Chers frères et sœurs

Le récit assez surprenant de ce fait miraculeux se situe dans le cadre de la montée de Jésus vers Jérusalem chez Saint Luc. Cette longue section présente le mystère du Salut déjà amorcé et à l’œuvre dans les nombreux actes du ministère publique du Christ. Nous voyons en ce dimanche, dix lépreux venir à la rencontre de ce Jésus dont ils ont entendu parler comme d’un Prophète réalisant beaucoup de miracles, montrant par-là qu’ils ont reconnus en Lui, la « divine puissance à l’œuvre » qui Le fait entrevoir comme le Messie sauveur.

Les voilà donc qu’ils s’arrêtent à distance comme le prescrit la Loi, à cause de leur infirmité contagieuse. Ils font entendre leur commune supplication devant Celui qu’ils dénomment déjà comme leur « Maitre » pour qu’Il les « prenne en pitié gracieusement ». Ayant vu leur misère et perçu leur foi, Jésus leur commande pareillement à distance, qu’ils aillent se montrer aux prêtres du Temple comme le demande la Loi. N’est-Il-pas venu de fait pour guérir les malades de corps et d’esprit, d’après quelques-uns des prophètes ? Ainsi nous constatons que Jésus respecte bien ici les recommandations de la Loi, et ne cherche nullement à les enfreindre.

Les lépreux obéissent à l’injonction, ils font confiance à ce maître qui ne saurait faillir en son intention de bienveillance déjà tant reconnue en Galilée. Leur « foi commune » les fait guérir ensemble sans discrimination, mais l’un d’eux s’apercevant qu’il a été guéri en chemin, retourne aussitôt vers Jésus pour le remercier et rendre gloire à Dieu, à pleine voix est-il précisé, il se prosterne et plein de gratitude, il adore Dieu dans le Christ, Lui, la source de son Salut.

N’est-il pas normal, heureux et libérateur de rendre grâce à Dieu pour de telles faveurs ? Or celui qui revient seul était un Samaritain, c’est-à-dire un étranger, un infidèle même ; Jésus demande alors : « Est-ce que les neuf autres n’ont-ils pas été guéris ? » … Certainement, ils l’ont été, mais ils étaient de ces juifs plus attachés au Temple qu’à Dieu même, ou de ces chrétiens qui plus tard se contentent de satisfaire aux prescriptions légales, sans la ferveur du véritable amour : cette charité à laquelle Dieu nous donne de participer afin d’être transformés librement en hommes nouveaux presque divins, en son Fils mort et ressuscité par les « énergies » de son Esprit !

Malgré notre peu de piété, nous ressentons le poids qu’est l’absence de gratitude envers le cœur de Dieu, nous le ressentons à la façon d’une déception, d’une humiliation supplémentaire, car le pardon est accordé sans remerciement, estimé sans valeur ! Quelle désinvolture de la part de ces neuf Juifs guéris d’une si lourde maladie, à l’égard de Celui qui est l’auteur de la Loi, Celui dont toute créature détient l’existence et a révélé qu’Il est notre Salut !

C’est le grand drame du peuple élu qui n’a pas su reconnaitre l’Envoyé divin. La connaissance de la Loi à elle seule en effet, depuis l’Incarnation, ne saurait suffire … il faut encore reconnaître dans le Christ, l’Auteur de cette Loi, Celui qui la vivifie, en lui octroyant sa vertu propre parce que foncièrement Il vient l’accomplir dans sa chair totalement.

Nul ne peut se satisfaire dorénavant d’un légalisme donnant bonne conscience ! Pour nous aussi, le seul titre honorifique de « chrétien » aujourd’hui ne saurait à lui seul, assurer une carte d’entrée dans le Royaume et collaborer à son avènement.

Ainsi comme ce lépreux Samaritain que Jésus a guéri, il nous faut savoir dans la déréliction ou la détresse, appeler au secours, nous retourner, revenir à Lui, le Seigneur qui nous offre le Salut ; nous prosterner devant sa croix fortifiante et le révérer ; s’efforcer de faire de notre vie une permanente action de grâce ; et par là rendre gloire à Dieu le Père.

Amen !

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