Homélie du Dimanche 7 Juillet 2019

14ème dimanche du temps ordinaire – Année C

Par le Frère Jean

Le texte de cette homélie n’a pas été relu par le prédicateur – Le style oral a été conservé

 

« Guérissez les malades et dites-leur : le Règne de Dieu s’est approché de vous »

Chers frères et sœurs, que peut bien signifier cette expression « le Royaume de Dieu s’est approché de vous » ? Ou « le Règne de Dieu – qui signifie la même chose – s’est approché de vous » ?

Pour les Pères de l’Église, cette expression « Royaume de Dieu » revêt trois acceptions :

Le Royaume de Dieu, c’est d’abord le Christ lui-même.

Le Royaume de Dieu, frères et sœurs, c’est une Personne ! Si bien que là où est le Christ, là est le Royaume ! On comprend dès lors, cette demande que nous exprimons dans le « Notre Père » :

« Que ton règne vienne »

Que cet appel concerne l’avènement de Jésus en toutes les âmes. Nous demandons à Dieu, que le Christ Jésus advienne dans le cœur de tout homme. Dès aujourd’hui ! Et là où est le Christ, là est le Royaume ! Le jour où le Pape émérite, Benoit XVI, a annoncé devant un parterre de cardinaux qu’en raison de son âge, il renonçait à sa charge de successeur de Pierre, le Pape Benoit XVI a cité un auteur qui lui est cher : Romano Guardini, grand théologien du XXème siècle, qui écrivait, il y a maintenant un siècle :

« Un évènement d’une portée incomparable a débuté. L’Église s’éveille dans les âmes. »

Il voulait dire par là, que l’Église n’était pas seulement vécue et ressentie comme un système, comme une forme d’autorité pénétrant dans nos vies. Et que l’Église commençait à être ressentie dans le cœur même des gens, comme une réalité qui n’était pas seulement extérieure, mais une réalité qui pouvait nous toucher de l’intérieur.

Reprenant, il y a quelques mois, cette phrase de Guardini, le Pape Benoit XVI écrivait, au crépuscule de sa vie, cette parole dans sa lettre d’il y a quelque mois sur les abus sexuels. Je le cite : « Près d’un siècle plus tard, après cette réflexion de Guardini, j’ai été tenté d’inverser la phrase : « l’Église aujourd’hui se meurt dans les âmes ».

Mais le Pape Benoit XVI n’en restait pas sur cette expression pessimiste. Il poursuivait : « Malgré les péchés et le mal de l’Église, il y a de nos jours la Sainte Église qui est indestructible ; aujourd’hui aussi, Dieu a des témoins (c’est-à-dire des martyrs) dans le monde. Il nous faut juste être attentifs pour les voir et les entendre »

La deuxième acception du Royaume de Dieu, entendue par les Pères, est sa dimension, qu’on pourrait appeler, idéaliste ou mystique. Le Royaume de Dieu est établi dans l’intérieur de l’homme. Le lieu du Royaume de Dieu, c’est l’intériorité de l’homme. Si bien que l’expression « le Royaume de Dieu est au milieu de vous » peut aussi bien être traduite par « le Royaume de Dieu est en vous » ou bien « le Royaume de Dieu est proche de vous, est parmi vous ».

Voilà, frères et sœurs, ce dont, à la suite de Jésus, et à cause du commandement qu’il nous en a fait, nous voulons témoigner : que le Royaume de Dieu est déjà présent dans le monde et dans le cœur de tout homme ; en tous ceux qui consentent à l’accueillir en la Personne de Jésus.

La troisième acception du Royaume des cieux, exprimée par les Pères, est celle du lien entre le Royaume de Dieu et l’Église.

Autrement dit : y a-t-il d’un côté, la vie de l’Église, ici-bas ? Et de l’autre, notre entrée dans le Royaume de Dieu après notre mort, et plus encore, lorsqu’Il reviendra dans la gloire à la fin des temps ?

Nous pouvons dire oui et non !

Oui, parce que l’Église Sainte et pècheresse est toujours en chemin. Elle annonce le Royaume.

Elle annonce à la fois sa venue à la fin des temps et sa présence, aujourd’hui, parmi nous dans le monde et de façon toute particulière, dans l’Église.

Et dans l’Église, de façon toute particulière, dans le cœur des âmes, des hommes, des femmes, des enfants, qui ouvrent grand leur cœur à l’Amour des Jésus.

Mais en elle-même, l’Église est déjà présence voilée mais réelle du Royaume des cieux.

L’Église, frères et sœurs, ne peut se relativiser elle-même au point d’apparaitre totalement différente de ce qu’elle annonce. L’Église n’est pas l’échafaudage provisoire du Royaume… Elle est la gardienne d’une espérance en laquelle, elle-même, s’accomplira.

Une des images les plus sûres concernant le lien entre l’Église et le Royaume est, me semble-t-il, de la Fiancée qui prépare ses Noces. Car l’Église est à la fois la Mère, Mater Admirabilis, la Mère vénérée qui veille sur ses enfants. Et à la fois, la Fiancée qui se prépare avec joie à ses Noces.

Les disciples de Jésus, les soixante-douze, dont nous parle l’évangile de ce jour, comme les disciples d’aujourd’hui, tentent de vivre, déjà, dès ici-bas, l’idéal de l’Amour parfait dont Dieu les appelle à témoigner.

Et nous nous trouvons, frères et sœurs, comme les soixante-douze, comme les apôtres, députés pour signifier de façon prophétique, le ‘déjà là’ du Royaume eschatologique, c’est-à-dire de la fin des temps.

Que cette Eucharistie, frères et sœurs, nous conforte, nous affermisse dans notre foi, dans notre joie d’être chrétiens, et nous donne la grâce d’en témoigner avec humilité mais avec assurance.

Amen !

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