Frères et sœurs bien-aimés, la liturgie de l’Église de ce septième dimanche du Temps Pascal nous introduit dans la prière appelée : prière sacerdotale du Christ Jésus.
Jésus vient d’instituer l’Eucharistie.
Il a prié avec ses disciples, il leur a livré ce qu’il voulait transmettre au nom du Père : sa propre vie, et s’adresse à son Père avant d’entrer dans sa passion douloureuse, rédemptrice, avant de descendre aux enfers, et de ressusciter, de nous entraîner dans la gloire céleste. C’est à ce moment-là que Jésus s’adresse à son Père. Il se dévoile ; il révèle une partie de sa prière comme il l’a fait selon l’évangile de saint Mathieu quand il dit : « Père je te rend grâce, toutes ces choses tu les as révélées aux petits et tu les as cachées aux sages » – pseudos sages de ce monde – et c’est là où Jésus dit : « Apprenez de moi que je suis doux et humble de cœur ». C’est la symétrie dans l’évangile de saint Jean : de cette révélation de la prière du Seigneur, de son lien unique avec le Père.
Jésus est vraiment Dieu et il est vraiment homme.
En tant que Dieu dans sa Personne divine il est égal de toute éternité – rappelant que l’éternité n’est pas une succession de temps qui n’en finirait pas mais qui est une plénitude d’être ; l’éternité n’est pas dans le temps, transcende le temps et c’est cette plénitude d’être qui permet de rentrer dans une plénitude de vie.
De toute éternité il est égal au Père et à l’Esprit Saint.
En tant qu’homme il a voulu être inférieur au Père dans son humanité Sainte ; et c’est dans cette démarche qu’il prie en tant qu’homme se tournant vers son Père pour nous ramener à Lui.
Jésus a prié pour nous.
Nous pouvons être réconfortés ce matin en disant « Jésus me portait dans sa prière à ce moment-là ». Cette prière nous rejoint parce que la succession apostolique, l’annonce de l’Évangile, la mission de l’Église nous annonce le Christ mort et ressuscité ; Il vient nous vivifier aujourd’hui. Ce n’est pas une histoire ancienne, Jésus est vivant.
Jésus se qualifie comme l’Envoyé du Père, l’envoyé c’est à dire « l’apôtre », le mot apôtre voulant dire « envoyé » ; il est l’apôtre du Père, l’unique apôtre on pourrait dire. Cet Envoyé nous révèle qui est le Père. Non seulement il nous le révèle mais il nous le communique et il nous introduit dans sa propre vie. Jésus est en quelque sorte le pivot central. De manière plus biblique et théologique, il est l’unique médiateur entre Dieu et les hommes et entre les hommes et Dieu … l’unique médiateur, il n’y en a pas d’autre ! Jésus nous introduit donc dans la vie du Père qu’il porte en lui-même, et il introduit cette vie divine dans notre propre âme : c’est ce qui fait vivre l’Église. L’Église est la communion de ceux et celles qui vivent de cette Vie trinitaire, qui vivent de la Vie de Jésus.
Oui Jésus est le médiateur, l’unique médiateur entre Dieu et les hommes ; il nous communique cette vie.
Ce passage qui est la finale du chapitre 17 nous révèle que le Seigneur nous communique sa gloire, comme le rappelle saint Basile le Grand : cette gloire c’est l’Esprit Saint ; il nous communique l’Esprit Saint pour vivre de la Vie du Père.
Jésus est le premier Paraclet, le premier Défenseur, le premier Avocat on pourrait dire, Celui qui est à côté de nous et qui nous défend. Il nous communique son Esprit Saint qui est le Consolateur, l’autre Paraclet. Nous avons deux défenseurs (deux gardes du corps si j’ose dire), le Seigneur est là et nous entoure sans cesse ; Il nous défend.
Le Paraclet est plus qu’un avocat : il est celui qui protège continuellement, qui défend continuellement et pas simplement dans la plaidoirie. Oui le Seigneur est Un avec le Père et l’Esprit Saint dans sa divinité ; dans son humanité, il nous ressaisit personnellement et communautairement pour nous introduire dans cette Vie du Père dans l’Esprit Saint.
Mais il le fait aussi en tant que grand Prêtre de la nouvelle Alliance. Dans l’Église il y a un seul Prêtre qui est le Christ Jésus ; il n’y a pas d’autres prêtres. Ceux qui sont prêtres (comme celui qui vous parle !) … c’est une participation au ministère du Christ dans son Être de grand Prêtre, dans le caractère ministériel de son Être. Tous les baptisés hommes et femmes sont prêtres et exercent le sacerdoce commun des fidèles mais, certains sont appelés à une ordination, à une grâce particulière, pour servir leurs frères et sœurs, pour être moyen, pour être sacrement de cette Vie trinitaire, la communiquer au Nom du Seigneur. Les prêtres, les évêques sont là comme prêtres, serviteurs, ministres en tant que « Christ, tête de l’Église ».
Le Seigneur Jésus prie pour nous, il agit en tant que grand Prêtre.
Nous le voyons dans la première Lecture de ce jour, qui nous manifeste, nous révèle le grand prêtre Etienne (le protomartyr, le premier des martyrs) qui voit Jésus – il est en train d’être lapidé parce qu’il a dit la vérité – Etienne est lapidé, il va mourir mais il voit Jésus debout à la droite du Père. Etienne est conformé à la vie de Jésus : ce que Jésus a dit dans sa passion envers son Père, Etienne le dit envers Jésus : « Seigneur reçoit mon esprit, Seigneur pardonne-leur ce péché (de me tuer) ». Etienne voit le Seigneur ; le Seigneur est debout, c’est une façon symbolique de parler … le Seigneur est debout, c’est-à-dire Il se tient en tant que grand Prêtre, grand intercesseur, Il prie pour Etienne, Il protège Etienne et Il l’attend.
Nous avons cette manifestation dans la deuxième Lecture, tirée du livre de l’Apocalypse (la finale de l’Apocalypse), où nous ne le voyons plus de manière individuelle comme pour Etienne, mais de manière collective pour toute l’Église à la fin des Temps.
Cette fin des Temps est déjà présente.
Les Temps sont terminés depuis la mort et la résurrection du Christ. Les Temps sont accomplis et nous vivons dans la puissance de l’Esprit Saint – on devrait vivre selon la puissance de l’Esprit Saint – pour attendre le retour glorieux du Christ. Le chrétien n’attend qu’une chose : le retour en gloire de Jésus et la fin du monde ! C’est notre foi catholique, ce qu’on va proclamer tout à l’heure dans le Credo, le Symbole de Nicée Constantinople : le Christ est assis à la droite du Père, nous attendons son retour dans la gloire, son Esprit nous donne la vie … et Il vient transfigurer, transformer ce monde, pour lui donner enfin le « pourquoi » il a été créé, le sens du monde.
Ainsi donc nous voyons Jésus se manifester comme grand Prêtre, comme Prêtre dans ce chapitre 17 de saint Jean, mais nous le voyons révélé à la fois au niveau individuel dans le martyre d’Etienne qui voit Jésus, et de manière collective communautaire, universelle, quand l’Église-Épouse, l’Épouse de l’Apocalypse, l’Épouse dit au Seigneur : « Viens ! » ; c’est ce cri qui jaillit constamment de l’Église : « Viens Seigneur ! ». Il vient dans la vie sacramentelle, Il vient dans la vie du monde, même si notre monde par moments est chaotique !
Mais le Seigneur est toujours là. Le Bien sera toujours supérieur au Mal.
Les nouvelles, les médias qui ont toutes leurs valeurs et leurs grâces, mais communiquent souvent tout ce qui va mal – on ne parle jamais de tout ce qui va bien. Même dans les choses qui vont mal : les gens qui se sacrifient : là, on n’en parle pas, ou si peu ! Et donc on est saturé de désespérance, de mauvaises nouvelles … non, le Bien est toujours supérieur au Mal.
Le Seigneur grand Prêtre de la nouvelle Alliance est là, Il intercède pour ce monde qu’il aime.
Donc pour nous en ce jour, dans cette célébration eucharistique dominicale, laissons-nous saisir à frais nouveaux par cette Présence du Christ Jésus, notre grand Prêtre qui, sans cesse comme pour Étienne, est présent, nous protège, nous soutient ; marchons en ce jour, ressaisis, revigorés dans notre espérance et notre confiance pour avancer dans la paix sur le chemin de la Vie. Amen !