond à sa vocation d’être « signe et instrument d’unité de tout le genre humain » … et à la condition qu’elle maintienne son autonomie à l’égard de tout État, de toute fédération d’État ou de toute culture particulière. L’Église doit être toujours et en tout lieu véritablement catholique et universelle. Elle doit être la Maison de tous, ou pour reprendre une expression qu’affectionnait le Pape François, elle doit être la « maison commune » dans laquelle chacun peut se retrouver.
« L’unité des membres s’accomplit par leur charité ; et cette unité parle comme un seul homme parlait alors. Nous avons reçu nous aussi l’Esprit Saint, si nous aimons l’Église où nous sommes unis ensemble par la charité, si nous mettons notre joie dans le nom de « catholique » et de la foi catholique. Croyez-le, frères : dans la mesure où chacun aime l’Église du Christ, dans cette mesure il a l’Esprit Saint » (Saint Augustin, Évêque d’Hippone).
Aujourd’hui, c’est donc la fête de l’Église qui est née en ce jour de la Pentecôte !
Et puisque c’est la fête de l’Église, frères et sœurs, c’est la fête de chacun d’entre nous, puisque l’Église est l’épouse du Christ, et que comme aimait à le répéter Saint Bernard : « Nous sommes l’épouse du Christ » par notre vocation baptismale.
Cela peut paraître bien mystérieux de parler de l’Esprit Saint qui est une Personne divine que personne n’a vue. Il en est de même du Père qui est à la source de tout ce qui est. Comme dit Paul, Dieu, personne ne l’a jamais vu. Nous ne connaissons Dieu le Père et l’Esprit Saint qu’à travers l’humanité de Jésus-Christ.
Mais si nous ne voyons pas l’Esprit Saint, frères et sœurs, nous pouvons en ressentir ses effets, son action : comme le soleil, on ne touche pas le soleil, mais nous ressentons les bienfaits du soleil. Même si nous n’en avons pas conscience, l’Esprit Saint vit, agit, aime, gémit (comme dit Saint Paul aux Romains) en chacun de nous, y compris à notre insu. Et cela est réconfortant. Tout ce que nous faisons de bien, tant dans les grandes que les petites choses, vient de l’Esprit Saint !
L’Esprit Saint est toujours associé à la notion de communion, la koinonia. Cela parce que la Personne du Christ, qui nous communique l’Esprit, est toujours liée à une communauté. Le Christ Jésus n’est pas d’abord le corps d’un Christ individuel puis une communauté de plusieurs que serait l’Église, mais il est simultanément les deux à la fois.
C’est pourquoi, frères et sœurs, on ne peut adhérer à la Personne de Jésus sans adhérer à l’Église, car comme disait Sainte Jeanne d’Arc : « De Jésus-Christ et de l’Église, il m’est avis que c’est tout un ».
En ce jour où de par le monde des milliers de baptisés reçoivent le sacrement de Confirmation – et c’est un motif de joie pour l’Église aujourd’hui en France, mais pas seulement en France, de constater que les personnes qui demandent à recevoir le Baptême, le sacrement de Confirmation sont de plus en plus nombreuses. Par exemple, hier soir, à la Vigile de Pentecôte à la cathédrale d’Aix en Provence, 115 adultes ont reçu le sacrement de Confirmation ! – Et nous allons dans un instant, renouveler les promesses de notre Baptême, comme nous l’avons déjà fait durant la Vigile pascale. À la question du célébrant : « Croyez-vous en l’Esprit Saint ? », nous répondrons « Oui, je crois ».
Et en même temps, frères et sœurs, nous supplierons l’Esprit Saint de nous renouveler dans notre être chrétien afin d’agir toujours davantage dans la mouvance du Saint Esprit.
Pour achever, nous pouvons faire nôtre cette prière à l’Esprit Saint que le Pape Saint Jean-Paul II avait appris sur les genoux de son père. Il a perdu sa mère très jeune étant enfant, et cette prière à l’Esprit Saint, saint Jean-Paul II la récitait tous les jours :
« Esprit Saint, je Te demande le don de la Sagesse, pour une meilleure compréhension, de Toi et de Tes divines Perfections.
Je Te demande le don de l’Intelligence, pour une meilleure compréhension de l’Esprit des Mystères de la sainte Foi.
Donne-moi le don de Science, pour que je sache orienter ma vie selon les principes de cette Foi.
Donne-moi le don de Conseil, afin qu’en toute chose je puisse chercher conseil auprès de Toi et le trouver toujours auprès de Toi.
Donne-moi le don de Force pour qu’aucune peur ou considération terrestre ne puisse m’arracher à Toi.
Donne-moi le don de Piété, afin que je puisse toujours servir ta Majesté divine avec amour filial.
Donne-moi le don de Crainte de Dieu pour qu’aucune peur ou considération terrestre ne puisse m’arracher à Toi. Ainsi soit-il. »
Ô mon Dieu qu’il en soit ainsi pour chacun de nous. Amen. Alléluia.