Chers frères et sœurs

Nous voici en chemin dans le temps de l’Avent, c’est à la fois un temps d’attente, d’espérance, et un temps de mémoire. Avent veut dire ‘avènement’. Dieu advient à notre monde, à nos vies, et nous advenons à la vie de Dieu.

La liturgie de l’Église nous pose ainsi un temps dans l’année pour raviver notre mémoire de la présence de Dieu et pour appeler sa manifestation. Les lectures de ce jour sonnent comme un réveil : l’heure est déjà venue de sortir de votre sommeil, nous dit l’apôtre Paul. Le salut est tout proche. Veillez donc, nous dit Jésus, car il peut surgir comme un voleur au cœur de la nuit. Beaucoup de choses assoupissent en nous cette mémoire de Dieu, les besoins du quotidien, les soucis de la vie, les divertissements etc., on en oublie que nous sommes en route vers la montagne du Seigneur, comme le dit si bien le prophète Isaïe, vers la maison de Dieu, là où la parole du Seigneur et sa présence sont source de vie.

Le temps de l’Avent nous invite à faire mémoire de cette présence de Dieu à nos vies, présence qui nous précède, qui nous habite et qui nous appelle. Cette présence de vie est à l’œuvre au quotidien, elle nous entraîne dans le beau combat de la foi, qui se livre, non avec des missiles mais avec les armes de la lumière : le jour de Dieu est tout proche, rejetons les œuvres des ténèbres, revêtons-nous des armes de la lumière, nous dit l’apôtre Paul. Revêtons le Christ, comme nous l’avons été au jour de notre baptême, même si de façon pas consciente quand nous sommes baptisés petits, mais Dieu s’y est engagé. Éveillons-nous à cette vie en Christ dans laquelle nous sommes plongés, il nous fait aussi naître à nous-même dans le regard de Dieu.

Les trois grandes manifestations de Dieu qui animent notre foi et notre vie de chrétien sont : la venue du Verbe de Dieu dans la chair, qui englobe la naissance du Christ, sa vie, sa mort et sa résurrection ; la deuxième sera sa venue glorieuse d’auprès du Père lorsqu’il viendra accomplir toute justice ; et la troisième manifestation, comme l’ont si bien développée nos pères cisterciens, est sa venue permanente en nos vies par le don de l’Esprit-Saint, « la venue intermédiaire » disait Saint Bernard. Faire mémoire c’est éveiller à nouveau notre désir de Dieu, car dans ce désir se trouve le sens profond de notre vie humaine.

Le prophète Isaïe nous parle d’un désir, d’un élan, d’un éveil. Ça sonne comme un rêve, un rêve de paix, là où tous ensemble ne font plus qu’un, dans une réconciliation avec Dieu et entre les hommes. Une paix que nous aimerions voir de nos yeux, paix en terre sainte, paix en Ukraine, paix sur tous les points meurtris de la terre : de leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre. Ce rêve ne se réalise que si le Prince de la Paix, Conseiller merveilleux, Dieu fort, règne sur nos cœurs, illumine nos esprits. C’est à cet éveil que la liturgie nous exhorte, à ce désir, car le véritable chemin de paix passe par notre constante conversion.

Le chemin que le Christ a tracé est le chemin de l’humilité, de l’amour pour l’humanité, ce ne sont pas de vains mots, de simples concepts, derrière cela il y a le refus de domination, le refus de l’égoïsme et de l’indifférence, il y a la sollicitude pour l’humanité blessée. Nous éveiller à la mémoire de Dieu, c’est aussi nous éveiller au soin de la fraternité blessée.

Le temps de l’Avent est là pour nous aider à renouer avec l’amitié de Dieu au cœur de nos histoires, pour refaire mémoire de sa proximité, à mettre en œuvre ses enseignements et pour nous faire désirer sa pleine manifestation : Ouvrons les yeux à la lumière divine, tendons l’oreille de notre cœur à ses enseignements… « qu’il nous mène tous ensemble à la vie éternelle » comme l’écrit St Benoît dans sa Règle.

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