Homélie du Dimanche 8 août 2021 – 19ème Semaine du Temps Ordinaire – Année B

Par le Frère Jean Marie

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur. Le style oral a été conservé.

 

Frères et sœurs bien aimés,

lorsqu’un athlète, un sportif, se prépare aux jeux olympiques, se prépare aux grandes épreuves sportives, il met en œuvre une ascèse, c’est-à-dire une discipline de vie ; et notamment au niveau alimentaire, une alimentation nourrissante, équilibrée, riche, afin d’avoir l’énergie intérieure nécessaire, musculaire, pour affronter l’épreuve et si possible, gagner une médaille ; du moins, être performant.

Lorsque nous nous servons d’un véhicule, d’une machine, nous mettons du carburant ou du moins, une forme d’énergie, électrique ou de l’eau ou du vent, qui permet à la machine, au véhicule, de fonctionner. Et sans cette source d’énergie, le véhicule ou la machine, reste inerte. Tout cela est de l’ordre du bon sens, du sens commun.

Il en va de même pour la vie de notre âme. Si nous ne nourrissons pas notre âme, elle restera desséchée, comme vide, sans relation avec Dieu et sans doute sans relation avec les autres.

Nous avons besoin d’une nourriture ; nourrir notre corps, ce qui parait évident mais aussi nourrir notre âme avec une nourriture équilibrée, riche, qui nous donne la force nécessaire pour vivre pleinement notre vie d’homme et de femme, pour vivre à plein régime notre vie de baptisé. Mais il n’y a pas d’opposition entre la vie humaine et la vie chrétienne.

Une vie chrétienne est une vie humaine pleinement réussie !

Nous sommes donc invités, aujourd’hui, à accueillir la Parole de Jésus qui se définit lui-même comme le pain vivant ou le pain de la vie.

Dans ce mystère qui décrit le Mystère de l’eucharistie où Jésus est présent dans la célébration eucharistique, mais aussi dans les Saintes Espèces tant qu’elles durent, Jésus est là pour venir nous nourrir. Nourrir notre âme et nous nourrir aussi dans l’adoration du Saint Sacrement afin de puiser dans la Présence de Jésus-Hostie, la lumière, la force, la persévérance, le dynamisme nécessaire, pour vivre en tant qu’homme, en tant que femme ; pour vivre en tant que chrétien, dans une foi adulte qui répond aux exigences de l’amour de Dieu et de notre engagement baptismal.

Oui ! Jésus est vraiment le pain de vie qui vient à nous pour nous nourrir et pour nous donner sa propre vie.

Nous voyons de manière anticipée dans le premier Livre des Rois, le prophète Élie, le grand prophète que nous avons vu il y a quelques jours à la Transfiguration avec Moïse. Élie : un homme d’exception avec une mission exceptionnelle.

Élie n’a plus le moral. Il est arrivé à l’apogée de son ministère prophétique. Il a supprimé les prophètes de Baal, c’est-à-dire les idolâtres.

Et il ramène le peuple de Dieu vers son Dieu ; le peuple d’Israël vers l’adoration du Dieu unique. Il a réussi sa mission, il l’a accomplie. Mais voilà que la reine Jézabel veut le supprimer. Pas forcément directement – parce qu’elle aurait pu employer des moyens plus efficaces – mais elle veut l’éloigner, le chasser. Et Élie se retrouve dans un moment d’esseulement, un peu de découragement ; il laisse son serviteur, il part au sud d’Israël dans le désert.

Et là, il est pris par un mouvement de découragement, d’acédie. Le Seigneur le réconforte ; Il lui demande de se relever. Les verbes employés sont très importants. Élie est allongé à l’ombre d’un genêt. Le Seigneur lui dit « lève-toi, mange ; part ». Élie passe d’une certaine forme de mort, une forme de peur, de sommeil : il y a un bon sommeil nécessaire qui refait nos forces mais il y a un sommeil de mort, celui-ci, celui de Jonas au fond de la cale du bateau qui fuit la volonté de Dieu. Élie est ressaisi par l’Ange du Seigneur qui lui dit « lève-toi ! » ; « mange cette galette et cette eau mystérieuse »… « Mange ! »

Et tu auras la force de traverser, de revenir, là où Dieu t’attend, de passer ces quarante jours, ces quarante nuits (qui sont toute sa vie, en fait, sa vie spirituelle), qui sont comme ressaisies pour accomplir la volonté de Dieu.

Le Seigneur est toujours devant nous ! Il nous appelle toujours à un dépassement, et nous avons souvent la fâcheuse habitude de regarder en arrière. Dieu n’est pas en arrière ! Il est toujours devant ! Il nous appelle à la vie, sur le chemin de la vie. Pas à l’ombre de la mort, pas à l’ombre des morts, pas à un passé ou un passéisme triste, chagrin, toujours dans le regret et l’amertume… mais devant, dans la vie, la dynamique, vers la plénitude de la lumière resplendissante comme un soleil.

Donc, Élie va reprendre ce chemin ; il va marcher pour arriver à l’Horeb, le Sinaï (c’est le même mot dans la Bible, c’est le même lieu) ; et là il va faire la rencontre de Dieu ; Dieu va lui donner une nouvelle mission pour sacrer roi le nouveau roi d’Israël, le nouveau roi de Syrie, et son successeur comme prophète, Élisée.

Il en va de même pour nous, aujourd’hui, frères et sœurs. Nous sommes appelés à recevoir le pain de la vie, c’est-à-dire Jésus – quand nous recevons l’Eucharistie, prenons toujours conscience avec quel respect, avec quel amour, nous recevons Dieu en nous : Jésus, vrai Dieu et vrai homme.

Nous sommes là pour le recevoir ; Il vient nous donner sa vie éternelle qui est déjà présente. L’éternité ce n’est pas pour demain, c’est pour aujourd’hui. Nous aurons la plénitude de l’éternité plus tard, qui n’est pas une succession de temps mais une plénitude d’être.

Et ce Pain de vie nous est toujours offert, toujours proposé. Alors, pourquoi si souvent nous sommes indifférents, tièdes, oublieux de la Présence de Jésus dans l’Eucharistie ? Si peu entrains, rentrés dans une église pour adorer Jésus, qui est présent dans tous les tabernacles du monde, et si délaissé. Pourquoi ne pas l’accueillir avec ferveur, avec foi ?

Oui ! Nous sommes appelés à accueillir Jésus, dans notre vie, qui s’offre à nous. Quand Jésus dit « j’ai soif ! » sur la croix, Il a soif de notre réponse d’amour.

L’apôtre Paul, dans la deuxième Lecture, nous appelle à vivre dans l’amour. Plus exactement, Paul dit : « Marchez dans l’Agapè » (le mot agapè n’est pas l’amour en général ! C’est le propre de l’amour chrétien : l’amour trinitaire). Paul nous appelle à marcher. Nous sommes toujours en marche, ce n’est jamais fini !

Nous aimerions que notre vie soit comme un grand concours : on réussirait… puis on serait installé…et on attendrait tout simplement l’arrivée au paradis, dans un salon bien confortable !

Il n’en est pas ainsi ! Comme le prophète Élie, nous sommes appelés à aller d’étape en étape dans notre vie ; dans la vie humaine et dans la vie spirituelle ; ce n’est jamais fini.

Comme le disait un grand Père de la Cappadoce, la Turquie actuelle, Grégoire de Nysse, nous sommes invités à aller « par des commencements qui n’ont jamais de fins ». Le Seigneur nous appelle toujours à un dépassement mais chaque dépassement est une plénitude ; comme Dieu est infini, nous ne pouvons pas nous arrêter à un stade. Le Seigneur nous appelle à aller plus loin, comme Il a appelé Pierre, Jacques et Jean, à ne pas mettre trois tentes sur le Mont Thabor, mais à redescendre pour toujours avancer et proclamer l’Évangile.

En étant unis à Jésus dans le sacrement de l’eucharistie, en le recevant tous les Dimanches, le Jour du Seigneur, en ayant cette relation d’amour avec Lui, nous pourrons alors transformer notre vie.

C’est pas notre volonté, nos grandes idées, qui transforment notre vie… c’est notre lien avec Jésus. Si nous sommes unis à Jésus, notre vie sera transfigurée.

Sinon, nous resterons derrière la vitre à nous contempler !

Nous trouvons notre force pour changer, pour nous convertir, dans la mesure où nous sommes unis au Seigneur Jésus et unis dans le sacrement de l’eucharistie.

Jésus nous dit : « Celui qui ne mange pas mon corps et ne boit pas mon sang, n’a pas la vie éternelle en lui ! » ; « Celui qui mange ma chair et boit mon sang, a la vie éternelle ; et moi je le ressusciterai ».

Évidemment, nous sommes invités à recevoir Jésus avec une âme préparée… et pas dans un bourbier.

Nous sommes appelés à changer. Mais c’est dans la mesure où nous serons unis à Jésus que nous pourrons vraiment changer et être témoins de Jésus ; avoir une vie authentiquement chrétienne avec nos faiblesses, nos pauvretés, notre péché, mais pas une attitude d’attachement au péché.

On est tous pécheurs ! Mais c’est une chose d’être pécheurs et c’est autre chose d’être tordu et pervers.

Nous sommes appelés à avoir une vie authentique et cela dépend de notre lien à la Personne de Jésus ; et la Personne de Jésus cachée dans le Mystère de l’eucharistie.

Demandons au Seigneur, dans cette Eucharistie, les uns pour les autres, pour toute l’Église et pour toute l’humanité, de développer ce lien en nous et de pouvoir ainsi témoigner du Seigneur Jésus et accomplir la mission qu’il nous confie aujourd’hui et demain, pour nos frères et l’humanité.

Amen !

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