Les fouilles ont commencé dans l’abbatiale afin de retrouver les vestiges de l’escalier d’origine des matines.

Avec beaucoup d’émotion, l’histoire se révèle à nous : affleurant à la surface, un massif imposant daté de la construction de l’abbaye apparaît d’abord. L’évacuation du remblai permet d’en dévoiler les contours, de dégager une esquisse d’appareillage : logé entre les maçonneries du mur sud du transept et une terre compactée, l’ouvrage a été astucieusement bloqué. Sa fonction ? Accueillir la voûte de l’escalier et en supporter la charge.

La terre battue du 12ème siècle, foulée par les compagnons bâtisseurs, sa couleur sombre délicatement teintée du blanc de la chaux du chantier est là, sous nos yeux.

Creusons encore et découvrons le début des fondations du mur sud. Celles-ci tranchent avec le soin apporté à la taille des parements et à une arase en pierre fine. La découverte de poteries dans le remblai donne une indication précieuse : le comblement remonterait au 17ème siècle.

Encore un peu plus profond. De nouvelles maçonneries se dévoilent et offrent une nouvelle lecture : il n’y aurait pas eu un mais des escaliers.

Les fouilles se poursuivent mais déjà se dessine un début de compréhension : lors de la première campagne de travaux, les bâtisseurs de Sénanque ont creusé une tranchée afin d’y loger les fondations du mur sud. Dans un second temps, mais assez rapproché malgré tout de l’élévation du mur, ils creusent une fosse pour loger le massif qui supporte la charge de l’escalier des matines.

Pour une raison qui nous échappe, au 17ème siècle, l’escalier d’origine semble avoir été détruit, la fosse du 12ème comblée et un nouvel escalier bâti sur un appareillage différent.

La poursuite des fouilles nous permettra certainement d’en apprendre encore sur ces escaliers aujourd’hui disparus !

© Py Rinquin – Abbaye ND de Sénanque