Chers frères et sœurs,

Heureuse ! Bienheureuse celle qui a cru ! Oui, toutes les générations la diront bienheureuse.

C’est bien l’achèvement de tout un chemin de foi, l’achèvement d’une vie de foi, que nous célébrons aujourd’hui dans la glorification de Marie, la Mère de Jésus, glorification totale en son âme et en son corps.

Si le centre le plus profond de Marie est son humilité c’est qu’elle a été modelée par l’Amour du Père pour l’humanité. Elle s’est rendue pleinement obéissante à l’action de l’Esprit Saint. Elle a accepté que le Verbe divin trouve sa place en elle, en son corps, en son cœur, en sa foi.

C’est cette humilité qui rapproche Marie du Ciel.

Autant l’orgueil détruit tout, éloigne de Dieu et fait souffrir l’humanité, autant l’humilité de Marie rend la beauté à notre humanité et en exprime ce qu’elle en a de meilleur, le désir profond de la paix véritable, celle que seul le Christ nous donnera en plénitude.

Cette humilité qui fait que Marie vivait de plein pied dans son humanité. Les Évangiles nous en disent peu de choses, mais suffisamment pour deviner la stature de cette jeune fille de Nazareth. Marie est une éveillée, son esprit est tourné vers la Sagesse de Dieu, elle cherche à comprendre le sens de sa vie, de sa vocation. Elle se laisse enseigner et guider par la mission de son Fils, par le Verbe divin, qui par elle, est entré dans notre monde. L’humilité de Marie la situe de façon juste dans sa relation à Dieu, avec l’audace aussi que lui donne sa compassion pour ses frères et sœurs en humanité, comme aux Noces de Cana où elle implorera son Fils Jésus de manifester sa mission et sa gloire. Cette mission, Marie l’accompagnera en contemplant la vie de son Fils ; parfois de façon inquiète, elle l’accompagnera jusque dans la douleur au pied de la croix, mais debout dans la force de l’espérance et de la foi, blessée, douloureuse, mais aimante, dans une confiance dont elle ne sera pas déçue.

Bienheureuse celle qui a cru !

Non, aujourd’hui nous ne vénérons pas une nouvelle déesse, perchée sur un croissant de lune, mais nous vénérons celle qui a cru, qui a médité les paroles et les gestes de Jésus, celle qui a exalté le Seigneur de tout son être, qui a exulté en Dieu son Sauveur.

La fête de ce jour alimente notre espérance théologale, cette espérance dont nous avons tant besoin pour ne pas tomber dans le piège de la désespérance de nos impuissances ou de nos fausses puissances. En Marie, glorifiée en son âme et en son corps, en qui rayonne la plénitude de l’acte rédempteur du Christ, nous contemplons la pleine réalisation de la vocation humaine à laquelle nous sommes tous prédestinés.

 

Oui, en Marie l’image du Fils est magnifiquement reproduite et la vocation maternelle de Marie la met au service de l’enfantement et de la croissance de cette image en nous, la met au service de cette révélation des fils de Dieu à laquelle toute la création aspire, comme le dit si bien St Paul : « La création en attente aspire à la révélation des fils de Dieu : nous le savons en effet, toute la création jusqu’à ce jour gémit en travail d’enfantement ».

Cet enfantement dans la douleur que nous décrit l’Apocalypse et qui symbolise, en premier lieu, l’Église mettant au monde le corps du Christ que nous sommes par le baptême et l’annonce de l’Évangile. Humanité rachetée par la mort et la résurrection du Christ, humanité qui reçoit les prémices de l’Esprit Saint, pour participer à la victoire du Christ.

Marie est l’image accomplie de cette Église, de cette humanité rachetée. Elle fait briller notre foi et notre espérance. Marie nous entraîne sur le chemin du beau combat de la foi, cette lutte spirituelle qui nous fait désirer les choses d’en haut, là où se trouve le Christ, désir qui nous élève et par lequel nous acquérons notre vraie liberté, celle des enfants de Dieu.

Comme la Sagesse au carrefour des chemins, Marie se tient là pour nous indiquer le chemin du « bonheur », pas le bonheur éphémère : « Toutes les générations me diront bienheureuse ». Marie ne garde pas pour elle son bonheur, car il n’est de véritable bonheur que partagé, et il n’est de véritable connaissance de Dieu que dans son amour universel au service de tous ceux que Dieu aime.

Marie ne peut posséder Jésus comme fils, que si elle reconnaît en lui « le frère aîné d’une multitude de frères ». Si par moments Jésus semble lui échapper, au cours de son chemin de foi elle nous l’offre : « Femme voici ton fils », dira Jésus à sa Mère du haut de sa croix, en désignant son disciple.

Oui, Marie nous apprend à conjuguer en vérité, l’amour des réalités d’en haut et l’amour de notre condition terrestre. À conjuguer en vérité l’Amour de Dieu et l’Amour de nos frères et sœurs en humanité.

Oui, bienheureuse Celle qui a cru, et bienheureux ceux qui ont cru, qui croient, et qui croiront ! Le royaume de Cieux est à eux.

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