Homélie du Sacré-Cœur de Jésus

Vendredi 28 juin 2019 – Année C

Par le Frère Jean-Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

Frères et sœurs bien aimés, quel bonheur d’être aimés ! D’être aimés par le Seigneur Jésus !

C’est le motif qui nous fait célébrer cette fête ; c’est cet Amour du Christ pour nous. Cet Amour du Christ pour l’Église, pour l’humanité. Le bonheur d’être aimés et le bonheur d’être sauvés.

Et nous sommes appelés, donc, à vivre d’une manière concrète et cohérente dans l’action de grâce. D’être des gens joyeux ! Non pas joyeux parce que tout va bien dans notre vie et dans le monde, mais joyeux parce que nous sommes aimés de manière inconditionnelle et infinie par le Christ, quoi qu’il arrive.

Et donc nous sommes – je dirais – obligés d’être heureux, d’être dans le bonheur ! Mais c’est une obligation qui vient de l’Être même de Dieu, de l’être même de notre existence humaine, du Don de Dieu dans l’être. Et de cet Amour qui nous rend heureux, qui nous béatifie

Mais ce bonheur objectif et cette action de grâce qui s’appuient sur des réalités visibles et invisibles… et bien nous sommes invités à le vivre dans le présent et la réalité de cet Amour de Dieu. Cet Amour n’est pas un Amour éthéré, qui est au-dessus de nos têtes… c‘est un Amour qui nous rejoint… qui nous rejoint dans le Cœur du Christ. Le Christ nous aime d’un Amour divin mais aussi d’un Amour humain… on pourrait dire ‘divino-humain : puisque l’unique Personne du Verbe est divine, et à travers son humanité Sainte, unie au Verbe de Dieu.

Cet Amour nous touche à travers l’humanité Sainte du Christ et vient directement de Dieu, et, jaillit du Cœur du Père par le Fils dans l’Esprit-Saint.

Et nous sommes appelés à recevoir aujourd’hui, et à chaque instant de notre vie, cet Amour de miséricorde pour notre propre péché et pour les péchés du monde entier. Nous sommes appelés à prier pour tous nos frères, pécheurs, tous ceux qui sont loin de Dieu, volontairement loin de Dieu, détachés de Lui. Tous ceux qui sont indifférents, froids… même s’il fait très chaud à l’extérieur ! Il y a des gens qui ont l’âme glacée !

Nous sommes invités à prier pour eux et à demander au Seigneur qu’à notre tour nous ne devenions pas des gens glacés… ou du moins tièdes… ce qui est parfois plus redoutable.

Mais nous sommes appelés, en cette fête, à participer à la rédemption du monde !

Certes ! Il y a un seul Sauveur, le Christ Jésus ! Et nous n’ajoutons rien au Salut ! Le Salut est accompli, pleinement réalisé par le Christ… et donné gratuitement ! Le salut est absolument gratuit ! Ce qui est difficile à comprendre pour nous, qui sommes dans un monde où tout s’achète et tout se vend !

Mais le Salut est absolument gratuit et donné de manière inconditionnelle. Il suffit de s’ouvrir à cet Amour de miséricorde, de reconnaître sa pauvreté, son péché, et de se convertir.

Mais par la volonté du Christ, Jésus même, nous appelle à être unis à Lui pour la rédemption du monde. Il n’y a pas de contradiction entre la plénitude du Salut accompli par le Christ – on n’a rien à ajouter ou à enlever – et le fait que Jésus nous appelle à participer au Salut ! Par grâce Dieu nous a créés ! Par grâce Il nous a sauvés ! Et par grâce, Il nous appelle à participer au Salut.

L’Amour met à égalité. Si au niveau de l’être nous serons toujours avec une distance infinie par rapport au Créateur…il n’en est pas de la même chose pour l’Amour. Le Seigneur nous appelle à être au même niveau que Lui. À l’aimer comme Il s’aime ! À rentrer dans son propre Amour éternel. C’est la folie de l’Amour de Dieu ! C’est la folie de la révélation judéo-chrétienne.

Alors comment participer à ce Salut du monde ?

Et bien, tout d’abord, premièrement, en vivant tout par Amour et dans l’Amour. C’est l’Amour qui donne la qualité des actes que nous posons.

Donc vivre dans l’Amour.

Deuxièmement, en offrant, volontairement et consciemment, toutes les grandes et petites choses du quotidien. En les offrant !

En fait, les joies, les réussites, les bonheurs de chaque jour.

Les surprises agréables mais aussi les surprises désagréables.

Les contradictions, les échecs, les agacements…les épines de chaque jour.

Les tentations, parfois humiliantes, et même notre péché. Bien sûr, il ne faut pas pécher ! Mais de l’offrir au Seigneur dans sa miséricorde, de tout offrir. Rien ne doit échapper à Dieu !

-St Jérôme, un père de l’Église qui vivait au IVème siècle, qui est mort en 420, début du Vème siècle, un homme fervent, et qui vivait à Bethléem les dernières années de sa vie, disait à Jésus : « J’ai tout donné ! ».

Et Jésus lui dit « Il y a quelque chose que tu ne m’as pas donné. ». Alors Jérôme recherchait, il ne comprenait pas… et Jésus lui dit « Tu ne m’as pas donné ton péché. » –

Et donc, de donner son péché.

Recevoir la miséricorde mais aussi offrir ce qui est négatif dans notre vie.

Tout offrir au Christ, uni dans sa Passion !

Afin que par Lui, Jésus, et en Lui, tout soit offert au Père dans le Saint Esprit. C’est le sacerdoce baptismal !

Tous les membres de l’Église sont prêtres ! Hommes ou femmes ! Nous sommes tous prêtres !

Alors certains sont prêtres, ont reçu le sacerdoce ministériel pour agir sacramentellement au Nom du Christ… représenter le Christ, tête de l’Église. Mais tout le Corps, et chacun des membres, a le sacerdoce baptismal ; et est invité à vivre ce sacerdoce en offrant sa vie, en offrant tous les détails de sa vie ; en offrant le monde entier, l’humanité ; en vivant ce sacerdoce. Ce n’est pas secondaire.

Et ça éviterait bien des polémiques stériles !

Troisième élément : comment vivre cette rédemption ?

Et bien : être heureux et paisible dans l’accueil de ce qui nous fait souffrir… ce qui est parfois un peu délicat. Mais être heureux et paisible dans cet accueil de toutes nos souffrances : qu’elles soient physiques, morales, spirituelles, affectives, etc.

Et avec St Paul nous pourrons dire : « Nous complétons, en notre chair, les souffrances qui manquent au Christ pour son Corps qui est l’Église. »

C’est-à-dire les souffrances que je dois offrir !

C’est pas qu’il manque quelque chose aux souffrances du Christ… c’est : « il manque cette part d’amour que je peux donner, et que je suis seul à pouvoir donner ». Chacun et chacune d’entre nous.

Et que Dieu ne prendra pas ! Dieu ne prend pas. Dieu n’est pas violent. C’est nous qui sommes violents… qui voulons imposer les choses, exiger les choses ; et si on n’obéit pas…on n’est pas content !

Et bien : d’offrir par amour au Seigneur, nos souffrances… voilà ce qui manque aux souffrances du Christ !

Puisque nous appartenons à son Corps, il ne manque rien à la tête. C’est nous, les membres de son Corps, qui devons dans le temps et l’histoire, l’espace, offrir ce que nous sommes, ce que nous faisons, et les souffrances, ce que nous vivons, pour participer pleinement à ce qui manque des souffrances pour son Corps qui est l’Église.

Alors que Dieu nous donne cette lumière, cette force, cette persévérance, pour vivre cela dans la paix et la joie. Car, frères et sœurs, chacun et chacune d’entre nous, travaillons pour l’éternité.

Historique de nos Homélies

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